Wiki Guy de Rambaud
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                                         Jean Michel Rambaud

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Demande du capitaine Jean-Michel Rambaud pour être chevalier de Saint-Louis.

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Signature de Jean-Michel Rambaud.

Jean Michel Rambaud est né au début de l'année 1738, à Marseille, paroisse des Accoules. Il est décédé le 13 juin 1792 aux Cayes, dans l’île de Saint-Domingue, du temps de la révolution haïtienne et enterré le lendemain au cimetière de cette petite ville.

Dans sa jeunesse, ce membre de la famille Rambaud est capitaine et armateur. Au début de la Guerre de Sept Ans (1756-1763), en 1756, Jean-Michel est nommé sous-lieutenant lors de la formation des milices à Marseille. Son père, armateur et capitaine, devient corsaire et meurt pour le roi à la fin du conflit.

Jean-Michel passé à Saint-Pierre, dans l'île de la Martinique, au commencement de l’année 1760, où il continue de servir en la dite qualité au bataillon du mouillage par lettre de passe de Monsieur de Beauharnais. S'étant porté au Fort Royal lors du siège par les Anglais, en 1762, au détachement envoyé de Saint-Pierre sous les ordres de Monsieur de Thoumazeau. Il est blessé grièvement à la poitrine lors de la journée du 24 janvier à la défense du morne La Tapy, poste avancé du Fort Tartenson. Il est le bras droit du lieutenant Joseph-Gaspard de Tascher de La Pagerie, qui défend les batteries. Georges Pléville Le Pelley, son beau-frère, est nommé capitaine de port à La Martinique. Il a amené avec lui le frère cadet de Jean-Michel, Benoît de Rambaud, qui a 13 ans. Pléville le prend comme aide de port et élève-ingénieur.

Rambaud est lieutenant en second en 1771, par commission chevalier de Vallières. Puis il est lieutenant en premier en 1774, par commission de Monsieur le comte de Nozières. Il passe aux Cayes, dans l'île de Saint-Domingue, en 1777, où il continue service dans la compagnie d'artillerie. En 1780, il est capitaine de grenadiers par commission de Monsieur le comte d'Argout, Gouverneur général de Saint-Domingue. Cette nomination est confirmée par brevet du Roi. En 1789 Jean Michel est maintenu capitaine, mais dans la Garde Nationale. Il fait de la politique au début de la Révolution haïtienne. Il est Président des premières Assemblées primaires et Président du Comité paroissial. Bien entendu il est électeur à l’Assemblée provinciale du Sud et officier municipal des Cayes. Jean-Michel est un partisan du vote des gens couleur. Dans les assemblées qu'il préside les noirs sont admis, contrairement à celles du reste de l'île. Cependant, il meurt aux Cayes, lors des combats dans cette région, en 1792.


Rambaud (Jean Michel), sous-lieutenant de la deuxième compagnie d'infanterie Blancs de la paroisse du Mouillage au quartier du Mouillage (17 avril 1770), lieutenant aide-major du quartier (1er juin 1774) [1].


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Massacre des blancs à Saint-Domingue.

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SA FAMILLE ET SA JEUNESSE[]

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Sa famille[]

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Blason des Rambaud à Marseille.

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Gravure représentant une barque de la Méditerranée au XVIIe siècle.

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Agathe de Rambaud, née Mottet, par Jacques Commarmond.

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Le port de Marseille: l'entrée du port, en 1754, par Vernet.

Jean rambaud

Jean Rambaud, son père.

La famille Rambaud est noble et fort ancienne. Toutefois pendant presque un siècle ses membres sont capitaines de navires de commerce à Saint-Chamas, puis à Martigues.

Jean II Rambaud (1703-1762), le père de Jean-Michel, est né et baptisé le dimanche 29 avril 1703, à Saint-Chamas. Il est mort en 1763. Il n'est que le fils et le petit-fils de capitaines de barques de Saint-Chamas, bourgade sur les bords de l'étang de Berre. Toutefois, ces patrons de barque ne sont pas des miséreux. Son père et son oncle, André, paient la taille et ont donc des propriétés foncières encadastrées[2].

En 1725, son père est patron à Martigues et se remarie avec Catherine Arnaud, veuve de Benoît Lieutaud, patron. Comme Jean se marie avec la fille de sa belle-mère, il devient l'héritier de deux patrons.

Jean II Rambaud (1703-1762), de Martigues, père de Jean-Michel, devient un important négociant pour le négoce entre Carthagène, à cette époque capitale, en Espagne, du Département Maritime de la Méditerranée et la France, comme le montre un document du 18 juin 1738[3]. Martigues connaissant un déclin économique, Jean II Rambaud (1703-1762) va s'installer à Marseille, derrière l'hôtel de ville, en 1742. Rambaud devient rapidement un capitaine et négociant marseillais avec l'outre-mer connu[4].

Jean II Rambaud (1703-1762) n'est plus dit patron de barque, mais capitaine de vaisseau marchand. Il achète une très belle maison rue du Petit Mazeau. Cette vieille demeure située à côté de l'hôtel de ville et du port a toute une histoire[5]. Jean Rambaud est bourgeois de Marseille ce qui nécessite des relations et entre autres une demeure qui vaut au minimum dix milles livres. Etre bourgeois de Marseille donne droit par contre à des avantages que n'ont pas les bourgeois des autres villes. Comme nous allons le voir son fils aîné, Jean-Michel, s'engage et est immédiatement nommé sous-lieutenant en 1756, lors de la formation de Milices à Marseille, par commission de Monsieur le Duc de Villars. En 1757, lors du mariage de sa fille, Ursule Rambaud (1735-1780), avec Georges Pléville Le Pelley, futur capitaine du port de Marseille, amiral et ministre de la Marine et des colonies, il est dit capitaine de vaisseaux marchands. Comme son gendre, Jean a des activités corsaires, mais il devient aussi armateur.

