Wiki Guy de Rambaud
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                               Eudes d'Aquitaine

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Eudes1

Eudes d'Aquitaine.

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Bataille de Toulouse (721).

Acu

Scènes de guerre entre Chrétiens et Sarrasins.

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L’armée islamique à Poitiers, en 732, avec en tête l’émir Abd ar-Rahman (le premier cavalier), marche après avoir mis le feu à l’église Saint-Hilaire le Grand de Poitiers (en arrière plan). Attiré par les richesses de l’abbaye de Saint Martin elle se dirige ensuite vers Tours.

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Eudes d'Aquitaine et Charles Martel.

Eudes d'Aquitaine, Eudon, Odon, appelé aussi Lude, Odoin, Odoie, dit le Grand, troisième duc d'Aquitaine et de Vasconie (688 - 735), Eodo dux Aquitaniorum, est né vers 665, et décédé en 735. Il est enterré au Monastère de Santa María de Alaón.


Fils du deuxième duc d'Aquitaine et de Vasconie (660-après 676), Loup Ier, selon Christian Settipani, Eudes est issu de la noblesse sénatoriale[1]. Il est donc le seul roi d'origines non germaniques de l'Europe occidentale[2]. Le duc Eudes est célèbre dans l'histoire par ses guerres contre les maires du palais, et par celles qu'il a contre les Sarrasins.

Pendant sa jeunesse il agrandit le domaine des duchés d'Aquitaine et de Vasconie. L'an 717, Eudes est reconnu pour souverain d'Aquitaine par le roi Chilpéric II. Peut-on considérer Eudes comme un roi quasi indépendant alors que ce duc est nommé par la royauté franque et que son duché fait partie de l'ensemble mérovingien. Le duc devient princeps, chef autonome, mais son regnum ne peut être considéré comme un royaume indépendant. D'ailleurs lorsque le Liber ponti calis parle des relations entre la papauté et Eudes il nomme non seulement les Aquitains mais les Franci[3].

Eudes ligue avec le roi Chilpéric II contre Charles Martel, mais il est défait l'an 718, selon dom Bouquet, avec Chilpéric, qu'il mène en Aquitaine. L'an 719, ou 720, selon le même savant, il fait un traité avec Charles, et lui livre le roi Chilpéric.

Les Sarrasins ayant fait irruption en Aquitaine, l'an 721, Eudes marche contre eux, et les bat à la Bataille de Toulouse (721).

Eudes ne se trouve pas suffisamment en forces, l'an 730 pour résister à Munuza, général de ces infidèles pour l'émir Abdérame, et gouverneur de Catalogne, qui menace d'envahir ses états. Il est contraint d'acheter la paix de ce barbare en lui donnant en mariage Lampégie, sa fille. Munuza ne possède pas longtemps cette épouse. L'an 730, Abd ar-Rahman, instruit d'une révolte qu'il prépare, vient l'attaquer avec toutes ses forces. Othman, l'année suivante, se précipite du haut d'un rocher. La princesse Lampagie tombe entre les mains de Abd ar-Rahman, qui l'envoie à Damas pour entrer dans le sérail du calife.

Ce wali fait dans les Gaules une irruption qui est la quatrième, entre dans la Gascogne, force Bordeaux qu'il livre au pillage, passe la Dordogne, et gagne la Bataille de Bordeaux (732) contre le duc Eudes. Isidore de Bejà parle d'un grand carnage. Abd ar-Rahman poursuit sa chevauchée victorieuse, vient en brûlant, pillant, saccageant tout, jusqu'aux portes de Poitiers. Eudes doit appeler à son aide les Carolingiens ; alors avec l'entrée en Aquitaine de Charles Martel, c'en est fait du royaume d'Aquitaine[4].

Charles Martel arrête les Arabes et les défait à la Bataille de Poitiers (732). Abdérame périt dans la bataille. La réconciliation, dit D. Vaissète, qui se fit avant la bataille de Poitiers, entre Eudes et Charles Martel, fut sans doute sincère et de bonne foi, et nous ne voyons pas qu'elle ait été altérée pendant le reste de leur vie.

Le duc Eudes meurt en 735, laissant de sa femme Valtrude, fille du duc Walchigise, trois fils, Hunald, ou Hunold, qui est duc d'Aquitaine ou de Toulouse après son père, Hatton, à qui le Poitou échoit en partage, et Rémistan.

Vaissette, en son temps, fait découvrir le vrai Eudes à ses lecteurs. Jusqu'à son siècle le duc est considéré comme un aventurier, qui a profilé des troubles du royaume pour obtenir l'indépendance de l'Aquitaine.

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Principales grandes expéditions musulmanes de l'autre côté des Pyrénées.

INCERTITUDES SUR SES ORIGINES[]

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Une fausse charte[]

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Charibert de Toulouse, grand-père de Boggis.

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Saint Hubert.

La Charte d'Alaon compilée, parait-il, le 21 janvier de l'année 845, à Compiègne, nous dit que sa généalogie est  :

Boggis, duc d'Aquitaine (626-688) est un Mérovingien, duc d'Aquitaine à partir de la mort de son père[5] Chilpéric d'Aquitaine en 632 jusqu'à sa mort[6]. Boggis-Bertrand est le père de Saint Hubert d'Ardennes (657-727) et d'Eudes d'Aquitaine. La charte de Charles II "le Chauve", datée du 30 janvier 845 cite Eudonis Aquitanie ducis et fratris sui Imitarii et eorum genitori Boggiso duci" and specifies that the territory of Duke Eudes consisted of "pago Tolosano, Cadurcensi, Pictaviensis, Agennensis, Arelatensi, Sanctonensi et Petragoricensi.

Saint Hubert d'Ardennes (657-727) est évêque de Tongres et de Maastricht. Il est également le saint patron de la ville de Liège. Hubert est issu de la haute aristocratie franque. Apparenté aux Pépinides, contemporain de Pépin de Herstal, son nom en fait un probable membre non situé de la famille des Hugobertides, à laquelle appartient Plectrude, l'épouse de Pépin de Herstal. Louis XIV le voit descendant de Clotaire Ier. Sa mère s’appelle Hugberne ou Afre[7]. Il est du temps de sa jeunesse comte du palais passionné de chasse. Vers 682, Hubert épouse Floribanne, fille de Dagobert, comte de Louvain. Leur fils, Floribert devient plus tard évêque de Liège. Sa femme étant morte en donnant naissance à leur fils, Hubert se retire de la cour, dans les forêts des Ardennes, et ne se livre plus qu'à la chasse...

