Wiki Guy de Rambaud
Advertisement

.

.

.

.

.


                           Mast au Japon

.

.

.

.

.

Charles Mast

Photo du général Mast, adressée en 1947 à sa famille brumathoise : A mon jeune parent de Brumath (© copyright fonds famille Mast, Brumath).

Ama8

Etat des services de Charles Mast.

AMA26

Dédicace de Charles Mast à André Alauzen di Genova, journaliste (© copyright fonds famille Mast, Brumath).

Ama6

Calot du Général Mast[1].

AMA10

Mast et la Général Paul Frédéric Rollet (de la Légion), en 1935.

Charles Emmanuel Mast, né le 7 janvier 1889, à Paris, dans le 11e, et mort le 30 septembre 1977, à Clamart[2], à l'âge de 88 ans.


Charles Mast est ce qu'on appelle à cette époque dans l'armée un beau soldat[3]. Le général d’armée Charles Mast (1889 - 1977), fils d'officier, saint-cyrien, est lieutenant au 2e régiment étranger d'infanterie en Algérie et fait la Campagne du Tonkin (1912 - 1915), puis au 2e régiment de marche du 2e étranger[4], engagé en Champagne dès l'hiver 1914-1915. Nommé capitaine au 48e régiment d'infanterie, Mast laisse à ses subalternes le souvenir d'un homme capable et d'un guerrier[5]. Il est blessé et trois cité au cours de la Grande Guerre [6].

Mast est capitaine à l'état-major du Commandement Supérieur du Territoire d'Alsace (1919 - 1920). Il est admis à l'École supérieure de guerre et en sort breveté d'état-major (1920). Charles fait des stages à l'Etat Major des armées (E.M.A.) et passe un an au Japon où il apprend de japonais. Sa carrière après guerre le fait passer dans divers état-majors de l'armée. Il effectue une importante mission par l'état-major de l'armée au Maroc, auprès de Pétain, et y fait de nombreuses reconnaissances aériennes sur le Rif (été et automne 1925). A son retour il est commandant.

Diplômé de langues orientales[7], Mast devient dans l'armée de terre le spécialiste du Japon. Nous le retrouvons Attaché Militaire au Japon[8], où il fait plusieurs rapports décrivant la montée en puissance de l'impérialisme japonais et les dangers qu'il représente pour l'Indochine française[9].

Général de Brigade en 1940, il se bat avec sa 3e division d'infanterie nord africaine en Champagne et en Lorraine jusqu'au bout. Un commandant de corps âgé, Flavigny (1880 - 1948) le force à se rendre[10].

Prisonnier libéré, il devient Général de Division vichyste en 1941, puis Commandant de la Division de Marche d’Alger et après de la 3e Division Nord-Africaine. Chef d’Etat-Major du 19e CA, Chef de la Division de Marche de Casablanca, il négocie en 1942, les modalités du débarquement allié en Afrique du Nord (Accord Murphy-Giraud) (1942)[11].

Ce général d'armée est en partie à l'origine de la libération de l'Afrique du Nord en 1942. attaché militaire à l'ambassade de France en Chine et conseiller du chef d’état-major général des forces armées chinoises. Il est grièvement blessé en rejoignant les gaullistes combattant en Syrie[12].

A peine remis de sa blessure, De Gaulle le nomme Résident-général de France en Tunisie (1943 - 1947). Il est directeur de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) de 1947 à 1950 et considéré comme l'un des meilleurs spécialistes de la question indochinoise.

Approché officieusement dès 1948 par le ministre de la France d'outre-mer, Coste-Floret, pour remplacer Bollaert, le général Mast déclare, au mois de janvier 1950, qu'il s'est juste contenté de demander l'avis à des politiques. En fait les travaux d'enquête mise en place suite au scandale et qui tient sa séance le 31 janvier 1950 révèle bel et bien la volonté du Général Mast d'accéder à la fonction de haut commissaire en Indochine[13].

