Wiki Guy de Rambaud
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                                   Alethius

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A468

Noble gallo-romain de Lugdunum.

Alethius est né en 428[1] et décédé en 512[2], peut-être à Charmes-sur-Rhône, dans le Valentinois.


C’est d’une famille insigne de Lugdunum (Lyon), dont les fonctions demeurent imprécises pour les historiens. Alethius est dit correspondant de Paulin de Nole[3]. Ce n'est pas possible. Paulin connaît sa famille et est disciple d'Ausone, mais il est mort en 431 et Alethius né en 427/428. Jeune, ce chrétien est un homme de premier rang et l'éminent conseiller des Grands de Lyon, formule poétique le désignant comme curiale[4].

L'ordo decurionum auquel appartient le décurion Alethius, dans sa jeunesse, est la seconde classe des citoyens, des propriétaires aisés, membres, non du sénat romain, mais de la curie ou corps municipal de leur cité, nous dit Guizot, dans son Histoire de la civilisation en France. Les familles riches qu'elles soient sénatoriales ou équestres monopolisent souvent les rôles dans les cités provinciales (municipes).

Son épitaphe parle des premières années de sa vie qui heureuses et tranquilles[5]. Il veut parler de l'état florissant des Gaules sous le gouvernement d'Aetius (396-454).

En avril 457, le général romain Ægidius, envoyé par l'empereur Majorien, doit reprendre Lugdunum(= Lyon) aux Burgondes. Ceux-ci l'enlèvent à nouveau et en font une capitale de leur royaume en 461, avec Vienne et Genève. Ils conservent leurs lois propres et le terme de Burgondes désigne bientôt les habitants de la région. Les Gallo-romains continuent néanmoins à occuper de hautes fonctions, c'est le cas d'Alethius de Charmes[6].

Sidoine Apollinaire nous montre même que, dès 469, il fait partie des premiers parmi les citoyens de Lyon. Il n'a que 41 ans lors de ces fêtes en honneur de saint Just. Ne se mélangeant pas autres catégories sociales, ils se réunissent auprès du caveau du consul Flavius ​​Afranius Syagrius (334 - 382) Syagrius et se livrent à des jeux. Ils sont peu nombreux : Sidoine Apollinaire, deux femmes de rang clarissime Merola et Procula, Alethius et Syagrius, père de Syagria de Lyon, qui va se marier avec le fils d'Alethius[7].

Le 4 septembre 476 marque la fin de l'Empire romain d'Occident avec l'abdication de l'empereur Romulus Augustule.

Alethius,après avoir exercé dans sa cité les plus hautes fonctions, est élevé au clarissimat, ou dignité sénatoriale. C'est un clarissimus vir, sénateur consulaire de la province lyonnaise. Il est homme de la première classe et éminent conseiller des proceres de Lyon[8].

Des fouilles révèle une occupation romaine peu importante dans ce secteur. Il est vraisemblable qu’habitant Lugdunum(Lyon), il possède une résidence de campagne à Charmes-sur-Rhône, dans le Vivarés (Vivarais).

Ce Consul meurt à l'âge de 90 ans. Son épitaphe parle de sa mort en des temps agités et peut être placée en l'année 512. La mort d'Alethius coïncide avec les guerres sanglantes qui désolent le Vivarais, lorsque, après la bataille de Vouillé (507), les Francs de Clovis enlèvent le Valentinois aux Visigoths, qui s'en emparent de nouveau en 413, sous la conduite de Théodoric le Grand. La date inscrite sur notre sarcophage est bien celle du dernier consulat de Paulus, c'est-à-dire de l'an 512. Conséquemment le règne du prince, dont le nom s'y lit parfois, ne peut être que celui du roi burgonde Gondebaud, qui domine alors sur le Vivarais.


A645

Lugdunum du temps d'Auguste.

Le sarcophage gallo-romain[]

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Alethius

Sarcophage d'Alethius (512).

A644

Cartouche avec épitaphe du sarcophage.