Des hypothèses plus récentes[]

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Généalogie de Loup de Vasconie, selon Settipani

Toutes ces données généalogiques ne sont pas forcément exactes. Michel Dillange, dans son étude sur Les comtes de Poitou, ducs d'Aquitaine : 778-1204, le voit fils de Loup Ier et d’origines vasconnes[8]. Mais pour Christian Settipani, La Noblesse du Midi Carolingien, le prénom de Loup est porté par plusieurs seigneurs et évêques du nord de la Gaule, et montre une origine plutôt champenoise et, au-delà, issue de la noblesse sénatoriale[9]. Les ancêtres de Loup de Vasconie seraient des évêques d'origines gallo-romaines. Le fait que l'un de ses petits-fils est prénommé Loup semble confirmer sa parenté avec ce Lupus[10], deuxième duc d'Aquitaine et de Vasconie (660-après 676).

Voir article détaillé : D'Æmilius de Laon à Eudes d'Aquitaine

LUTTES CONTRE LES FRANCS[]

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Le précédent Duc d'Aquitaine et de Vasconie, son père ?[]

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Le grand-oncle d'Eudes, saint Loup, évêque de Limoges.

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Martyre saint Léger en 677.

Nous ne savons pas grand chose du deuxième duc d'Aquitaine et de Vasconie (672-après 676), Loup Ier, qui est peut-être le père d'Eudes à part les recherches en parties onomastiques de Settipani et celles de la Foundation for Medieval Genealogy.

Le duché se compose de l'ancienne Novempopulana, qui comprend les vallées de la Garonne et de l'Adour, habitée par les ancêtres des Gascons, et la région pyrénéenne habitée Vaskonii (ancêtres des Basques). La frontière est du duché de Vasconie c'est la Septimanie. Il va des Pyrénées à la Saintonge et à l'Angoumois, mais fait partie du royaume wisigoth. C'est une Aquitaine qui se dit romaine et chrétienne face aux barbares[11].

Après avoir accepté la présence des Wisigoths installés comme fédérés en 418 au service de Rome, les Aquitains se révoltent contre eux sous le règne d'Euric et découvrent en quelque sorte leur originalité. Face aux Barbares, l'Aquitaine est la terre de la continuité romaine et de la foi catholique[12]. Loup est possessionné personnellement au nord de la Loire, principalement dans l'Orléanais. Selon Settipani, il est l'arrière-petit-fils du quatrième Duc de Champagne, Jean (550 - après 600), fils du Duc Loup de Champagne. Il est le neveu de l'évêque Loup de Limoges (ca 600 - 637), vénéré comme un saint par plusieurs confessions chrétiennes[13].

Les textes de Miracula Martialis nous disent qu'Ebroinus, comes palatii, maior domus Francorum regni (658/681]) puer unus… Lupus se rebelle contre Felicem… patricium ex urbe Tholosanensium qui et principatum super omnes civitates usque montes Pireneos, super gentem…Wascorum, et lui succède après sa mort[14]. Loup Ier est considéré comme un puer (= protégé) de Félix[15], qui lui délègue la Gascogne. Il devient un adversaire d'Ébroïn, et donc ennemi de Félix. Lupus prend le contrôle sur le sud de l'Aquitaine et s'impose dans le nord à la mort de l'ancien Duc[16].

Loup est élu Duc par les Vascons, & par les peuples voisins, du temps d'Ebroin Maire du Palais. La dignité de Duc estoit desia establie par l'autorité des Rois de France, & attachée au Gouuernement de la Vasconie, qui estoit limité aux cinq Cités[17]. La Historia Wambæ Regis rapporte que unum a ducibus Franciæ…Lupum attaque Béziers pendant la rébellion de Paul en Septimanie, en 672. Un manuscript de l'Eglise d'Albi, daté de 674, cite Lupone ducequi[18]. D’après les Miracula Martialis, il combat aux côtés de saint Léger contre le maire du palais Ébroïn. Mais son parti est défait et Garin, le frère de saint Léger est exécuté. Loup accueille leurs partisans, rescapés de la défaite. Il continue la lutte, mais est grièvement blessé à Limoges en 676. Son sort après cette date reste inconnu, mais il n’est pas certain qu’il soit mort à cette date.

Conquêtes[]

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Abt

Duché d'Aquitaine et Vasconie (710 - 740).

Quoique fort jeune alors, Eudes augmente rapidement l'étendue de ses possessions. Son père possède déjà la Vasconie et le duché de Toulouse. On ne sait pas quand Eudes est devenu duc, après 676... Il est le seul roi d'origines non germaniques de l'Europe occidentale.

Eudes, Duc d'Aquitaine et Vasconie, tente de s'opposer, sauf durant l'invasion sarrasine de 713, aux Francs barbares de Charles Martel.

Eudes d'Aquitaine y ajoute le pays de Bourges, l'Arvernie, le Velay, le Limousin, le Rouergue, le Gévaudan, l'Uzège, en un mot toute l'Aquitaine orientale jusqu'à la Loire. Au delà de ce fleuve, il occupe cette portion de la Neustrie appelée depuis province du Nivernais. Enfin, sur la rive gauche du bas Rhône, la partie occidentale de la Provence, la Provence arlésienne, et probablement aussi sur la rive droite le territoire nommé plus tard Vivarais. Presque tous ces pays, Eudes les enlève par la force aux rois d'Austrasie et de Neustrie (de 687 à 715). Il a moins de bonheur contre les rois wisigoths, auxquels il tente d'arracher la Septimanie (688)[19].

L'Aquitaine est riche comme jadis l'Aquitaine romaine. Son état compte une dizaine de millions d'habitants, de nombreuses grandes villes et son agriculture est prospère[20]. Outre les terres cultivées, il ne faut oublier les mines d'or, les routes, les échanges commerciaux et culturels[21].

Guerres contre Charles Martel[]

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L'alliance avec les Neustriens[]

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Eudes d'Aquitaine.

Eudes d'Aquitaine est le descendant de Gallo-Romains devenus ducs et dignitaires de l'Eglise. En 715, il prend le titre de Aquitaniae Princeps.

Le royaume de Neustrie du roi Chilpéric II se voit aidé par le maire du palais Rainfroy, que les Austrasiens accusent de prétendre au trône avec le qualificatif de tyrannus. Charles Martel bat Rainfroy à Vinchy le 21 mars 717[22], malgré son alliance avec les Frisons païens.

Le maire du palais de Neustrie, Rainfroy, envoie une ambassade auprès d’Eudes pour obtenir son alliance contre Charles Martel. Il lui offre le royaume et des dons[23].

Eudes est donc reconnu officiellement roi d’Aquitaine par le roi de Neustrie[24]. Il porte les insignes de la royauté, notamment les bracelets d'or, l'anneau royal qui scelle les actes officiels, sur sa tête un cercle d'or, un diadème. Il se sent Romain, donc supérieur aux Francs. Il est le plus grand défenseur de l'Eglise et est, selon Settipani, d'une famille de prélats. Pour lui les Francs sont des barbares païens qui viennent d'être convertis[25].