En 1764, un autre de ses fils, Benoît de Rambaud devient Aide de port (= aide ingénieur constructeur) à l'âge de 14 ans, plus jeune que beaucoup de jeunes nobles et surtout de futurs officiers bleus. Il rejoint à La Martinique Jean-Michel, lieutenant, blessé au siège de Fort Royal et son beau-frère Georges Pléville Le Pelley, capitaine du port de Fort Royal. Pendant ce temps, la famille de Jean II Rambaud (1703-1762) s'associe avec Jean-Baptiste d'Arbaud, qui est un descendant des Matheron de Peynier, famille alliée aux Rambaud de Furmeyer. Nous connaissons les noms de quelques vaisseaux de la compagnie d'armement Arbaud et Rambaud, comme L'Euphrosine[6] ou La Pintade[7]. Les Rambaud font du commerce avec le Levant. Ils affirment qu'ils peuvent débiter jusqu'à 20.000 pièces d'étoffes et de dorures. Le ministre refuse pour ne pas gêner le commerce des dorures et autres étoffes de Lyon[8].

Jean Rambaud (1703 - 1761), père de Jean-Michel, n'assiste pas au mariage de son fils, Benoît de Rambaud avec Agathe Mottet (1764 - 1853), en 1785.

Sous la Restauration, se belle-fille, Agathe Mottet (1764 - 1853), pourtant très dépensière, possède encore 10.000 francs de rente, soit 200.000 francs de capital. Compte-tenu de ses pensions cela représente 120.000 francs au minimum qui ne peuvent venir que de Jean Rambaud (1703 - 1761). Comme il a eu au moins cinq enfants, il laisse un héritage d'au moins 600.000 livres.

Jean-Michel Rambaud est le fils d'une fille de patron de barque de Martigues (Marseille, paroisse Saint-Férréol. AD 13 GG 369 :

Sa mère Dame Marie Magdeleine Lieutaud, veuve de sieur Jean Rambaud, âgée de soixante seize ans, est morte le 28 avril 1787. Elle a été enterrée dans le cimetière, le lendemain... rue Grignan. Les témoins sont Joseph Brémond et Joseph Balthazard Chaulan.

La rue Grignan, où elle habite est située dans les nouveaux quartiers de Marseille. Les négociants s'y font construire des hôtels particuliers. Raoul Busquet, dans son Histoire de Marseille, est émerveillé rue Grignan par des rampes de balcons de fer forgé, de style Louis XVI, avec trépieds, flammes, draperies, et glands de cordelières d’une souplesse et d’un effet décoratif admirables…

Joseph Brémond est d'une famille qui figure sur L'Armorial de la ville de Marseille. Joseph est maître apothicaire, d’une importante famille de marins et de bourgeois (six membres sont cités). Joseph Balthazard Chaulan est aussi d'une famille qui figure sur L'Armorial de la ville de Marseille.

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Frégate s'échouant à côté de Marseille.

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Armateur[]

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L'ancienne place Villeneuve à Marseille.

Jean-Michel Rambaud fait aussi d’excellentes études qui vont lui permettre d’être un capitaine d’artillerie, ce qui demande des connaissances mathématiques. Il est élevé à Marseille dans le quartier des Accoules. En 1754, Jean Rambaud (1703 - 1761) est un négociant avec l'outre-mer prospère et un capitaine de vaisseaux marchands apprécié de tous. Il est aussi armateur. Cela fait douze ans qu'il demeure à Marseille, mais il ne doit pas avoir une demeure digne d'un bourgeois de cette ville. Il achète donc une maison rue du Petit Mazeau, à côté de l'hôtel de ville et de la prison. Nous le savons par l'acte de mariage de sa fille, Marie-Ursule en 1757 avec Georges Pléville Le Pelley, mais aussi par un accord entre l'hôpital et le Chapitre de la Major, au sujet d'une réduction de lods sur la maison acquise du sieur Rambaud[9].

Très jeune, Jean Michel est mousse, puis officier sur les vaisseaux marchands et corsaires de son père.

Jean-Michel Rambaud est également négociant du grand commerce et armateur à Marseille avec son père, Jean II Rambaud (1703 - 1760/1761). Il est le parrain à Marseille, le 18 octobre 1756 de son neveu Jean René Pléville.

Comme ses ancêtres avant lui, Jean-Michel veut être militaire.

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Sous-lieutenant des milices de Marseille[]

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Honoré-Armand de Villars (1702-1770).

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Gravures montrant les uniformes des miliciens à la fin du XVIIIe s.

Au début de la Guerre de Sept Ans (1756-1763), en 1756, la Milice comprend 107 bataillons issus des 29 généralités de France. Jean-Michel Rambaud est nommé sous-lieutenant lors de la formation des Milices à Marseille. C’est une décision, par commission de Monsieur le duc Honoré-Armand de Villars, gouverneur général des pays et comté de Provence, prince de Martigues. On donne aux bataillons le nom de leur quartier d'assemblée : Antibes, Toulon et Marseille.

Le bataillon de Marseille est aux ordres d'un lieutenant-colonel commandant, d'un major-capitaine et d'un lieutenant aide-major. Les officiers de Milice provinciale sont d’ordinaire choisis parmi les officiers de l'armée ayant déjà servi, réformés ou retirés dans les provinces. Ils sont nommés par le roi. La vénalité des charges y est interdite chose remarquable pour l'époque, ce qui veut dire que son père ne lui a pas acheté une charge de sous-lieutenant. Les officiers ne se distinguent du reste de la troupe que par le hausse-col.