Il est mis à la retraite d'office le 21 juin 1950 [14].


  • Grand Officier de la Légion d’Honneur,
  • Commandeur de la Legion of Merit,
  • Distinguished Service Order[15],
  • Commandeur de l'Ordre du Trésor sacré (Japon),
  • Croix de guerre 14/18,
  • Médaille coloniale,
  • Grand-Croix de l’Ordre de l’Ouissam Alaouite marocain,
  • Croix de guerre T.O.E. ...[16].

MISSIONS AU JAPON (1927 - 1937)[]

.


Stage dans l'armée japonaise (1927 - 1930)[]

.

AMA31

L’École de guerre impériale en 1874.

AMA36

Gunto Jutsu pas Tameshigiri (= test de découpe avec l'épée militaire) à la Rikugun Dai Gakko.

AMA38-0

Manuel d'instruction des élèves officiers japonais.

Diplômé de l'Ecole nationale des langues orientales (japonais)[17], le commandant Charles Mast est choisi pour faire un stage de longue durée dans l’armée japonaise. Il embarque le 2 juillet 1927 pour Yokohama et y arrive 40 jours après[18].

Au sommet de l'échelle d'instruction militaire au Japon se trouve la Rikugun Dai Gakko (= Ecole Supérieure de Guerre). Après un difficile concours y sont formés les officiers d'état-major. Cours et stages s’étendent sur 3 ans[19].

Charles Mast est là pour collecte de renseignement. Il note dans son rapport de stage qu’entre janvier et juillet 1929, 36 % des cours d’état-major sont interdits aux étrangers. Il note aussi qu’il s’est vu refuser l’accès à un cours sur l’histoire de la guerre en Mandchourie, au prétexte qu’y sont développées des formules stratégiques que les Japonais considèrent comme applicables à une prochaine guerre[20].

Contrairement à une idée généralement reçue à l’époque dans les états-majors occidentaux, Charles Mast estime que le point faible de la doctrine de combat de l’armée japonaise n’est pas sa méconnaissance de l’utilisation du feu, car les enseignements de la Première Guerre mondiale ont été bien assimilés. Il pense plutôt que sa faiblesse structurelle vient de l’incapacité du commandement supérieur à combiner les feux d’artillerie et les mouvements d’infanterie[21].

Pour le reste, Mast, futur attaché militaire, porte le 31 décembre 1929 un jugement sévère sur les cadres de l’armée japonaise :

Leur formation tactique est très largement insuffisante et les officiers ne connaissaient pratiquement pas les armes autres que celle dont ils sont issus. L’École de guerre impériale n’est tout simplement pas un foyer de pensée, ce qu’elle aurait du être[22].

Entre 1927 et 1930, Charles Mast, à l'époque commandant, devient un ami du colonel Eiji Numata (1896 - 1975), futur Attaché militaire au Japon en France de 1939 à 1945.

Lieutenant-colonel (1932)[]

.

AMA43

Le port de Yokohama dans les années 30.

Quand Charles Mast débarque à Cherbourg venant de Yokohama, le 2 février 1930, il ne rejoint pas le 32e régiment d'infanterie. Il ne rejoint le 51e régiment d'infanterie que le 1er juin. Puis on le retrouve en 1932 au 46e régiment d'infanterie.

Charles Mast, fin 1932, prend des cours au Centre d'études tactiques d'artillerie. Il en sort lieutenant-colonel[23].

Charles Mast est nommé attaché militaire auprès de l'ambassade française au Japon. Il embarque à Marseille, le 24 février 1933, pour Yokoama et y arrive 45 jours après[24].

Attaché militaire au Japon (1933 - 1937)[]

.

AMA42

Tokyo, ambassade française.

AMA39

Charles Mast ne voit pas, jusqu'en 1936/37, la formidable puissance de l'armée japonaise et les débuts l’expansionnisme japonais.

AMA41

Affiche de propagande de 1940 commémorant le 2600e anniversaire de la fondation mythique de l'empire par l'empereur Jimmu.