Cependant, la force militaire manque au Gallo-Romain du sud-est, ce qui va permettre à Charles Martel de leur retirer leur indépendance très rapidement[26]. À la manière de Dagobert Ier, vice-roi d'Austrasie, Judicaël, duc ou roi des Bretons, de Chramn et de Caribert II, nommés tous deux rois d’Aquitaine, il y a une tradition franque du vice-royaume (= Unterköningtum)[27].

Lorsque Chilpéric II et Rainfroy (Ragenfeld) accordent un Royaume et des dons à Eudes, ils ne livrent pas le royaume de Neustrie à Eudes mais paient une alliance par la reconnaissance du vice-royaume d’Aquitaine et la scelle par un échange de dons[28], selon un cérémonial rigoureusement identique à celui qui règle la rencontre entre Judicaël et Dagobert Ier[29]. Ils la donnent contre une reconnaissance de son indépendance et le titre de roi[30]. Eudes se reconnaît soumis à Chilpéric II car il n’entre pas en relation avec le roi d’Austrasie et refuse d’obéir au maire du palais Austrasien. Juridiquement, le vice-roi d’Aquitaine est légitimement reconnu comme seigneur-roi domnus princeps[31].

Défaite (718) et traité de paix (720)[]

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Charles Martel entrant à Paris.

Chilpéric II de Francie et Eudes de Gascogne sont battus à la bataille de Soissons, le 14 octobre 718, et à Orléans. Charles Martel entre triomphalement à Paris. Il rassemble l'Austrasie et la Neustrie.

Eudes accueille Chilpéric II de Francie à Toulouse, mais refuse de reprendre la lutte contre les Francs.

En 719 Charles Martel entame des pourparlers avec Eudes. Il envoie à Toulouse l'archevêque de Reims Milon de Trèves. Les négociations durent longtemps. En 720/721 Eudes accepte de livrer à Charles le roi Chilpéric II, avec le trésor royal. Du fait de ce traité Charles Martel reconnaît le duc Eudes souverain indépendant d'Aquitaine. La menace des Infidèles musulmans incite Eudes à négocier avec les Francs.

LA LUTTE CONTRE LES MUSULMANS[]

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Bataille de Toulouse[]

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La fin d'un monde.

La Bataille de Toulouse se déroule en deux parties. Al-Samh assiège la ville, dans l’attente qu’elle tombe. Mais les renforts apportés par Eudes d'Aquitaine déclenchent la Bataille du Plateau, désigné par les chroniqueurs arabes comme la chaussée des martyrs. Malgré la faiblesse des sources, on peut penser que l’armée arabes se compose d’environ 3.500 hommes, et que l’armée levée par Eudes est d’environ 4.000 hommes. L'armée des Francs d'Aquitaine est faible et formé de Vascons[32].

Le siège[]

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Guerriers musulmans au début du VIIIe siècle.

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Siège d'une ville par les musulmans.

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Combat d’un chevalier chrétien (à gauche) et d’un cavalier sarrasin (à droite). Fresque de la seconde moitié du XIIer siècle conservée au château comtal de Carcassonne).

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Siège de Carcassonne à la même époque.


Dès que Al-Samh a réussi à compléter l'organisation politique et militaire des territoires conquis, il s'avance vers la Garonne par les belles campagnes de la vallée de l'Aude. Il attaque Toulouse, car le Duc Eudes n'est pas là. Il avance en attaquant, brûlant et pillant tout sur son passage. Son armée est composée de l'infanterie, des cavaliers, des mercenaires, dont des frondeurs gascons. Il a des machines de guerre et de siège.

Arrivé devant Toulouse, Al-Samh fait amener de force des milliers de pauvres bougres pour les transformer en animaux de bât et en terrassiers. Les Sarrasins creusent des tranchées pour l'assaut contre la ville. Le matériel de siège fut disposé aux endroits stratégiques. Toute cette panoplie d'armes de jet a fait des dégâts considérables parmi la population toulousaine. Mais la ville tient bon.

Dans un siège, l'avantage est à l'assiégé selon l'état, la hauteur et l'épaisseur des remparts. Le principal atout des toulousains est que leur ville possède encore ses fortifications gallo-romaines. Cette enceinte enferme 90 hectares de terrain. Les toulousains possèdent à l'intérieur de leurs remparts, des jardins potagers et des terrains de cultures, notamment autour des monastères. Ceci leur permit de ne pas souffrir trop tôt de la famine sur laquelle les musulmans comptent pour avoir rapidement raison d'une ville. Enfin, il faut mentionner surtout la vaillance et le courage des Toulousains, endurant dégâts et morts ; prêts au dernier sacrifice pour sauver la ville de l'occupation et du pillage arabe.

Les Toulousains ne peuvent cependant plus défendre la ville des kilomètres de murailles et les tours. Ils sont décimés par les frondeurs dés qu'ils paraissaient sur leurs remparts. Les maures vont gagner la bataille. Al-Samh est arrivé à Toulouse en mars 721, mais le 9 juin Eudes d'Aquitaine vient au secours des assiégés.

Comme les Austrasiens sont engagés avec Charles Martel dans une guerre contre les Saxons, c'est en Neustrie et en Bourgogne qu'Eudes trouve des renforts pour son armée. Trois mois plus tard, il revient briser le siège de Toulouse, sur le point de se rendre. Eudes d'Aquitaine a rassemblé ses bandes, et arrive à la défense de Toulouse avec une armée de 7.000 hommes. Le nombre de ses hommes est tel que la poussière que soulèvent leurs pas obscurcit le ciel, dit l'auteur arabe de qui nous empruntons ce récit. A la vue de tant d'ennemis, les Musulmans semblent hésiter, mais Al-Samh leur dit :

Ne craignez point cette multitude : si Dieu est avec nous, qui sera contre nous ?

Le 9 juin 722[]

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Bataille de Toulouse (721).

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Emplacement de la bataille de Toulouse (721).

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Bataille contre les Sarrasins au début du VIIIe siècle.

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L’armée Omeyyade à cette époque.

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Prisonniers Sarrasins (cathédrale d'Oloron Sainte Marie).

Eudes d'Aquitaine surprend ses ennemis. L'armée d'al-Andalus est composée de 5.000 combattants : de l'infanterie, 1.000 cavaliers, de nombreux mercenaires et des servants des engins de siège. Eudes d'Aquitaine envoie 2.000 hommes entourer ses tranchées, et les cribler de jets et de flèches, acculant les Sarrasins entre eux et les remparts. Al-Samh se persuade que c’est là toute l'armée des chrétiens.

Pour se dégager de ces moustiques qui le piquent massivement, et se croyant fort de sa supériorité numérique, il fait une sortie en rase campagne pour briser l'enveloppement de l'armée du Duc d'Aquitaine, avec une grande partie de ses forces. Mais il ne dispose sans doute pas de sa cavalerie. Comme un siège ne nécessite pas d'attaques de cavalerie les chevaux étaient mis au pâturage, autour du camp.