Jean-Michel a l’habitude de commander des navires corsaires sur lesquels les équipages sont très nombreux car ils doivent prendre à l'abordage des navires ennemis. Ce sont autant des marins que des guerriers. En temps de paix ils chassent les barbaresques sur les côtes de Barbarie (= les royaumes de Maroc, de Fez, d'Alger, de Tunis et de Tripoli). Ces derniers font des razzias sur les côtes et attaquent les navires marchands.

Un inspecteur général a la haute main sur les 800 hommes. Pour son traitement comme pour les appointements des autres officiers et des soldats, pour l'uniforme et l'armement, on impose extraordinairement les paroisses, qui fournissent les miliciens. Ceux-ci sont choisis par le commandant du bataillon parmi les hommes âgés de 16 à 45 ans et ayant 5 pieds (1,62) de hauteur. Ils ont le choix entre le service de mer et celui de la garde-côte. Le fait que Jean-Michel, qui est un marin, choisisse l'armée de terre et cette milice est peut-être justifié par des liens de ses proches avec Honoré-Armand de Villars, prince de Martigues.

Les bataillons sont, le 5 décembre 1756, portés à l'effectif de 630 hommes. Ils restent à 10 compagnies, et l'augmentation ne vise toujours que les compagnies de grenadiers et de fusiliers. Elles comptent 75 hommes, et la compagnie de postiches a un troisième sergent à dater du 1er février 1757. Les fournitures d'habillement prescrites par l'ordonnance du 12 novembre 1733 sont rétablies. La solde reste la même. Des retenues sont de nouveau effectuées pour l'entretien du linge et de la chaussure, à raison d'un sous par sergent et de 6 deniers pour les autres hommes de troupe. Le 25 février 1760, la solde est augmentée. Elle est par jour de 25 sous pour les lieutenants[10]. Le sous est une monnaie de compte de l'Ancien Régime, valant un vingtième de la livre tournois. Le sous est lui-même subdivisé en 12 deniers.

Pendant toute la guerre de Sept ans les bataillons de milice provinciale gardent les côtes de Provence. Par ordonnance du 7 juin 1758, les bataillons d'Antibes et de Toulon et le détachement de Martigues sont rappelés. Ils ont même composition que précédemment en officiers et hommes de troupe. Un de par le roy du même jour prescrit la levée des soldats nécessaires.

Jean-Michel garde pendant quatre années les côtes. Puis, en 1760, il part combattre aux Antilles. Il a 22 ans et est toujours sous-lieutenant.

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LES ANTILLES[]

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La Martinique[]

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Carte de la Martinique en 1762.

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Georges Pléville Le Pelley.

La Martinique est l'un des théâtres de la guerre de Sept Ans (1756 - 1763). Jean-Michel Rambaud passe à Saint-Pierre (Martinique), au commencement de l’année 1760. Il continue de servir en la qualité de sous-lieutenant au bataillon des milices du quartier du mouillage. Sa lettre de passe est de François Beauharnais de Beaumont, marquis de La Ferté, (1714 - 1800), Gouverneur de la Martinique et des Antilles (1757 - février 1761).

Jean-Michel Rambaud défend Fort Royal lors du siège par les Anglais, en 1762. Il fait partie d’un détachement envoyé de Saint-Pierre (Martinique) sous les ordres du colonel François de Cours de Thoumazeau.

Le 7 janvier, les marines britanniques, deux brigades débarquent dans la Anse d'Arlet, une baie sur la côte ouest. A partir de cette plage ils marchent vers le sud de la baie, qui forme le port de Fort-Royal, mais, trouvant la route impraticable pour le transport des armes à feu, ils réembarquent.

Le 16 janvier, l'armée britannique débarque sans perte à la Case Navire, un peu au nord de Negro Point. Ce point constitue la pointe nord du port, et a à ses pieds une route menant à l'est sur les montagnes surplombant Fort-Royal (Fort de France), à environ 5 km. La voie est bloquée par des ravines et ravins profonds, tandis que les Français ont construit des redoutes. Des batteries, commandées par Jean-Michel, sont sur une colline au-delà, du Morne Tortenson. Les Britanniques doivent mettre en place des batteries pour réduire au silence ses canons et pouvoir ainsi avancer plus loin.

Le 24 janvier les batteries britanniques blessent à la poitrine Jean-Michel qui défend le morne La Tapy, poste avancé de Tartenson. Ses batteries sont détruites. Une attaque générale est faite, sous le feu des batteries anglaises, contre le Morne Tortenson. Un mouvement de rotation est une réussite totale. Les Anglais prennent poste après poste. Rambaud, grièvement blessé et ses hommes résistent au gros de l’attaque anglaise. L’ennemi consiste en 800 marines anglais. Après un combat acharné, l’ennemi fut chassé du Morne Tartenson le 24 janvier[11]. Puis, les Français se retirent dans une grande confusion. Une partie d'entre eux vont à Fort Royal et d'autres à Morne Grenier, une colline encore plus au nord du Morne Tortenson. Les pertes britanniques lors de cette action s'élève à 33 officiers et 350 hommes tués ou blessés.

De 1762 à 1763, la Martinique est occupée par les Anglais. On le retrouve à Cartagene, le 13 Mars 1764. Il commande le navire français L'Union. Il est entré dans ce Port où les vents contraires l'ont forcé de relâcher. Ce bâtiment vient de Mie de Saint-Domingue avec une riche cargaison de fruits destinés pour Marseille: il continue sa route au premier vent favorable[12].

Le roi envoie à La Martinique, son beau-frère, Georges Pléville Le Pelley, en 1763, qui est nommé capitaine de port à La Martinique. Il trouve les ports de l'île dans un état catastrophique et dégage les bassins des épaves des navires coulés par les Anglais. Benoît de Rambaud, son jeune frère, âgé de 14 ans, les rejoint en 1764. Pléville en fait un Commis de port.

