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                             Abbaye Saint-Corneille



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Abbaye Saint-Corneille.

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Plan de Compiègne au XVIIe s.

L’abbaye Saint-Corneille de Compiègne (876-1790), située à 75 km au nord de Paris, dans le pays de Valois, s’appelle tout d’abord Sainte-Marie ou Notre-Dame. Elle est rebaptisée par la suite Saint-Corneille et est connue également sous le nom de Saint-Cyprien.

Cette abbaye impériale et royale est fondée par Charles le Chauve dans son palais de Compiègne. Dédié à Marie (diplôme du 5 mai 877), le monastère est fondé avec la volonté d’imiter la chapelle palatine d’Aix, volonté qui s’exprime dans le diplôme de fondation[1]. L'abbaye est consacrée par un pape, et honorée par la présence de plusieurs Conciles. L’importance de l'abbaye a ville se voit également à travers la succession de sacres et d’enterrements de souverains qui s’y déroulent. Ainsi, durant cette période, Louis II dit le Bègue en 877, Eudes en 888, Louis V en 986, sont sacrés à Compiègne, puis Louis II en 879 et Louis V en 987 y sont enterrés [2]. Les institutions canoniales du nord, quelque importantes qu'elles soient, sont éclipsées par la fameuse abbaye de Saint-Corneille[3].

L’abbaye Notre-Dame est l’équivalent pour cette dynastie de l’abbaye Saint-Denis pour les Capétiens. Quand ces derniers prennent le pouvoir, c'est en son sein qu'une assemblée reconnaît roi Hugues Capet. Mais, après 987, l'influence de l'abbaye diminue et devient presque uniquement provinciale. Toutefois, aux yeux des princes comme du peuple, elle reste, du fait de son passé et de ses précieuses reliques, une illustre abbaye royale. L'histoire de la ville de Compiègne et du Comté de Valois est étroitement liée à celle de son abbaye. Le palais, pôle civil, et la collégiale, pôle religieux attirent vers eux les habitants de Compiègne menacés lors des raids normands et, vraisemblablement, sont à l’origine d’un développement d’un habitat civil autour des bâtiments royaux, à l’intérieur de l’enceinte et du lotissement de la couture Charlemagne (nom donné au XIIIe siècle à une couture donnée par Charles le Chauve) par les chanoines de la collégiale Saint-Corneille[4].

Les rois et les papes doivent sans cesse les protéger ou plus rarement modérer leurs ambitions. Tout au long du XIe siècle le chapitre de Saint-Corneille reste soutenu par les rois : les donations sont confirmées, divers conciles ont lieu et les inhumations royales se poursuivent dans l’église, comme celle, en 1031, de Robert le Pieux[5].

Quand les chanoines font place, en 1150, à des moines de l'ordre de Saint-Benoît, Des tensions demeurent, mais aussi Des intérêts en commun. Les moines ont des rapports conflictuels avec les puissants seigneurs locaux et les évêques de Soissons.

L’abbaye recèle toujours, à la Renaissance, de nombreuses reliques, des drapeaux pris à l’ennemi, et reçoit des princes et des reines. Elle a même ses huit barons fieffés. Les abbés détiennent une puissance durable dans la moyenne vallée de l’Oise et à Compiègne.

Toutefois le régime de la commende et la réunion de sa mense à l'abbaye royale du Val-de-Grâce vont provoquer son déclin. La Révolution de 1789 met fin à son histoire presque millénaire. L’abbaye royale, encore riche et célèbre, Panthéon de Compiègne est profanée, pillée et laissée à l’abandon, en 1793. Les derniers vestiges de l'abbaye seront bombardés en 1940 par l'aviation nazie.

NAISSANCE ET APOGÉE DE L'ABBAYE

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La fondation de l’abbaye Notre-Dame de Carlopolis

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Avant la fondation

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Le palais de Verberie, près de Compiègne.

D’après les Annales de saint Bertin, une collégiale succède à l’ancien oratoire du Compendium palatium. Ce palatium fréquenté par les Carolingiens, dès 755, se situe à côté de la collégiale Saint-Corneille sur le sommet de l’éperon et à l’intérieur d’un espace fortifié au moins après 877[6].