Les troupes d'Eudes n'ont pas connu trois mois de siège. Pour Al-Samh, a heureusement pour les survivants, l'idée de maintenir libre l'ancienne voie romaine, la via Aquitania vers Narbonne (qui va être appelée à cet endroit là par les auteurs arabes la chaussée des Martyrs). C'est aussi son couloir d’approvisionnement. Cela permet de localiser le lieu de la bataille de Toulouse entre les remparts et la plaine immédiate qui s'étend jusqu'à Ramonville-Saint-Agne.

Al-Samh fait sonner la charge. Les deux armées se heurtent avec l'impétuosité des torrents qui se précipitent des montagnes. Elles se joignent et s'entrechoquent bruyamment. La mêlée et le carnage sont horribles.

Al-Samh galope de tous côtés avec la colère du lion. Il anime les siens au combat par son exemple, et ses actions tenant du prodige. Le sang coule le long de son épée, de ses bras et l'inonde. Il pousse son cheval çà et là au milieu des groupes les plus épais de l'ennemi, et il les disperse. Un général qui agit ainsi de sa personne contre toute une armée a peu de chances d'en échapper. Le wali tombe percé de coups de lance. Avancé seul au milieu des rangs ennemis quelques cavaliers chrétiens l'encerclent et le blessent, malgré son intrépidité et sa bravoure.

La perte de leur chef décourage les musulmans. Ils essaient de se rallier et de repousser les hommes d'Aquitaine. Mais ceux-ci arrivent de partout. L'armée arabe cède le terrain au vainqueur, et se retire réduite deux tiers de ses hommes. Vers la fin de la journée du 9 juin 721, Eudes d'Aquitaine et les siens font plier les assiégeants. Alors c'est le massacre généralisé, car il faut à tout prix pour les Sarrasins, faire la trouée vers Narbonne, l'épée à la main. Les combattants d'arrière-garde sont particulièrement meurtriers. Tous les officiers musulmans sont tués au combat. Le wali est grièvement blessé sur le champ de bataille. Mais il n'est pas mort. Il agonise jusqu'à son arrivée à Narbonne.

Le général en second, Abd al-Rahmân, que nous retrouverons à la Bataille de Poitiers (732), fait des prodiges de valeur et rentre en Septimanie couvert de blessures, avec les pauvres débris de l'armée arabe. Il est proclamé wâlî par ses soldats.

Toulouse est sauvée. Al Maqqari (1591-1632), propagandiste islamiste, estime l'armée maure à 300.000 personnes. Les sources chrétiennes parlent d'environ 375.000 soldats morts et blessés contre les Francs et les Aquitains. Le nombre de morts est exagéré, mais les historiens arabes conviennent que la bataille de Toulouse est le premier désastre pour les armées musulmanes en Europe. Les historiens de nos jours ont d'autres chiffres : 3.875 morts arabes, et 1.203 morts chrétiens.

Paul Diacre, moine bénédictin, historien et poète du VIIIe siècle, mentionne la bataille :

Puis, 10 ans plus tard, ils, avec leurs femmes et leurs enfants sont venus et ont envahi la province d'Aquitaine en Gaule, de la remplir. Cependant, Carl, qui, bien qu'il était en désaccord avec le prince d'Aquitaine Eudes, mais encore parlé avec lui pour combattre avec ces Sarrasins. Franks les a attaqués et a tué trois et soixante-quinze mille Sarrasins, tandis que la partie des Francs est mort seulement quinze cents. Aussi, Odo, avec ses hommes, a attaqué leur camp et tué le plus grand nombre et tout pillé.

Selon les historiens, Paul Diacre réunit ici les nouvelles des deux batailles: la bataille de Toulouse, avec la Bataille de Poitiers (732).

Eudes d'Aquitaine est blessé à l’épaule par une flèche qui y reste planté. Il doit la casser pour pouvoir continuer à combattre. Puis c'est un coup de lance qui lui transperce la cuisse. Ses cavaliers poursuivent les fuyards jusqu’au col de Naurouze.

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Campement Omeyyade.

Guerres contre les Arabes (724-726)[]

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Siège de Carcassonne, aux mains des Sarrasins, par les Francs.

Les Maures défont Eudes en 724. En 725, Ambiza, prenant lui-même la direction des opérations, quitte Narbonne, s'empare de Carcassonne et de Nîmes et occupe tout le pays. Eudes de Gascogne barre le passage à Ambiza et le met en déroute. Il l'oblige à s'engager dans la vallée du Rhône. Ambiza ravage la vallée du Rhône : Valence, Vienne et Lyon, et remonte la vallée de la Saône. Il va dans le nord jusqu'à Besançon et Dijon. Le 21 ou le 22 août 725, Ambiza met à sac Autun et brûle la Cathédrale Saint-Nazaire d'Autun. Le monastère de Luxeuil est dévasté.

Ambiza est arrêté à Sens avant de retourner en Espagne avec son butin. En 726, Ambiza lance une nouvelle campagne contre les Francs. Eudes met en déroute une seconde fois Ambiza et le tue.

Mariage de sa fille Lampégie avec Othman (730-731)[]

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Abd ar-Rahman.

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Lampégie d’Aquitaine est envoyée à Damas dans le harem du calife Omeyyade.

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Évocation de la princesse Lampégie d’Aquitaine sur la place de Llívia.

Après cette Bataille de Toulouse (721) Eudes fait des avances au wali Othman car il se trouve un peu trop bordée par les terres conquises par les Arabes (Cerdagne, Narbonne, Septimanie). Munuza Utaman Abu Nâsar commande les troupes arabo-musulmanes de la Cerdagne et dans le voisinage des Pyrénées et choisit Llivia (Medinet-el-bab) comme siège de son pouvoir.

Lampégie, sa fille, est courtisée par Childebrand, frère cadet de Charles Martel mais Eudes, qui veut ouvrir une porte de sa principauté vers la Méditerranée, préfère la marier à Munuzza. Cela renforce encore la haine des Pippinides envers les Mérovingiens d'Aquitaine. En 731, Charles Martel, accuse Eudes de Gascogne d'avoir violé le traité de paix de 720. Il passe la Loire à deux reprises et prend Bourges.

Le duc envoie au Berbère des présents parmi lesquels sa propre fille Lampégie, beauté blonde qui se retrouve dans le harem du païen[33]. C’est à Llívia qu'il épouse Lampégie (désignée aussi sous les noms de Numérance ou Ménine. Uthman ibn Nissa, que les Francs appellent Munuza, est l'un des quatre commandants musulmans à être entré en Hispanie à l'époque de la conquête arabe. Munuza est mécontent car comme Wali l'Al-Andalus en 730 vient d'être nommé Abd ar-Rahman, et pas lui. À la suite des querelles entre Arabes et Berbères qui prennent naissance avec le partage des dépouilles des vaincus, il embrasse le parti berbère et, mécontent, il signe un traité avec Eudes d’Aquitaine.