Jean-Michel Rambaud est lieutenant en second en 1771, par commission du chevalier de Vallières, Inspecteur de la cavalerie et gouverneur de la Martinique. Il est nommé lieutenant en premier en 1774, par commission de Monsieur Auguste Grégoire de Nozières, marquis de Vital, gouverneur de la Martinique, mais également de la Guadeloupe (1771 - 1776).

Pendant la guerre, Jean-Michel Rambaud a combattu pendant un an.

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Saint-Domingue[]

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Cap-Français.

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Ville des Cayes avant la Révolution.

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Plan de la ville des Cayes en 1786.

Jean-Michel Rambaud passe aux Cayes, dans l’île de Saint-Domingue, en 1777, où il continue le service dans l'artillerie. La ville des Cayes a été fondée en 1726, selon un plan dressé par M. de La Lance, sur l’emplacement d’un bourg espagnol, Salvatierra de la Zabana. Le site urbain des Cayes prend de l'importance vers 1750. La prise de Saint-Louis-du-Sud par les Anglais en 1748 déplace le centre de gravité du sud de Saint-Domingue vers Les Cayes. A la fin du XVIIIe siècle, Les Cayes est le troisième port de la colonie de Saint-Domingue, derrière le Cap-Français et Port-au-Prince.

Certes, la ville elle est dévastée par deux cyclones le 5 septembre 1781 et le 16 septembre 1788, mais Les Cayes est une ville tranquille au sud-ouest de Saint-Domingue, où les tensions, nées de l’esclavage, ne sont pas aussi grandes que dans la capitale et dans le nord de l’île. Les amis de Jean-Michel Rambaud (1738-1792), les De Generes, sont à l’origine de la libération d’Affiba, la mère de Toussaint Louverture.

Jean-Laurent Générès est capitaine de dragons-milices avec Jean-Michel Rambaud, aux Cayes. Son petit-fils, se mariera avec la nièce de la femme du frère de Jean-Michel Rambaud, Adèle de La Brousse, le 19 mai 1827 à Paris.

Le climat de l’île n’est en rien paradisiaque : L'air des Cayes, déjà très humide, est rendu plus malsain encore par l'infection des marécages qui l'environnent. Quand il pleut, les eaux, ne trouvant pas d'écoulement, séjournent dans les rues. Les rhumatismes, les pneumonies, les phtisies, les anémies, y sont maladies communes. Pendant le séjour d'un mois que j'y fis, je restai constamment enrhumé[13].

Nous sommes bien loin de Marseille et de ses fêtes. Heureusement, Les Cayes a son club, où les officiers et les planteurs ont à leurs dispositions des journaux, et surtout des livres. Elle a surtout depuis 1738, la première loge maçonnique, Les Frères Réunis. Jean-Michel Rambaud est très apprécié par ces notables locaux qui vont appuyer sa demande en 1787 de croix de chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis.

Jean-Michel forme un contingent de 1.780 soldats haïtiens et français, qui dirigés par le compte d’Estaing débarquent le 8 septembre 1779 en Géorgie afin d’aider les forces indépendantistes américaines dans leurs luttes contre l’Angleterre. Mais, pendant toute la guerre d'Indépendance américaine (1775 - 1783), Jean Michel reste à protéger les côtes de Saint-Domingue. Lui et ses miliciens sont là pour s'opposer à un débarquement. Il n'y a pas dans l'île de régiments coloniaux comme dans les autres colonies.

Rambaud est nommé en 1780, capitaine de grenadiers, par commission de Robert, comte d’Argout, le gouverneur général de Saint-Domingue (1777 - 1780). Le comte d’Argout meurt au Cap le 7 mars 1780. Cette décision est confirmée par brevet du roi. Il continue en la dite qualité de capitaine de grenadiers au bataillon de milice des Cayes, qui défend les fortifications à l’entrée du port, l’arsenal et maintient l’ordre.

La colonie est très hostile au réarmement des milices[14]. Les riches colons sont exemptés du service dans les milices. Pour les autres il faut rendre le service le moins pénible possible. Les métis sont admis dans ces troupes.

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LA RÉVOLUTION HAÏTIENNE[]

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La Société des amis des Noirs et Jean-Michel Rambaud[]

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Jean-Antoine-Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet.

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Gravure montrant un planteur et peut-être sa maîtresse et leur fils.

En 1785, Julien Raymond, homme de couleur d’Aquin, présente des Mémoires au maréchal de Castries, ministre de la Marine et des colonies pour l’obtention des droits égaux pour les hommes de couleur avec les blancs. Le 6 décembre 1785 des instructions sont donnés par La Luzerne et Marbois d’insérer des observations sur l’état des hommes de couleur et de consulter les améliorations que ce mémoire peut proposer.

En 1788, l’année suivante, la Société des amis des Noirs, fondée entre autres par son cousin très lointain de Jean-Michel Rambaud, Condorcet, se met à recruter des adeptes dans la haute société. Des nobles en font bientôt partie, des fermiers généraux également, des Sous-secrétaires au Trésor, et même des possesseurs de domaines à Saint-Domingue.

Qu’en pense Jean-Michel Rambaud ? Il est certes difficile pour un fils de négociant et armateur marseillais d'être contre l'esclavage dans la mesure où 1/6e du revenu national de la France provient de l'esclavage. Son père et lui dans sa jeunesse ont commercé avec les colonies, à Marseille. Mais les physiocrates, dans les années 1760 - 1770, trouvent que l'esclavage est un système économique peu efficace, et lui préfèrent le salariat.