Le sarcophage d’Alethius date du VIe siècle vient d'une hauteur entre Charmes-sur-Rhône et Soyons[9], au bord du plateau des Ménafauries. De Lyon provient vraisemblablement Ce sarcophage d'Alethius est beaucoup plus ancien (de quelque deux ou trois siècles) que son épitaphe [10]. Il est visité par les villageois comme la sépulture d'un saint . Pourtant cette pierre ne porte même pas de marque absolue de christianisme[11].

Signalé au XVIIe siècle, en 1675, le sarcophage est installé au XIXe siècle chez Paul Fisch, qui rédige des ouvrages réservés à un cercle d’amis, mais réédité en 2000 par le CNRS.

Le sarcophage est actuellement placé devant l’hôtel de ville de Charmes. Il est en calcaire blanc, de forme rectangulaire, avec un couvercle à deux pentes et acrotères aux angles et au milieu. La face avant de la cuve porte un cartouche. Dans le cartouche on peut lire une épitaphe qui présente la particularité de former un acrostiche. Le nom n’est pas inscrit ailleurs et les deux dernières lignes donnent la clé de l’énigme : il faut lire chaque initiale de chaque ligne verticalement. Le résultat est : ALETHIUS et l’abréviation CV (clarissimus vir). La pratique de l’acrostiche et des longues épitaphes n’est pas rare à cette époque. A noter cependant que les inscriptions métriques soignées, comme l'épitaphe d'Alethius, bien qu'anciennes portent des A à traverses droites[12].

Texte de l’inscription (CIL XII, 2660) :

AEVI INGENS, GENVS EGREGIVM ATQ(VE) ORDINE PRINCEPS,
LVGVNI PROCERVM NOBILE CONSILIVM,
EXACTO VITAE TRANSCENDIT AD AETHERA CVRSV,
TERRENVM TVMULO DANS, ANIMAM SVPERIS.
HIC PATRIS RELIQUA GENER AC PIA FILIA CVNDVNT,
IGNARA VT NON SINT SAECLA FVTVRA SVI.
VSVRAE LVCIS NATVS MELIORIBVS ANNIS.
SEX LVSTRA EXEGIT NON BREVE TER SPATIVM.
CIVIS QUI FVERIT SIMVL ET QUO NOMINE DICTVS,
VERSIBVS IN PRIMIS, ORDINE, PRODIT APEX.
[CVBA TERRAE REX COS PAVLVINVS] ? [13].

Traduction :

D’un âge considérable, d’une famille insigne, et le premier dans son ordre

noble conseiller des grands de Lyon ayant achevé la course de sa vie, il s’est élevé vers l’éther

donnant au tombeau sa dépouille terrestre, aux cieux, son âme.

En ce lieu, son gendre et sa pieuse fille ensevelissent les restes de leur père

afin que les siècles à venir ne soient pas ignorants de lui.

Né pour jouir de la lumière en des temps meilleurs

il a vécu le long espace de trois fois six lustres.

Quel citoyen il fut, et en même temps quel fut son nom

l’initiale, au début de chaque vers, en suivant leur ordre, le révèle….

Descendance[]

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A456

Syagrius livré à Clovis par Alaric.

Alethius n'a rien à voir avec l'Alethius d'Ausone[14]. Cet autre Alethius est l'arrière-grand-père de notre Alethius Latinus Alethius Alcimus et vit au début du IVe siècle.

Le tombeau est élevé par le gendre et la fille d'Alethius[15], dont nous ignorons les noms. Son fils, Latinus, mari de Syagria de Lyon, est mort depuis longtemps. Cette matrona nobilis (dame noble)[16], lyonnaise, est de la gens Syagrii. Cette famille est célèbre par le dernier résistant romain à Clovis, le père de Syagria, le roi Syagrius[17]. La gens Syagrii a même compté un empereur parmi elle[18]. Dans ses efforts pour pousser le jeune Syagrius, vers 467, dans la carrière des honneurs Sidoine Appolinaire lui rappelle son nom, évocateur de toges consulaires, de chaises curules et de robes de pourpre[19].