À la suite de la signature de la trêve, Munuza refuse d’attaquer les Chrétiens tel qu’ordonné par Abd ar-Rahman qui projette alors sa grande expédition en Gaule. Ce dernier ordonne à un de ses généraux arabe, Gedhi-ibn Zehan, de marcher contre Llivia. En 731, ce Wali profite de la rébellion du Berbère pour rassembler une armée énorme.

Munuza est pris au dépourvu et n'est pas prêt à repousser une attaque, et Eudes, qui lutte avec Charles Martel, est incapable de venir en aide à ses alliés. Munuza meurt en essayant de fuir et de gagner les terres du duc d’Aquitaine. Quelques historiens arabes disent qu’il se précipite du haut d’un rocher ; d’autres prétendent qu’il meurt en défendant sa compagne. Finalement à côté de Puigcerda l’ancien wâlî berbère, sa famille, de fidèles domestiques sont égorgés par les troupes Omeyyade. Lampégie est capturée et envoyée à Abd ar-Rahman, qui trouve très belle sa prisonnière, et l'envoie en cadeau à Damas à son Calife Hisham ibn Abd al-Malik, qui ajoute la princesse dans son harem. La tête de Munuza est aussi envoyée à son chef, comme trophée de la victoire.

BATAILLE DE BORDEAUX (732)[]

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Article détaillé : Bataille de Bordeaux (732

BATAILLE DE POITIERS (732)[]

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Avant la bataille[]

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Les Djihadistes arrivent sur le site de Moussais-la-Bataille.

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Un des plans de la bataille.

Charles Martel accourt à la tête d'une armée de cavaliers francs lourdement équipée. Eudes craint avec raison qu'il ne tourne désormais ses ambitions vers le Sud de la Loire. Il accepte malgré tout de rapprocher leurs deux armées pour faire face à la menace musulmane. Il faut protéger l'abbaye Saint-Martin de Tours et la chrétienté de cet ennemi qui à Poitiers vient de piller et peut-être incendier l’église Saint-Hilaire le Grand[34].

Charles réussit en peu de temps à rassembler une grande armée, qui se compose ses Francs, des troupes d'Eudes, et quelques autres tribus germaniques: Alamans, Bavarois, Saxons, Frisons.

Les Maures ont atteint Poitiers, en brûlant tout sur leur passage, en tuant, en violant et en pillant. Les survivants sont emmenés en esclavage, les villes sont détruites, surtout les édifices religieux.

Devant l'avancée des armées de Charles Martel et d'Eudes, Abd ar-Rahman arrête sa progression le 17 octobre 732. C'est à Moussais[35], sur la commune de Vouneuil-sur-Vienne, entre Poitiers et Tours, que se font face les ennemis.

Lorsque Charles Martel entend les troupes arabes approcher, il ordonne à ses soldats de se protéger derrière une série d'arbres les mettant à l'abri des projectiles ennemis[36]. Pendant 6 jours, les cavaliers musulmans et les fantassins chrétiens s'observent et se livrent quelques escarmouches[37].

Le 17 octobre 732, selon Ivan Gobry, qui est aussi le premier jour du mois de Ramadan, les musulmans se décident à engager la bataille.

La bataille[]

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Charles Martel

Charles Martel au combat.

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Fantassins francs contre cavaliers arabes.

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Attaque du camp d'Abd ar-Rahman, par Eudes.

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Mort du wali Abd ar-Rahman, dans son camp, d'un jet de lance lors de la bataille de Poitiers.

La grande bataille contre les Sarrasins s'engage près de là, sur la voie romaine de Poitiers à Tours, et dans le lieu appelé Moussais-la-Bataille, du nom d'un chef arabe, Moussa, qui sans doute y succombe[38], et afin de perpétuer le souvenir de ce mémorable événement.

Quoi qu'il en soit, à la nouvelle de l'arrivée des Austrasiens, Abd ar-Rahman fait un mouvement rétrograde, pour concentrer ses forces. Il établit les non-combattants et le butin, dans un camp formé à la hâte. Ses soldats sont placés, en arrière du point où est actuellement le bourg de Moussais, la gauche appuyée sur le Clain, le centre sur la voie romaine, et la droite sur la hauteur où se trouve la ferme de la Bataille.

Ainsi, par ces dispositions, les Arabes présentent une vaste courbure, embrassant l'ancienne civitas de Poitiers, dans lequel ils croient, suivant l'usage des formations orientales, entourer leurs adversaires, par le rapprochement de leurs ailes. L'armée austrasienne, qui n'est que d'environ trente mille hommes, passe la Vienne et se forme dans les plaines, en avant de Moussais. Nous avons vu qu'une sorte d'hésitation semble précéder la représentation de ce drame à résultats si gigantesques. L'armée chrétienne et l'armée musulmane, la croix et le croissant, demeurent en présence et comme immobiles, pendant plusieurs jours.

Enfin, Abd ar-Rahman donne le signal à la tête de sa cavalerie. Le premier choc est terrible : la race du midi eut d'abord l'avantage; mais celle du nord reprit le dessus, et des efforts d'une valeur indicible furent faits de part et d'autre.

La fougue des cavaliers orientaux finit par se briser contre les armures d'acier des fantassins septentrionaux. Ceux-ci, formés en palissade comme un mur immobile, l'épée au poing et tel un rempart de glace, les lances pointées en avant des boucliers, attendent le choc[39]. Il semble que l'image ait quelque chose de juste dans la mesure où c'est bien la solidité des lignes franques qui impressionne les troupes arabo-berbères. La mêlée s'engage et les Francs parviennent à faire refluer leurs opposants.

Mais ceux-ci n'ont pas l'occasion d'attaquer une seconde fois car de son côté les Vascons, commandés par Eudes d'Aquitaine, prennent l'ennemi à revers et se jettent sur le camp musulman. Croyant leur butin et leurs familles[40] menacés, les combattants maures regagnent leur campement. Ils subissent de très lourdes pertes. Apercevant le mouvement rétrograde de cette portion de son armée Abd ar-Rahman court rétablir le combat; mais il y trouve la mort. Le désordre s'étant mis aussitôt parmi les siens, la déroute devient complète.

La nuit seule, qui survient bientôt, empêche l'entière destruction de cette horde arabe, qui se retire, par essaims, vers les Pyrénées ou la Septimanie. Les survivants, obligés de regagner le sud des Pyrénées sont attaqués par les Vascons au passage des cols. La Chronique de Saint-Denis dit que le duc d'Aquitaine poursuit les Sarrasins, mais que c'est l'empereur Charlemagne qui élimine les descendants des survivants.