Saint-Domingue est pourtant la plus riche des colonies. Cette prospérité repose sur les cultures commerciales de sucre et de café, pratiquées dans de grandes plantations employant près de 500.000 esclaves noirs et encadrés par 40.000 Blancs. Les bénéfices sont énormes. D’ailleurs, quand le père de sa belle-sœur, Agathe Rosalie Mottet, Louis Melchior Mottet, reçoit un brevet de commissaire général des ports et arsenaux et qu’il demande à nouveau une indemnité pour les 30.000 francs perdus dans la faillite de Lemoine de la Compagnie des Indes Occidentales (française), le ministre lui accorde une pension royale, payée avec les revenus de Saint-Domingue. Hélas, la révolution haïtienne va l’empêcher de toucher ce complément à sa pension de retraite.

Jean-Michel Rambaud a des parents sur place. Paul et Pierre Rambaud sont propriétaires d'une maison estimée à 10.000 livres. Jean-Michel, lui-même, et Paul possèdent à Cavaillon avec un certain Texier une sucrerie valant 500.000 livres.

En 1788, Jean Michel participe à la création aux Cayes d’un Club avec un certain Vincent. Malgré ses origines et l’intérêt des siens, Jean-Michel va participer à la révolution haïtienne.

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Les débuts de la révolution haïtienne[]

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Le chevalier de Mauduit.

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Grenadier au bataillon de milice des Cayes.

Une nouvelle défaite est infligée aux commissaires du comité local. En effet, le 8 août 1788, les Etats-généraux sont convoqués pour le 5 mai 1789, sans représentants des colons. Ils ont pourtant bataillé ferme dans les cabinets ministériels.

Nous savons, par son dossier militaire, que Jean-Michel Rambaud est Président des Premières Assemblées Primaires et électorales de la partie sud de Saint-Domingue. Il crée avec des amis un Comité colonial de la dépendance du Sud. Ils se réunissent en Assemblée Nationale dans la ville des Cayes, chef-lieu de la dépendance du Sud, à Saint-Domingue, ce 10 mars 1789 signé à la minute : Dufourcq, Rambaud, Mahy de Chevenelle, chevalier de Leaumont, Rousseau de la Gautraie, Ch. Lafosse, le chevalier de Marmé, S. Pomiès, Millet sre, J. Duret, Fredureau de Villedrouin, Gentilot... membres du comité…16. Cheret de Montgrain, Delabbraye, Bruhier de Warvilliers, B.B. O’Shiell… en font également partie. Comme beaucoup de colons, ils veulent des réformes défendant leurs intérêts. Les colons reprochent au roi les réformes du ministre de la marine et des colonies, Charles Eugène Gabriel de La Croix de Castries, datant de 1785, qui permettent aux noirs de vivre mieux. Louis Melchior Mottet (1735 - 1811), père de la belle-sœur de Jean-Michel Rambaud, Agathe Rosalie Mottet, commissaire général de la marine, responsable des colonies, est à l’origine de cet édit. Pour les planteurs cette mesure porte atteinte à la propriété.

Comme à Saint-Louis du Sénégal, la rédaction de cahiers de doléances est un acte d’opposition à la politique de Louis XVI. Les colons et leurs amis lui reprochent de ne pas développer l’esclavage. A Pondichéry, l’oncle de sa belle-sœur, Benoît Mottet de La Fontaine se sert du racisme des blancs pauvres pour maintenir l'ordre.

Jean-Michel Rambaud est président du Comité Paroissial de la ville des Cayes et ses environs. Il est aussi capitaine de la Garde Nationale. En janvier 1790 un soulèvement se produit. L'alarme est générale parmi les blancs. Le Cap et les autres villes envoient à Saint-Marc l'élite de leur garde nationale. A l'approche de ces détachements l'attroupement de noirs révoltés se disperse.

En 1790, l'assemblée provinciale du sud adopte les principes de celle du Nord. Mais, la ville des Cayes du Fond, où elle tient ses séances, a pour commandant Fierville, qui est dévoué à l'assemblée de Saint-Marc. Il s'est formé dans cette ville un prétendu club patriotique, qui se coalise avec le comité de l'Ouest, et soulève les esprits contre l'assemblée de la province. Ce club commence par faire notifier par Jean -Michel Rambaud et le comité paroissial les invitations aux habitants qui lui déplaisent de quitter incessamment la paroisse.

Rambaud s'entend peut-être avec ce club de colons blancs et révolutionnaires. Mais il reste fidèle à son roi, au chevalier de Mauduit et au gouvernement. D'ailleurs dans une lettre du club des Cayes au comité de l'Ouest, du 18 juillet 1790, qui fait suite à une lettre du président de l'assemblée du Sud à l'Assemblée nationale du 17 mai 1790, nous apprenons que le commandant pour le roi mérite le plus grand éloge par sa conduite avec le comité paroissial, qui nous a engager à travailler de concert au bien général et avec l'assemblée générale, qui a toujours applaudi à notre conduite. Ce commandant pour le roi est un certain Codere, qui est aussi le commandant de la garnison des Cayes et un partisan de Mauduit. Jean-Michel Rambaud est remplacé comme Président et il devient l'un des douze commissaires de la paroisse des Cayes. Il est bien entendu électeur, puis membre du Comité colonial de la dépendance du Sud. Ce comité correspond avec les treize paroisses de la dépendance du Sud[15].

Une lettre du club des Cayes au comité paroissial, du premier août 1790, peut faire croire qu'au moins aux Cayes la tension n'est pas extrême entre royalistes et révolutionnaires[16]. Mais il n'en n'est rien !

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Assassinat de Codiere (août 1790)[]

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Gravure représentant le massacre du colonel Mauduit.