AMA46

Le mythe du samouraï est exploité par les impérialistes japonais qui ne sont pas les romantiques dont parlent Mast.

Le nouvel attaché militaire auprès de l'ambassade française, le lieutenant-colonel Charles Mast, arrive à Tôkyô en janvier 1933[25]. Il constate des difficultés :

L’état-major japonais manifeste depuis plusieurs mois une répugnance très nette à communiquer sur l’armée allemande. De nombreuses ouvertures faites par moi pour inciter le 2e bureau japonais à échanger des renseignements sur l’activité industrielle allemande sont restées sans résultats. Enfin, la demande actuelle se heurte à une fin de non-recevoir[26].

Charles Mast cherche naturellement à pousser plus loin les avantages obtenus par son prédécesseur, en élargissant à l’Allemagne le champ des cibles de ces échanges. Malheureusement pour lui, il semble que les Japonais ne sont pas désireux de se lancer dans une coopération plus approfondie car leur priorité reste l’armée rouge[27].

Malgré cette divergence dans le choix des cibles, ces échanges se poursuivent assez régulièrement jusqu’en 1934. L’attaché militaire Charles Mast peut ainsi obtenir un rapport complet sur l’industrie aéronautique en URSS et la répartition de ses écoles d’aviation, l’ordre de bataille de l’armée rouge en Extrême-Orient, en novembre 1933, un rapport sur le matériel de guerre allemand fabriqué en URSS, ainsi qu’un autre sur la situation des armées communistes en Chine[28].

Toutefois, les mesures de défiance adoptées à l’encontre des attachés militaires étrangers déplaisaient fortement à Mast qui demande à sa hiérarchie de réagir à ces complications en réduisant les facilités accordées à l’attaché militaire japonais à Paris[29].

A l’été 1934, le voyage que fait Mast en Mandchourie est mal accueilli par les autorités japonaises, ce qui achève de convaincre l’attaché militaire de la fin des bons échanges franco-japonais[30].

Charles Mast se remarie le 14 mai 1935, à Yokohama[31].

Le lieutenant-colonel Mast se rend à Formose en novembre 1936 pour y observer l’état de la colonisation japonaise[32].

En 1937, l'ambassadeur de France au Japon et Mme Kammerer donnent, dans la nuit du 1er janvier, une élégante soirée. Les invités assistent à la présentation d'une comédie inédite de M. Ashley Clarke, secrétaire de l'ambassade d'Angleterre, intitulée Paternité. La pièce est interprétée avec beaucoup d'esprit, dans sa version française, puis dans sa version japonaise du genre Kabuki, par MM. Adrien Humbert, Arnaud d'Andurain, James Baeyens, Charles Mast et par l'auteur. Mme Mast exécute ensuite la danse japonaise de l'ombrelle[33].

Le 25 mars 1937, Mast est colonel. Il a déjà 48 ans.

En 1937, Charles Mast estime que le haut commandement japonais a finalement échoué à obtenir l’outil de combat moderne qu’il souhaite. L’armée japonaise n’est pas capable de tenir un front continu contre une armée européenne bien équipée et bien commandée. Le heurt sanglant du Nomohan en 1939, nouvel incident frontalier qui prit des allures de guerre non déclarée avec l’armée rouge d’Extrême-Orient, met en évidence les limites de l’armée impériale face à un adversaire bien organisé[34].

Dans une correspondance de 1937, Mast profite de l’occasion que lui présente la rédaction de son rapport pour tordre le cou au mythe du samouraï dans l’armée impériale, qui est selon lui une légende propagée par des romanciers mal payés ou inconscients. Les valeurs de loyauté et de bravoure ont fini par acquérir un sens déformé chez certains jeunes officiers, et il y a, comme dans toutes les armées, une égale proportion de lâches et de courageux. La troupe japonaise ne semble pas particulièrement passionnée par le folklore passéiste et lui parait dans son ensemble plutôt passive que disciplinée. Charles Mast finit par penser que sans ses cadres, elle ne vaut pas grand-chose[35].