Les conséquences de la bataille[]

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Après la bataille.

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Malgré Charles Martel les Sarrasins quittent Narbonne seulement en 759.

On prétend, à Moussais, que le point appelé la Fosse au Roi, est celui où est tué et inhumé le chef arabe. La tombelle de Cheneau date aussi probablement de la grande victoire de Charles Martel et d'Eudes. Les paysans en labourant leurs champs découvrent des armes et des squelettes humains.

La Chronique mozarabe dit que les Francs ne semblent pas préoccupés par la poursuite. Ils retournent dans leur pays en vainqueur. La Chronique de Saint-Denis ajoute juste que Charles Martel prend toutes les tentes de l'ennemi, tout leur équipement et emmène une partie de ce que Sarrasins ont pillé. Après avoir divisé le butin, Charles Martel rentre chez lui. C'est probablement à cette occasion que le chef des Francs gagne le surnom de Martel : celui qui frappe comme un marteau.

Cette victoire est considéré comme une grande victoire de la chrétienté. Charles Martel fait figure de sauveur de la Chrétienté. Après avoir remporté la victoire, il écrit au pape Grégoire III lui annonçant l'heureuse nouvelle. Depuis, la plupart des rois de l'Occident respectent cette nouvelle force de France. C'est de là que vient à Charles Martel le titre de Très Chrétien accordé par le pape et auquel ont droit tous ses successeurs. Le Pape le nomme subregulus ce qui est un statut proche de souverain[41].

Cette victoire francs arrête l'avance des Arabes en Europe de l'</nowiki>Ouest, mais Charles doit aller déloger les Arabes de Bourgogne, de Provence et de Septimanie (Bataille de la Berre (737))[42]. Se basant sur les chroniques des historiens pensent qu'Eudes poursuit les Maures en retraite. On peut se poser des questions sur l'efficacité de cette traque. Beaucoup de musulmans survivent à cette bataille et - nous allons le voir - s'installent de la Touraine à l'Angoumois.

Les vaincus s'installent en Touraine, dans le Poitou et dans les Charentes[]

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Dans plusieurs endroits autour de l'ancienne civitas de Poitiers, des traditions populaires et le type ethnique des habitants montrent que certains vaincus ont une descendance lointaine.

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Cathédrale Saint Pierre de Saintes : statue de Charlemagne en hommage à Charlemagne qui a chassé les Arabes de la ville (vandalisée pendant la Révolution).

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Statue de Roland à Duisbourg.

Au cours des années 1990, Karine-Larissa Basset mène une série d’enquêtes orales dans le cadre de sa thèse de doctorat de troisième cycle d’Histoire portant sur Nos ancêtres les Sarrasins : une altérité originelle face à l’histoire : analyse historique d’un récit d’ascendance (France, XIXe-XXe siècles)[43].

Des groupes de Sarrasins, à la suite de péripéties diverses, fondent des colonies de peuplement ou se mêlent aux populations locales, tout en maintenant certaines caractéristiques. On retrouve des descendants de ces lointains envahisseurs dans plusieurs communes françaises.

Dans la vallée de la Vienne, mais surtout dans le Véron, qui est situé à la rencontre de la Vienne et du Cher, se sont réfugiés un certain nombre de Sarrasins poursuivis par les troupes de Charles Martel, des prisonniers évadés, des blessés. Les habitants du Véron de nos jours ont souvent la figure osseuse, la barbe noire et le teint basané[44]. Dans le Loudunais ou aux environs de Montcontour l'on retrouve des îlots de population ethnographiquement sarrasine[45].

En Saintonge et dans l'Angoumois les habitants et les voyageurs sont continuellement exposés aux surprises et aux attaques des Sarrasins dont il reste de nombreux détachements dans les parties boisées et montueuses de son territoire. Avant l'invasion, dans les années 720, et dans la dernière bataille livrée par les Aquitains aux débris de l'armée d'Abd ar-Rahman, se distinguent surtout trois familles originaires de l'Angoumois : les Achards, les Tisons et les Voisins[46].

Charlemagne, pendant son séjour dans cette province, reçoit l'hommage de tous les seigneurs du pays, qu'il dote de plusieurs établissements religieux. Il réunit ensuite une armée à Angoulême, pour marcher contre l'émir de Cordoue; c'est au retour de cette malheureuse campagne, que, soupçonnant la foi des gouverneurs gallo-romains de l'Aquitaine, il les remplace tous par des comtes de race franque (778)[47].

Les Chroniques saintongeaises de Turpin saintongeais (écrites partie en occitan et partie en saintongeais archaïque) et Tote l'istoire de France, œuvre d'un clerc de Saint-Eutrope de Saintes, nous content les combats légendaires de Charlemagne en Saintonge. La commune de Benest est le théâtre d'une bataille sanglante que Charlemagne livre aux Sarrasins, qui occupaient alors une partie de l'Aquitaine. On trouve sur cette commune beaucoup de sarcophages en pierre d'Angoulême. Charlemagne, satisfait de la conduite des habitants de Benest leur accorde l'exemption de toutes contributions aux charges publiques, leur bâtit une église, et y fonde un service annuel en l'honneur des guerriers morts en le défendant. Le privilège accordé Charlemagne aux habitants de Benest leur est confirmé par lettres patentes de François Ier.

Selon d'anciens auteurs la ville de Xaintes était alors subjecte à l'empire des Sarrasins. Il y a sous les remparts de Saintes une grande bataille... la victoire appartient à Charlemagne[48]. Dans la cathédrale Saint Pierre de Saintes une statue de Charlemagne est là en hommage à Charlemagne qui a chassé les Arabes de la ville. A la chaussée Saint-James de Taillebourg l’empereur livre une bataille. A Saint-Saturnin-de-Séchaud il fonde l’église dans le cimetière, où il a enterré les morts. A Moragne, au village de la Pillette il s’est battu contre le géant Golias devant la fontaine Sainte-Lucie. A Châtellaillon, il massacre encore des Sarrasins. A Lussac, il fonde la chapelle Saint-Martin dont il ne reste que le portail. A Puyrolland, il reçoit le renfort de Roland et Olivier : le pays en garde une jolie légende dans laquelle Roland, pour l’amour d’une belle, détourne les eaux de la Boutonne pour les faire passer au pied de la colline de Saint-Marmé. Saint-Agnant a remis en valeur la fontaine Charles et la fontaine Charlemagne. A Saint-Léger, Charlemagne fonde l’église Notre-Dame de l’île, près de la Seugne et y dépose la croix qu’il porte à son cou. Une fontaine Charlemagne va y attirer les pèlerins[49].

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La charge de l’armée arabo-islamique Omeyyade lors de la bataille de Poitiers.

LA FIN DE LA VIE D'EUDES[]

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La soumission aux Francs[]

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Siège de Narbonne (737).