Les Cayes sont sous l'influence de ce club, formé par des ennemis acharnés du gouvernement. Il se prononce pour l'assemblée coloniale de Saint-Marc, et lui donne une horrible preuve de son dévouement. Le 4 août 1790, un premier soulèvement a lieu aux Cayes. Le major Codiere, commandant de la garnison des Cayes, doit administrer pour Mauduit et le gouvernement français une confédération, qui couvre tout le sud à l'exception du district de Jéremie. C'est une raison suffisante pour déchaîner la rage effrénée contre le bénéficiaire. On l'accuse même de favoriser les Noirs. Les planteurs envahissent l'appartement de Codiere. Il l'arrache des bras de sa femme, tue son fils et aussitôt après défilent avec sa tête sanglante dans les rues. Le 4 mars 1791, c'est au tour du chevalier de Mauduit d'être assassiné à Port-au-Prince.

Avant cela le 7 novembre 1790, les hommes de couleur de l’Ouest et du Sud se rassemblent à la voix d’Ogé.

Le 29 août 1791 un troisième rassemblement des hommes de couleur a lieu dans l’Ouest et dans le Sud. Ils se confédèrent et se choisissent des chefs.

La province du Sud goûte néanmoins en paix les fruits de sa sagesse et de sa modération. Rambaud et certains autres élus ont réussi à permettre aux noirs de voter. Pourtant lorsque la nouvelle de l'incendie de Port-au-Prince, le 22 novembre 1791, est apportée tout change. Cet événement affreux, dont les deux parties accusent mutuellement, produit dans tous les esprits les sensations les plus vives. Il a les suites les plus fâcheuses.

C'est juste avant le soulèvement que Jean-Michel Rambaud demande la Croix de l'ordre Royal et Militaire de Saint Louis.

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Sa médaille de Saint-Louis (juillet 1791)[]

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Croix de chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis Thérèze Benoît de Rambaud.

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Gravure représentant Louis-Philippe-François Rouxel Blanchelande.

Le 9 juillet 1791, Jean-Michel Rambaud a l’honneur d’exposer Ses services afin qu’il plaise à Monsieur de Fleurieu, Ministre de la Marine, de lui faire obtenir de Sa Majesté, la croix de l’Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis. Cette grace ne fera qu’ajouter au zèle dont il est animé pour servir le roi et la patrie & sera un puissant aiguillon pour la mériter par de nouveaux services. Jean-Michel Rambaud résidant dans la ville des Cayes, partie du Sud de l’île & côte St. Domingue pense que sa demande va aboutir : Le demandeur fonde d’autant plus d’espoir sur les bontés de Monsieur le Ministre de la Marine que par les articles additionnels du décret du 5 février dernier, l’Assemblée Nationale a abrogé la disposition de l’article 13 de l’ordonnance du premier Janvier 1791 qui limite le nombre des croix de Saint-Louis à donner par année, dans chaque colonie.

Il observe en outre que pendant tout le cours de la guerre dernière, les milices ont fait aux Cayes le service des régiments coloniaux dont cette place était totalement privée. Et que même elles ont été dans le cas de repousser l’ennemi de dessus leurs côtes.

Du fait de l’éloignement de la métropole et des temps troublés, il demande une médaille que Louis XVI a du remplacer par la décoration militaire le 25 février 1791.

Sa demande est appuyée par le gouverneur de l’île, Blanchelande, qui a le grade de maréchal de camp. Selon le gouverneur :

Cet officier d’après les lois militaires est susceptible de la grace qu’il sollicite. Demurayne-Lalymonnière, commandant des troupes du sud de l’île vante ses mérites : Nous chevalier de l’Ordre Royal et militaire de Saint Louis Commandant des anciennes milices du Quartier des Cayes, certifions que le Sieur Jean Michel Rambaud nous a produit dans son tems, toutes les pièces à l’appuy du présent mémoire, qui constatent tant son service en France, que celui de la Martinique dont il nous a montré les certificats les plus avantageux. Attestons en outre que tout le tems que le Sieur Rambaud a servi sous nos ordres au quartier des Cayes, il s’est comporté avec le zèle et l’exactitude d’un bon officier. Aux Cayes le 25 juillet 1791.

Un certain, Reynaud, major de l’artillerie des colonies, assure le roi que :

Nous, Commandant des anciennes milices de la paroisse des Cayes certifions que le Sieur Jean Michel Rambaud a servi sous nos ordres et a toujours montré la plus grande exactitude dans le service, et s’est comporté avec tout le zèle d’un bon officier aux Cayes.

Le 31 juillet 1791, Jean-Baptiste Mongin-Doüence affirme :

Comme Commandant par intérim de la ville des Cayes et dépendances alentours veritable le contenu du memoire D’autre part aux Cayes le 1er août 1791.

Jean-Michel Rambaud fait deux demandes pour avoir cette décoration car son frère Benoît de Rambaud l'a eu, mais aussi son beau-frère, le futur amiral [ Georges Pléville Le Pelley]].

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Les débuts du massacre (août 1791)[]

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Gravure montrant les esclaves révoltés massacrant les blancs à Saint-Domingue.

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Gravure représentant un massacre de blancs à Saint-Domingue en 1791.

Quoique les blancs n'aient fait aucune disposition hostile, quoiqu'ils n'aient témoigné la moindre résistance aux intentions des hommes de couleur, ces derniers, égarés sans doute par des suggestions perfides, se livrent dès lors, aux excès les plus violents. Ils soulèvent et arment les esclaves. Ils imposent les lois qu'ils veulent à la ville des Cayes, à Cavaillon, à Jérémie. Ils s'emparent du fort Saint-Louis, la seule forteresse de la province du Sud. Je n'ai pas besoin de vous dire que le pillage et l'incendie marquent les traces de l'armée des hommes de couleur. Ils violent, tuent après les avoir torturés les blancs et leurs fidèles domestiques. Philippe François Rouxel, vicomte de Blanchelande, gouverneur de Saint-Domingue, n'arrive pas à réprimer complètement l'insurrection. Par différentes lettres et délibérations des Cayes, venant des districts, des gardes nationales et des gens de couleur de cette paroisse, nous savons que la municipalité demande à l'assemblée, un bâtiment pour renvoyer en France tous les blancs inconnus et suspects, détenus dans les prisons.