Les attachés militaires français au Japon sont à l’initiative de quelques succès dans l’échange de renseignements avec l’armée japonaise au début des années 1930. Cette situation dure quelques années et est brutalement interrompue lorsque la France fait le choix de se rapprocher de l’Union Soviétique. Les attachés militaires connaissent alors le sort de leurs collègues étrangers et doivent se contenter des nouvelles de presse pour la collecte de renseignement. Dans l’ensemble, leurs analyses paraissent avoir été pertinentes et l’on peut faire crédit à deux d’entre eux, Charles Mast et Thiébaut, d’avoir pressenti les intentions de l’armée japonaise dans les mers du sud. La mise sur pied, en 1937, d’un exercice de défense de l’Union indochinoise, sur la base de la documentation fournie par l’attaché militaire peut être considéré comme un succès des attachés français au Japon durant cette période, ce qui n’est pas mince au niveau d’officiers œuvrant dans un environnement difficile et couvrant une région qui n’apparaissait pas comme une priorité de la politique extérieure française[36].

Menace japonaise sur l'Indochine ?[]

.

Krautheimerj

Charles Mast a un cousin, Jean Krautheimer, qui est gouverneur de l'Indochine française de 1929 à 1934.

AMA40

En 1945, l'Indochine va être est sous le joug impitoyable japonais.

Charles Mast a un cousin proche, Jean Krautheimer, qui est gouverneur de l'Indochine française de 1929 à 1934, subordonné au Gouverneur général Pierre Antoine Marie Pasquier.

En 1933 Mast, Attaché Militaire au Japon, déclare lors d'une conférence à l'Ecole Supérieure de Guerre :

L'armée japonaise est un redoutable adversaire. Aucune autre armée n'a un tel morale et aucune ne possède autant un esprit collectif. Après en avoir fait partie depuis deux ans, je pense qu'elle possède la puissance, les connaissances et les aptitudes pour commencer une campagne dans les vraies conditions de la guerre moderne. Les capacités d'adaptation de cette race compenseront ses erreurs en temps de paix et ses magnifiques soldats retiendront les acquis de leurs instructions et en entraînements, en manœuvrant bien et attaquant avec vigueur[37].

Depuis 1934, Charles Mast envoie régulièrement des rapports sur les réorganisations successives qui ont touché l'armée japonaise et qui l’inquiètent suffisamment pour qu’il envisage toutes les éventualités auxquelles les troupes françaises d’Indochine doivent se préparer[38].

L'armée japonaise est une force largement supérieure aux troupes occidentales présentes dans la région, et elle peut compenser ses faiblesses par sa supériorité numérique et la proximité de ses bases[39].

Néanmoins, l’épuration effectuée parmi les grands chefs après la rébellion du 26 février 1936 l’a privée d’un nombre important d’officiers de valeur. Devant cette désorganisation, Charles Mast pense qu'une résistance contre une agression en Indochine peut même être envisageable à terme, avec l’appui du Royaume-Uni, des Pays-Bas ou des États-Unis[40].

Une affaire d’espionnage militaire en 1936 suscite les inquiétudes de l’état-major des troupes françaises en Indochine. Mast se voit alors demander par ce dernier, au début de l’année 1937, des renseignements opérationnels sur l’armée japonaise, afin de consacrer les exercices de défense prévus dans l’année à un débarquement d’une puissance asiatique hostile[41].

La radicalisation politique de l’armée japonaise[]

.

AMA38

Élèves officiers japonais.

Les attachés français cherchent aussi à connaître les tendances politiques qui traversent l’armée japonaise. Ils relèvent par exemple les signes de sa radicalisation au cours des années 1930[42].