Après la Bataille de Poitiers (732), Eudes est contraint de se soumettre à Charles Martel. Profitant de l'affaiblissement d'Eudes de Gascogne, s'empare des évêchés de la Loire. L'Aquitaine doit reconnaître l'autorité des Francs et s'y soumettre.

Les Continuations de la Chronique de Frédégaire font d'Eudes un ennemi de Charles Martel qui est allié aux Sarrasins en 732 et les fait envahir la Gaule. D'après les annales de l'époque carolingienne, notamment la Chronique de Moissac, la Chronique de Saint-Denis... , il est l'ennemi de Charles Martel et ces sources ne parlent pas de son combat contre les Maures à la Bataille de Toulouse (721), et même de sa participation à la Bataille de Poitiers (732). Les chroniques ultérieures ne font que répéter le message de leurs prédécesseurs.

Parmi les principales sources d'origine espagnole sont deux chroniques créés peu de temps après les événements. On y trouve des informations sur la Bataille de Toulouse (721), sur l'alliance avec le duc de Munuza et sur la défaite de Abd ar-Rahman.

Peu estimé des Francs, Eudes, les Aquitains et les Provençaux voient Charles Martel descendre dans le Midi, d'où il chasse en partie les chefs musulmans qui s'y sont installés quelques années plus tôt, notamment en faisant de Siège de Narbonne en 737.

On ne sait pratiquement rien sur les dernières années de la vie du duc Eudes. Peu de temps avant sa mort, en 734, il est capable de casser une fois de plus les Maures dans les vallées des Pyrénées.

La légende des Neuf Barons de la Renommée est basée sur des événements survenus au cours de trois générations différentes. Otger Cataló coïncide dans le nom et la date de la mort († 735), à l'Arcomte de Catalanum (710 - 735), duc d'Aquitaine, qui est tué dans la bataille pour la reconquête de Roses (Figueres) et enterré soi-disant dans le Monastère de l'île de Ré. Le personnage légendaire correspond au duc Odon le Grand († 735), également appelé Eudes d'Aquitaine[50].

Son décès[]

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Le monastère de Gerri de Alaón reconstruit en 807.

Selon les historiens modernes Eudes est un dirigeant courageux avec un cœur noble, capable de prendre des décisions rapides en fonction de la situation. Pendant plus de 20 ans il combat presque sans répit les Arabo-Berbères.

Eudes est mort en 735, mais pas dans un monastère de l'île de Ré, même si une couronne est trouvée, l'an 1731, dans la même île, en creusant dans les ruines d'une maison bâtie sur celles d'un monastère. Elle est de cuivre doré, garnie de pierreries, dont la principale est une turquoise, avec des fleurons au nombre de quatre, qui représentent des espèces de fleurs de lis, et autant de triangles renversés[51].

La Foundation for Medieval Genealogy nous dit qu'Eudes d'Aquitaine est enterré au monastery of Sainte-Marie d'Alarcon. Certainement le Monastère de Santa María et San Pedro de Alaón, reconstruit en 806, par le comte Wandrille, son descendant, où repose une partie de sa famille. Ce monastère est proche des lieux dont il est question dans la légende d'Otger Cataló.

Le Duché d'Aquitaine est divisé entre ses fils, Hatton et Hunuald. Après sa mort Charles Martel marche sur l'Aquitaine...

Mariages et descendance[]

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Sa fille aînée, Gerlind d'Alsace (679 - 715) se marie avec un des fils d'Etichon-Adalric d'Alsace et Bereswinde.

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Hunald d'Aquitaine.

Eudes d'Aquitaine et Adela d'Austrasie, Duchesse en Alsace, ont très jeunes une fille Gerlind d'Alsace (679 - 715) (également Gerlinde / Gerlindis de Neustrie). Elle se marie avec le duc Adalbert d'Alsace, fils d'Etichon-Adalric d'Alsace.


Eudes d'Aquitaine épouse, vers 695, Valtrude ou Waltrude de Verdun, fille du duc Walacho et de sa femme Valtruda, Valchigisi ducis de nostra progenie filia est femme de Eudo Aquitanie dux[52]. Ils ont trois fils :

¤ Hatton de Gascogne (695 - 745), Duc d'Aquitaine.   ¤ Remistan de Gascogne (700 - 768), La chronique de Frédégaire mentionne Remistan comme un fils d'Eudes d'Aquitaine, oncle de Waifre, à qui le roi Pépin Ier d'Aquitaine, fils de Louis le Pieux, confie un fief dans le Berry[53].


¤ Hunoald Ier de Gascogne (705 - 774), Duc d'Aquitaine. Les Annales Metenses citent Hunaldo filio Eodonis. Le continuateur de Fredegaire cite Chunoaldo duce filio Eudone quand il parle des rebelles gascons qui se joignent à lui en Aquitaine. Les Annale royales franques nous disent que Carloman et Pepin, maiores domus des Francs, prennent le château de Loches d'Hunald Ducs des Aquitains en 742. Les Annales Metenses citent "Hunaldus" retiré comme moine au monastère Radis insola(isle de Ré), en 744, et laisse filium... suum Waifarium in principatu. Il est à nouveau duc après la mort de son fils en 768 et reprend la guerre contre Charles, roi des Francs, mais il est battu...[54].


En outre, Eudes d'Aquitaine a une fille illégitime ou d'un autre mariage :

¤ Lampégie qui finit ses jours dans le harem du sultan de Damas, après avoir été mariée par son père à Uthman ibn Nissa Munuza (d 731), émir berbère rebelle au pouvoir ommeyade.


Voir article détaillé : Du Duc Eudes d'Aquitaine aux Aemilii du Sud-Ouest


NOTES ET RÉFÉRENCES[]