Du fait de la révolte des esclaves noirs de Saint-Domingue, les hommes de couleur, obtiennent le concordat de Port-au-Prince (11 septembre 1791) par lequel sont reconnus les droits des hommes de couleur libres, et leur égalité avec les blancs. Ce concordat est approuvé le 7 décembre 1791, par l'Assemblée nationale sur la proposition de Brissot, mais il ne s'applique qu'à la colonie de Saint-Domingue.

Dans ces conditions la position de Jean-Michel Rambaud n'est guère enviable. Dans la partie du Sud, Le Petit-Goave, Saint-Michel, Acquin, Cavaillon et divers autres lieux sont dominés par les gens de couleur. Ils se sont rendus maîtres, nous l'avons vu, du fort de Saint-Louis et dans ce fort un grand nombre d'entre eux se tient en armes. Un plus grand nombre s'est retiré dans une montagne, près la plaine du Fond, où ils sont également en armes. La plaine et la ville des Cayes sont menacées. Les planteurs et les citadins, craignant également l'incendie, ne voient d'autres moyens d'en retarder l'instant qu'en se laissant également dominer.

Fin 1791, dans le quartier de Plimouth et Plaine-à-Pitre, à la porte de la plaine du Fond, des blancs, des hommes de couleur s'entr’égorgent, et les esclaves révoltés massacrent des blancs. En peu de temps la révolte risque de gagner les plaines, où déjà des mouvements d'esclaves se déclenchent. Une étincelle est sur le point de produire un embrassement complet. Les blancs conçoivent de la méfiance contre les hommes de couleur, mais ils restent tranquilles. Les hommes de couleur se révoltent et ils courent aux armes.

Le 11 janvier 1792, des habitants et citoyens du sud réunis ont voté des remerciements, tant à la municipalité des Cayes, qu'aux commissaires nommés par elle, et à Mongin, maire d Acquin. Il est arrêté, en outre, à la demande des citoyens de couleur, qu'il sera nommé quatre commissaires, dont deux pris parmi les citoyens blancs, et deux parmi les citoyens de couleur, lesquels se transportent comme pacificateurs à assemblée de paroisse. Et sur la demande du maire d'Acquin, pareil nombre de commissaires sont nommés de la même manière pour se transporter à l'assemblée de la paroisse d'Acquin qui doit avoir lieu lundi prochain.

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Rambaud, président de l'assemblée de Cavaillon (janvier 1792)[]

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Lors de l'assemblée des citoyens de la paroisse de Cavaillon, tenue sur la demande des citoyens de couleur, représentés par les commissaires nommés de leur part Jean-Michel Rambaud est nommé président à l'unanimité. Il accepte cette charge. Jean-Michel possède une importante sucrerie dans cette paroisse.

Le 13 février le poste de Mery est enlevé dans la plaine des Cayes.

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Le massacre (mars 1792)[]

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Massacres d'officiers blancs par des noirs.

A Paris l'on commente à l'Assemblée ce qui se passe à Saint-Domingue. En mars 1792, des hommes de couleur et nègres libres, coalisés avec des blancs qui les font mouvoir, veulent l'indépendance de Saint-Domingue. Malgré les concordats, ils disent que la colonie leur appartient, et ils ont conçu le projet d'égorger tous les blancs, et de s'emparer du pays. Voilà à quoi leurs prétentions se portent.

Les massacres continuent tous les jours. Ils se rendent maîtres de la partie du Sud, où ils tuent au moins le tiers des habitants blancs. Léogane, le Grand et le Petit Goave, les Cayes, et plusieurs autres villes et quartiers sont le théâtre de toute espèce d'horreurs.

Une troupe formidable, du haut des mornes, menace la Plaine-du-Fond et la ville des Cayes où se sont réfugiés tous les blancs qui ont pu échapper à la flamme et au fer de ces scélérats. Ils ne tarderont pas à retomber entre les mains des assassins. Les femmes, les enfants, les vieillards ne sont nullement épargnés. Ils commettent des cruautés, des horreurs. Ils ouvrent le ventre des femmes enceintes, et ils forcent les maris, avant de les égorger, à manger les fœtus.

Voilà le spectacle affreux qui se présente tous les jours sous nos yeux. Tous les ateliers de la plaine du Fond, et enfin de toute la partie du Sud sont en révolte ouverte par l'effet des mulâtres. Au Port-de-Piment, où il y a 120 blancs avec beaucoup de femmes et des enfants, les deux tiers sont assassinés et le canon fait périr dans les flots ceux qui cherchent leur salut dans des embarcations.

Blanchelande, le gouverneur, prédit que les discours de l'abbé Gréqoire vont aboutir à la perte des colonies. Certains témoins affirment que les nègres ont à leur tête des blancs, probablement envoyés par les amis des noirs. De son côté Jean-Michel et ses collègues de la municipalité des Cayes se plaignent que la secte horrible des philanthropes trouve des appuis dans le gouvernement. Les blancs du Sud acceptant les noirs dans leurs assemblées sont devenus leurs ennemis du fait du massacre d'une partie des leurs.

Vers le milieu du mois de novembre, Paul de Cadush, député de l'Acul à l'Assemblée de Saint-Marc, vient aux Cayes. Son influence est des plus négatives, puisque la municipalité de cette ville subroge, dès le lendemain de son arrivée une assemblée de paroisse, qui a pour objet l'acceptation du traité de paix de la province de l'ouest. L'esprit de haine prévaut, et les citoyens de couleur, instruits des malheurs de leurs frères de l'ouest, pensent à leur sûreté et se campent à la ravine sèche, d'où ils ne veulent plus sortir malgré les concordats proposés et concertés par leurs ennemis.