Charles Mast note ainsi en 1934 que la marine et l’armée impériale sont aux mains d’un petit nombre d’exaltés qui imposent leur ligne tandis que les grands chefs suivent l’orientation générale sans protester. Le programme d’action de ces officiers, dont les plus actifs oeuvrent dans l’armée du Kwantung, est alors bien connu. Ils ont voulu que le pays adopte une politique pan-asiatique qui s'appuie sur un renforcement de l’armée et de la marine[43].

La Mandchourie devient une colonie de peuplement agraire et le glacis protecteur de la Corée, à partir de laquelle il est possible de pénétrer le marché chinois. Doctrine qui, au goût de Mast, paraît nettement socialiste au point de vue intérieur et farouchement impérialiste en ce qui concerne les buts extérieurs[44].

Le pacte antikomintern (1936)[]

.

AMA44

Le pacte antikomintern entre les dictateurs fascistes.

Par un télégramme du 8 janvier 1936, Charles Mast signale l’existence probable d’un système d’échange de renseignements et de vues entre les états-majors allemands et japonais.

Le pacte antikomintern est signé. À ce stade, ces échanges ne paraissaient pas encore très importants. Le colonel Ott, homologue allemand avec lequel Mast entretenait d’excellentes relations, avoue à l’attaché français qu’il ne bénéficie pas d’un régime de faveur pour ses visites aux unités et ne possède pas de plus amples renseignements que lui-même sur la situation de l’armée japonaise.

Pour Mast, les relations entre les deux états-majors sont limitées à des échanges de renseignement sur l’armée soviétique[45].

Dans un rapport du 25 novembre 1936, analysant les conséquences de la signature du pacte de Berlin, Mast observe cette fois ci avec plus d’inquiétude l’évolution de la politique extérieure japonaise et envisage sérieusement que Tôkyô puisse se ranger dans le groupe des adversaires éventuels de la France[46].

Le rapprochement franco-soviétique en 1935 et la signature du pacte Antikomintern portent un coup décisif aux échanges franco-japonais.

La menace japonaise sur le sud-est asiatique (1937)[]

.

AMA51

L'empereur Shōwa chevauchant l'étalon Sirayuki lors d'une inspection.

Ama

Carte invasions japonaises.

AMA47

L'armée japonaise va conquérir tout le sud-est asiatique.

Ama0

Soldats japonais dans Batavia.

AMA50

Des prisonniers de la Marche de la mort de Bataan attendant le signal du départ en mai 1942.

En 1937, l’attaché militaire estime qu’une action dans le secteur Indochine –Philippines – Malaisie - Indes néerlandaises ne peut être envisagée que si la marine impériale possède dans les mers de Chine une supériorité sensible sur ses adversaires. De cette manière, les Japonais veulent tenter une opération en Indochine qu’avec des moyens militaires suffisants pour être certains de réussir. En cas de difficultés de l’aviation militaire japonaise, l’aéronavale peut la suppléer un temps et jouer un rôle important dans cette opération.

Charles Mast envisage que l’opération militaire est combinée avec une opération politique visant à fomenter, selon son expression, une insurrection indigène. Les Japonais peuvent être tentés de répéter l’opération qu’ils ont réussie avec Pu-Yi en Mandchourie, en misant sur le prince Cuong-De et protégeant. Mast pense que l’aide immédiate demandée aux Annamites va consister en la destruction des cadres européens dans les corps de troupe, la démoralisation des unités indigènes, la destruction des voies ferrées sur certains points choisis, et l’espionnage au profit des Japonais. Il faut s’attendre en outre à une tentative d’encerclement de la part des Japonais qui débarqueront des divisions en plusieurs points de la côte grâce à leur supériorité navale…

On peut faire crédit à Charles Mast d’avoir pressenti les grands axes de la stratégie japonaise dans les mers du sud, celle qui aboutira notamment à la victoire de Singapour sur les Anglais en 1942. La mise en place d’une telle stratégie n’est pas à la portée d’une puissance militaire moyenne[47].