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  1. Christian Settipani, La Noblesse du Midi Carolingien, Oxford, Linacre College, Unit for Prosopographical Research, coll. « Prosopographica et Genealogica »,‎ 2004, 388 p. (ISBN 1-900934-04-3), p.74 à 77.
  2. Michel Rouche, L'Aquitaine des Wisigoths aux Arabes, 418-781 : naissance d'une région, Riché Pierre, Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 1981, Volume 36, Numéro 6; pp.1056-1057.
  3. Michel Rouche, L'Aquitaine des Wisigoths aux Arabes, 418-781 : naissance d'une région, Riché Pierre, Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 1981, Volume 36, Numéro 6; pp. 1056-1057.
  4. Michel Rouche, L'Aquitaine des Wisigoths aux Arabes, 418-781 : naissance d'une région, Riché Pierre, Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 1981, Volume 36, Numéro 6; pp. 1056-1057.
  5. Hubert
  6. AQUITAINE, DUKES
  7. Das Ökumenische Heiligenlexikon
  8. Michel Dillange, Les comtes de Poitou, ducs d'Aquitaine : 778-1204, Mougon, Geste éd., coll. « Histoire »,‎ 1995.
  9. Christian Settipani, La Noblesse du Midi Carolingien, Oxford, Linacre College, Unit for Prosopographical Research, coll. « Prosopographica et Genealogica »,‎ 2004, 388 p. (ISBN 1-900934-04-3), p. 74 à 77.
  10. AQUITAINE, DUKES
  11. Histoire du Poitou et des pays charentais: Deux-Sèvres, Vienne, Charente, Charente-Maritime, Collection "Histoire des régions françaises", Jean Combes, Gilles Bernard, Editions de Borée, 2001, p.121.
  12. Michel Rouche, L'Aquitaine des Wisigoths aux Arabes, 418-781 : naissance d'une région, Riché Pierre , Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 1981, Volume 36, Numéro 6; pp. 1056-1057.
  13. Christian Settipani, La Noblesse du Midi Carolingien, Oxford, Linacre College, Unit for Prosopographical Research, coll. « Prosopographica et Genealogica »,‎ 2004, 388 p. (ISBN 1-900934-04-3), p. 74 à 77.
  14. AQUITAINE, DUKES
  15. Christian Settipani, La Noblesse du Midi Carolingien, Oxford, Linacre College, Unit for Prosopographical Research, coll. « Prosopographica et Genealogica »,‎ 2004, 388 p. (ISBN 1-900934-04-3), p. 74 à 77.
  16. Archibald Ross Lewis, The Dukes in the Regnum Francorum, A.D. 550–751.
  17. Histoire de Bearn: concernant l'origine des rois de Navarre, des ducs de Gascogne ... : avec diverses observations géographiques et historiques, Pierre de Marca, 1640. p.113.
  18. AQUITAINE, DUKES
  19. France dictionnaire encyclopédique, Ph. Le Bas: 7, Volume 19 de L'univers. Europe, F. Didot, 1842, p.610.
  20. Moussais (86): la bataille de Poitiers en 732
  21. Michel Rouche, L'Aquitaine des Wisigoths aux Arabes, 418-781 : naissance d'une région, Riché Pierre, Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 1981, Volume 36, Numéro 6; pp. 1056-1057.
  22. Liber Historia Francorum, p. 53.
  23. Chronique de Frédégaire, p.10.
  24. Michel Rouche, L'Aquitaine des Wisigoths aux Arabes, 418-781 : naissance d'une région, Paris, École des Hautes Études en Sciences Sociales, Jean Touzot, 1979, p.108.
  25. Moussais (86): la bataille de Poitiers en 732
  26. Michel Rouche, L'Aquitaine des Wisigoths aux Arabes, 418-781 : naissance d'une région, Paris, École des Hautes Études en Sciences Sociales, Jean Touzot, 1979, p.109.
  27. G. Eiten, Das unterköningtum in reiche der Merovinger und Karolinger, Heidelberg, 1907, pp.9-11.
  28. Michel Rouche, L'Aquitaine des Wisigoths aux Arabes, 418-781 : naissance d'une région, Paris, École des Hautes Études en Sciences Sociales, Jean Touzot, 1979, p.678, n. 317 ; p.447.
  29. Chronique de Frédégaire, p.78.
  30. Michel Dillange, Les comtes de Poitou, ducs d'Aquitaine : 778-1204, Mougon, Geste éd., coll. « Histoire »,‎ 1995.
  31. Michel Rouche, L'Aquitaine des Wisigoths aux Arabes, 418-781 : naissance d'une région, Paris, École des Hautes Études en Sciences Sociales, Jean Touzot, 1979, p.379.
  32. [http://maisondesparfums.fr/wp-content/uploads/2012/11/La-bataille-de-Toulouse-en-721.pdf La bataille de Toulouse, 9 juin 721.
  33. Les lions d'Aquitaine, Michel PEYRAMAURE, Robert Laffont bouquins Segher, 2013.
  34. Sophie Chautard, Les grandes batailles de l'histoire, Studyrama, coll. « Perspectives »,‎ 19 septembre 2005, p. 70.
  35. Le Gihad dans l'Islam médiéval, Alfred Morabia, Albin Michel, 2013, p.89.
  36. Les grandes batailles de l'histoire, Volume 621 de Studyrama perspectives, Sophie Chautard, Studyrama, 2005. p.70.
  37. Élisabeth Carpentier, Les Batailles de Poitiers. Charles Martel et les Arabes, Geste Éditions, coll. « En 30 questions »,‎ 2000, p.16.
  38. Berbères et Arabes: la Berbérie est un pays européen, Bibliothèque historique, Édouard Brémond, Payot, 1950.
  39. Adriaan Vehulst, La construction carolingienne tiré de Histoire de la France des origines à nos jours sous la direction de Georges Duby, Larousse, 2007, page 194.
  40. André Clot, L'Espagne musulmane, Perrin, 2004, ISBN 2-262-02301-8, p.33.
  41. Sophie Chautard, Les grandes batailles de l'histoire, Studyrama, coll. « Perspectives »,‎ 19 septembre 2005, p.71.
  42. Sophie Chautard, Les grandes batailles de l'histoire, Studyrama, coll. « Perspectives »,‎ 19 septembre 2005, p.71.
  43. Karine Basset, “Nos ancêtres les Sarrasins” : une altérité originelle face à l’histoire : analyse historique d’un récit d’ascendance (France, XIXe-XXe siècles), thèse de doctorat, Paris 7, 2003 (voir notice SUDOC). La thèse a été publiée en 2006 sous le titre Le légendaire sarrasin en France : configurations et histoire d’un contre-récit national, XIXe-XXe siècles. Un compte-rendu par Pierre Guichard est paru dans la Revue des mondes musulmans en méditerranée en 2008.
  44. La Touraine, CUP Archive, p.32.
  45. Une longue vie d'érudit: recueil d'études de Charles Samaran, Volume 2, Volume 31 de Hautes études médiévales et modernes, Volume 5 de Publications, Ecole pratique des hautes études (France). Centre de recherches d'histoire et de philologie, Une longue vie d'érudit: recueil d'études de Charles Samaran, Librairie Droz, 1978. p.517.
  46. Histoire des Villes de France, Aristide Mathieu Guilbert, 1845, p.542.
  47. Histoire des Villes de France, Aristide Mathieu Guilbert, 1845, p.543.
  48. La France littéraire, 1832, p.469.
  49. Dictionnaire de Saint Jacques et Compostelle, Denise Péricard-Méa, Louis Mollaret, Editions Jean-paul Gisserot, 2006. p.41.
  50. La légende d'Otger Cataló et les 9 barons de la renommée
  51. Montfaucon, Monuments de  la Monarchie Française, t. IV.
  52. AQUITAINE, DUKES
  53. AQUITAINE, DUKES
  54. AQUITAINE, DUKES
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