Ils ne provoquent aucune hostilité,mais l'assemblée provinciale du sud, fidèle aux suggestions reçues et combinées, publie un arrêté, le 25 décembre, par lequel elle ordonne à tous les habitants blancs de se rendre dans la ville, suivis du dixième de leurs nègres, en armes. A peine quelques-uns participent à cette action qui risque d'envenimer encore plus les rapports entre blancs et noirs.

Des esclaves noirs assassinent plusieurs planteurs et provoquent la fuite de tous les blancs vers la ville. Les terres agricoles sont abandonnées. Heureusement les citoyens de couleur, toujours en armes et bien retranchés ne tentent aucune entreprise sur Les Cayes.

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La répression[]

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Combat entre grenadiers et noirs à Saint-Domingue.

La municipalité prend peur et ayant obtenu 500 hommes du régiment de Provence, elle abuse de ces forces, et rompant avec sa politique antiraciste, les dirige contré les citoyens de couleur. Ceux-ci doivent repousser une vive et longue attaque dans laquelle les pertes sont égales de part et d'autre.

Mais des blancs inhumains, ayant fait plusieurs prisonniers, commettent d'épouvantables atrocités. Un chef noir nommé Bleck, qui combattit généreusement pour sa cause a le malheur de tomber entre leurs mains et est roué de coup dans la ville des Cayes.

A leur tour les hommes de couleur arment les esclaves et imposent des lois à la ville des Cayes et à celle de Cavaillon... Partout leur armée se signale par les massacres, le pillage et l'incendie en 1792[17].

Selon des sources familiales, Jean-Michel Rambaud, est mort à la tête de gardes nationaux et de civils lors de combats avec des esclaves noirs. Ce qui est possible compte tenu des massacres et combats dans le sud de l'île.

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Son décès (1792)[]

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Sur l'état-civil des Cayes nous n'apprenons pas grand chose sur son décès :

jean Michel Rambaud âgé d'environ quarante Cinq Ans Natif de Marseille en provence. Chevalier de l'Ordre militaire de st Louis officier Municipal de cette Ville décédé hier dans la Maison du Sr Grand a été inhumé dans le Cimetière de Cette paroisse Ce jourdhuy quatorze juin mil Sept Cent quatre Vingt douze.

Jean-Michel Rambaud meurt le 13 juin 1792 et est enterré au cimetière des Cayes en présence de notables du sud de l'île de Saint-Domingue, dont le maire des Cayes et les officiers municipaux. Nous ne connaissons pas les raisons de sa mort. Nous savons seulement qu'à cette époque les noirs se sont insurgés dans cette région et ont massacré de nombreux blancs. L'officier d'état-civil ne sait pas son âge qui est de 55 ans. Cela veut dire que soit que son rédacteur ne le connaît pas, soit que Jean-Michel triche sur son âge. De toutes façons il a toujours fait 10 ans plus jeune que son âge. L'acte ne dit pas non plus qu'il est capitaine, ce qui est la règle, peut-être de peur que ses restes soient profanés. Par contre il est étonnant qu'on lui attribue la croix de chevalier de Saint Louis. Comme il n'est pas possible à un militaire en activités d'arborer une fausse décoration, il a du recevoir cette médaille en même temps que sa deuxième demande. A l'époque Saint-Domingue ne reçoit le courrier parfois un ou deux mois après son départ de Paris. Il est enterré le 14 juin 1792 au cimetière des Cayes. Je suppose que sa tombe n'existe plus.

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NOTES ET RÉFÉRENCES[]

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  1. Secrétariat d'État à la Marine - Troupes et personnel civil F° 84.
  2. Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, dépôt de Marseille, sous la cote 119 E CC2. Cadastre de 1707. f° 233v et f° 243v.
  3. P 415 V, Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790: Bouches-du-Rhône. Archives civiles. Série B, Impr. et librairie administratives de P. Dupont, 1932.
  4. La Provence au XVIIIe siècle: La vie économique, Paul Masson, Librairie Hachette & cie., 1936, v. 3.
  5. Histoire des hopitaux et des institutions de bienfaisance de Marseille, Volume 2, Augustin Fabre, Impr. et lithographie de J. Barile, 1855.
  6. Histoire du commerce de Marseille: De 1660 à 1789; les colonies, ..., Chambre de commerce et d'industrie de ... - 1949.
  7. Négociants marseillais au XVIIIe siècle, contribution à l'étude des économies maritimes, Charles Carrière, Institut historique de Provence 1973, p. 937.
  8. Histoire du commerce français dans le Levant au XVIIIe siècle, Paul Masson 1911, p.494
  9. Relevé, par ordre chronologique, des testaments et donations au profit de l'Hôtel-Dieu. Testament de Jacques Busson, par lequel il laisse la moitié de son héritage à l'hôpital. Années extrêmes 1751.
  10. Les milices et les troupes provinciales, Volume 1834, Léon Clément Hennet, Léon Clément Hennet, L. Baudoin et ce, 1834.
  11. Cannon's Historical Record of the Forty-Sixth or the South Devonshire Regiment of Foot, publié à Londres en 1851.
  12. La Gazette de France. Imprimerie de la Gazette de France, 1764.
  13. Edouard Charton, Le Tour du monde : nouveau journal des voyages, Hachette, 1860-1914.
  14. Saint-Domingue- étude et solution nouvelle de la question haïtienne, A. Bertrand, 1846, p. 42.
  15. Cahiers de doléances de la colonie de Saint-Domingue pour les États généraux de 1789, Librairie E. Leroux, 1933, p.399.
  16. Revue de la Société haïtienne d'histoire et de géographie, Numéros 132-137, 1981.
  17. Précis historique de la révolution de Saint-Domingue- Réfutation de certains ouvrages publiés... L. J. Clausson, BiblioBazaar, 2010, p. 81.
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