Jonathan Bertout, dans la Revue historique des armées, et son étude sur Les attachés militaires français au Japon et la collecte de renseignement durant les années 1930 remarque qu'il s'agit là :

... d'une analyse qui vient nuancer les propos tenus quelques années plus tôt par l’attaché militaire sur la faiblesse tactique de l’armée japonaise lorsqu’il n’était encore qu’un officier stagiaire[48].

Par la suite, Charles Mast évoque les mesures qui peuvent être prises en profitant de l’engagement des troupes japonaises en Chine. Le Japon peut être contenu si les Hollandais, par exemple, se joignent aux Franco-britanniques dans une action commune, avec le soutien américain prenant éventuellement la forme d’un blocus. Un compte rendu de renseignement du 2 juin 1938, provenant de l’attaché naval à Londres fournit à Mast les chiffres des importations pétrolifères japonaises, qui s’élèvent à pas moins de 500.000 tonnes depuis le début de l’année 1938. Cela signifie selon lui que le Japon est en train de se constituer des stocks de guerre. La menace d’une attaque japonaise sur l’Indochine était donc prise au sérieux par les attachés militaires à Tôkyô, ainsi que par le commandement des troupes coloniales en Indochine.

Le général Bührer, commandant supérieur des troupes de l’Indochine se félicite, à l’automne 1937, d’avoir pu mettre à jour la documentation de son 2e bureau grâce à la documentation fournie par Charles Mast. Il estime ainsi avoir pu étudier plusieurs hypothèses dans le cadre du plan de défense de l’Union indochinoise sur la base des informations fournies par la mission militaire à Tôkyô. Cet exemple montre que l’absence de liaisons entre les différents SR en Extrême-Orient n’a pas été une fatalité[49].

AMA49

Menace japonaise.

NOTES[]

.