Syagria, à la mort de son père s'installe à Lyon chez son frère Gondebaud (455-516), rex Burgundionum et patricius Romanorum. C'est peut-être cette parenté burgonde qui permet à Alethius de devenir le dernier administrateur romain de Lugdumum et de le rester.


On trouve au début de VIIIe siècle la révolte du patrice Alethius de la race royale des Burgondes dans le pagus ultrajuranus[20].

Notes[]

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  1. Recherches sur l'histoire de Lyon du Ve siècle au IXe siècle (450-800), Alfred Coville, A. Picard, 1928.
  2. Revue des sociétés savantes des départements, Volume 1, Éditeur Ministère, 1859.
  3. The Oxford Dictionary of Saints, Oxford Reference Online Premium, David Hugh Farmer, Oxford University Press, 2004.
  4. Lugdunum: Lyon, Collection Galliæ civitates, André Pelletier, Presses Universitaires Lyon, 1999.
  5. Revue des sociétés savantes des départements, Volume 1, Éditeur Ministère, 1859.
  6. Lugdunum Christianum: Lyon du IVe au VIIIe s. : topographie, nécropoles et édifices religieux Volume 69 de Documents d'archéologie française, Jean-François Reynaud, Editions de la Maison des Sciences de l'Homme, 1998.
  7. Lugdunum: Lyon, Collection Galliæ civitates, André Pelletier, Presses Universitaires Lyon, 1999.
  8. Le Diocèse de Lyon, Volume 16 de Histoire des diocèses de France. Nouvelle série, René Fédou, Henri Hours, Bernard de Vrégille, Beauchesne 1983.
  9. Volume 15, Recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule antérieures à la Renaissance carolingienne, Françoise Descombes, Nancy Gauthier, Henri Irénée Marrou, Centre national de la recherche scientifique, 1975.
  10. Études d'archéologie sépulcrale: sarcophages romains et gallo-romains, De l'archéologie à l'histoire, Robert Turcan, De Boccard, 2003.
  11. Inscriptions chrétiennes de la Gaule antérieures au VIIIe siècle: Les sept provinces, Volume 2, Edmond Le Blant, Imprimerie Impériale, 1865.
  12. Volume 15, Recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule antérieures à la Renaissance carolingienne, Françoise Descombes, Nancy Gauthier, Henri Irénée Marrou, Centre national de la recherche scientifique, 1975.
  13. article WP Sarcophage d’Alethius.
  14. Volume 15, Recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule antérieures à la Renaissance carolingienne, Françoise Descombes, Nancy Gauthier, Henri Irénée Marrou, Centre national de la recherche scientifique, 1975.
  15. Recherches sur l'histoire de Lyon du Ve siècle au IXe siècle (450-800), Alfred Coville, A. Picard, 1928.
  16. Francia; Forschungen zur Westeuropaischen Geschichte, Volume 10, Deutsches Historisches Institut (Paris, France), Germany (West). Bundesministerium für Bildung und Wissenschaft W. Fink 1983.
  17. Production, pouvoir et parenté dans le monde méditerranéen de Sumer à nos jours: actes du séminaire, Volume 2, Ecole des hautes études en sciences sociales, Claude-H. Breteau, Nello Zagnoli, U.P.R. 414 du C.N.R.S., Libr. orientaliste P. Geuthner, 1993.
  18. Le Moyen âge: le roi, l'église, les grands, le peuple : 481-1514, Volume 1, L'univers historique, Histoire de la France politique, Philippe Contamine, Oivier Guyotjeannin, Régine Le Jan, Seuil, 2002.
  19. La noblesse de l'Empire romain: les masques et la vertu, Epoques, collection d'histoire, Christophe Badel, Editions Champ Vallon, 2005.
  20. Lugdunum Christianum: Lyon du IVe au VIIIe s. : topographie, nécropoles et édifices religieux Volume 69 de Documents d'archéologie française, Jean-François Reynaud, Editions de la Maison des Sciences de l'Homme, 1998.
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