  1. [http://museedesetoiles.fr/portfolio_tag/general-mast/ Musée des Etoiles/Mast.
  2. Archives numérisées de l'état civil de Paris, acte de naissance no 2/724/1889, avec mention marginale du décès.
  3. La guerre d'Indochine - De l'Indochine française aux adieux à Saigon 1940-1956, Ivan Cadeau, Tallandier 2015.
  4. Etat des services de Mast Charles Emmanuel, dossier n° 823, E1 5e série.
  5. La Bretagne à l'épreuve: 1939-1940, Sarre, Flandres-Dunkerque, été 1944, la chevauchée américaine, objectif Brest, Volume 1, Alain Le Grand, Alain Le Berre, Editions Daoulan, 1992.
  6. La guerre d'Indochine - De l'Indochine française aux adieux à Saïgon 1940-1956, Ivan Cadeau, Tallandier 2015.
  7. La guerre d'Indochine - De l'Indochine française aux adieux à Saigon 1940-1956, Ivan Cadeau, Tallandier 2015.
  8. saint-cyrien, de la 92e promotion (1907-10), Mast
  9. La guerre d'Indochine - De l'Indochine française aux adieux à Saïgon 1940-1956, Ivan Cadeau, Tallandier 2015.
  10. Histoire d'une rébellion: 8 novembre 1942, Charles Mast, Le Cercle du nouveau livre d'histoire, 1969.
  11. saint-cyrien, de la 92e promotion (1907-10), Mast
  12. Casque modèle 1931 du Général de Brigade Charles MAST
  13. La guerre d'Indochine - De l'Indochine française aux adieux à Saïgon 1940-1956, Ivan Cadeau, Tallandier 2015.
  14. Etat des services de Mast Charles Emmanuel, dossier n° 823, E1 5e série.
  15. Etat des services de Mast Charles Emmanuel, dossier n° 823, E1 5e série.
  16. Etat des services de Mast Charles Emmanuel, dossier n° 823, E1 5e série.
  17. Qui est qui en France, Volume 11, Jacques Lafitte, Stephen Taylor, J. Lafitte, 1969.
  18. Etat des services de Mast Charles Emmanuel, dossier n° 823, E1 5e série.
  19. Toyama-Ryu Batto-Jutsu
  20. Service historique de la Défense (SHD), Vincennes. 7 N 3337. Rapport de stage du commandant Mast à l’École de Guerre, daté du 31 décembre 1929. Attaché militaire au Japon à l’EMA/2e bureau. Documentation.
  21. SHD/Guerre, 7 N 3337. Mast à EMA/2e bureau. Lettre du 12 novembre 1933 au sujet du rapport de stage du capitaine Moreau. Attaché militaire au Japon. Documentation.
  22. Service historique de la Défense (SHD), Vincennes. 7 N 3337. Rapport de stage du commandant Mast à l’École de Guerre, daté du 31 décembre 1929. Attaché militaire au Japon à l’EMA/2e bureau. Documentation.
  23. Etat des services de Mast Charles Emmanuel, dossier n° 823, E1 5e série.
  24. Etat des services de Mast Charles Emmanuel, dossier n° 823, E1 5e série.
  25. Etat des services de Mast Charles Emmanuel, dossier n° 823, E1 5e série.
  26. Les attachés militaires français au Japon et la collecte de renseignement durant les années 1930
  27. Les attachés militaires français au Japon et la collecte de renseignement durant les années 1930
  28. Les attachés militaires français au Japon et la collecte de renseignement durant les années 1930
  29. Les attachés militaires français au Japon et la collecte de renseignement durant les années 1930
  30. Jonathan Bertout, Les attachés militaires français au Japon, Revue historique des armées, 273 | -1, 83-94.
  31. Etat des services de Mast Charles Emmanuel, dossier n° 823, E1 5e série.
  32. Les attachés militaires français au Japon et la collecte de renseignement durant les années 1930
  33. Figaro : journal non politique de 1937
  34. Les attachés militaires français au Japon et la collecte de renseignement durant les années 1930
  35. Les attachés militaires français au Japon et la collecte de renseignement durant les années 1930
  36. Jonathan Bertout, Les attachés militaires français au Japon, Revue historique des armées, 273 | -1, 83-94.
  37. SHAT 7N 3333, Conférence du Colonel Mast à l'Ecole Supérieure de Guerre, n.d., 1933. Intelligence and Strategy: Selected Essays, Studies in Intelligence, John Ferris, Routledge, 2007.
  38. SHD/Guerre, 7 N 3328. Mast à EMA/2e bureau. Lettre du 27 février 1934 concernant les lignes générales de la réorganisation et la modernisation de l’armée japonaise entreprises depuis 1932. Attaché militaire au Japon. Rapports.
  39. Jonathan Bertout, Les attachés militaires français au Japon, Revue historique des armées, 273 | -1, 83-94.
  40. Les attachés militaires français au Japon et la collecte de renseignement durant les années 1930
  41. SHD/Guerre, 7 N 3334. Mast à EMA/2e bureau. Correspondance du 19 novembre 1936. Attaché militaire au Japon. Documentation.
  42. Jonathan Bertout, Les attachés militaires français au Japon, Revue historique des armées, 273 | -1, 83-94.
  43. Les attachés militaires français au Japon et la collecte de renseignement durant les années 1930
  44. Les attachés militaires français au Japon et la collecte de renseignement durant les années 1930
  45. SHD/Guerre, 7 N 3329. Mast à EMA/2e bureau. Note secrète du 2 mars 1936, sur la situation des relations du Japon avec l’Allemagne et la France. Attaché militaire au Japon. Rapports.
  46. Les attachés militaires français au Japon et la collecte de renseignement durant les années 1930
  47. Jonathan Bertout, Les attachés militaires français au Japon, Revue historique des armées, 273 | -1, 83-94.
  48. Les attachés militaires français au Japon et la collecte de renseignement durant les années 1930
  49. Jonathan Bertout, Les attachés militaires français au Japon, Revue historique des armées, 273 | -1, 83-94.
Advertisement