Pépin le Bref rassemble un concile à Compiègne en 757. Ce prince fait placer dans la chapelle du palais le premier orgue connu en France, un cadeau de Constantin V, l’empereur d'Orient[7]. Compendium a déjà une importance considérable, en Francie occidentale, dès avant la mort de Clotaire en cette ville, en 561.

Selon l'abbé Merlette la fondation de la Basilique Saint-Denis remonte bien avant les échecs de Charles le Chauve pour récupérer la capitale Aix-La-Chapelle. D’une part, il est bien évident qu’une construction aussi somptueuse n’a pas été réalisée en quelques mois durant l’hiver 876. D’autre part, nous avons des textes, notamment les Annales brèves de Laon, passées ensuite à Saint-Maximin de Trèves. En 865, elles relèvent que le roi Charles, par l’intermédiaire du prêtre Hédénulfe, plus tard évêque de Laon, rassemble des clercs pour le service divin, sous la règle canoniale, dans le coenobium royal qu’il vient de fonder. L’auteur de cette notice est Mannon, maître de l’Ecole palatine puis de l’École épiscopale de Laon, qui note par ailleurs la date de sa naissance[8].

Or, nous constatons qu’à partir de 866, le roi célèbre habituellement Noël à Compiègne et Pâques à Saint-Denis. Cette relative sédentarisation suppose le récent achèvement de la basilique. Et d’autre part, la Bulle d’or de 877 confirme diverses donations antérieures à un collège canonial préexistant[9].

La fondation (876)

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Charles le Chauve et des moines de Tours.

Sacré empereur à Rome, à la Noël 875, Charles, résigné pour Aix, fait de Compiègne Carlopolis , le substitut d’Aix-la-Chapelle, aux termes de la fameuse Bulle d’or du 5 Mai 877, dont le legimus tracé au cinabre, imite les usages de la chancellerie impériale byzantine. Il donne un statut, en 876, à la Chapelle Sainte-Marie, qui devient la collégiale Sainte-Marie, puis l’abbaye Notre-Dame de Karlopole, SS. Cornelius et Cyprianus Compendiens, ou Compendiense Monasterium[10]. Il établit à l'emplacement de l'ancien palais mérovingien, tandis que lui-même se fait construire un nouveau palais situé vers l'Oise, auquel l'abbaye sert de chapelle impériale. Il s'inspire fortement du modèle de palais de son grand-père Charlemagne, à Aix-la-Chapelle[11]. Le regroupement des différents bâtiments est nécessaire à l'exercice du pouvoir et à la vie d'une cour (dont l’aula pour la réception, des bâtiments d'habitation, et une chapelle pour que l'empereur et sa cour assistent à l'office divin et qu'il puisse légitimer son pouvoir spirituel et abriter son futur tombeau). Le plan de l’église fondée par Charles le Chauve est-il octogonal comme le décrit J. Scot Erigène, à l’image de la chapelle palatine d’Aix ?[12].

En tous les cas quarante jours après le diplôme de fondation le Capitulaire de Quierzy nous dit que le monastère est construit, ce qui confirme que les travaux ont commencé bien avant 876 [13].

Si quelques clercs et notaires continuent d’accompagner le roi dans ses déplacements, désormais, les services de la monarchie sont fixés à Compiègne, qui devient une véritable capitale : clercs de la chapelle, notaires de la chancellerie, maîtres de l’école, échevins du tribunal palatin, cumulant souvent plusieurs fonctions; sans oublier une école où les fils de famille se préparent aux grandes charges de l’Eglise et de l’Etat[14]. Charles le Chauve établit progressivement à Compiègne le siège principal de son autorité royale, puis impériale. Le palais de Verberie n'est pas très éloigné de Compiègne.

Lors de la fondation de la collégiale Sainte-Marie, en 877, Charles le Chauve donne à la communauté la totalité du marché annuel de Venette[15]. Il dote le nouveau monastère d'une partie du domaine royal.

Les reliques

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Arrivée des reliques du Saint Signe, de saint Corneille et de saint Cyprien (875).

A Compiègne trois ensembles de reliques : le Saint Signe (= le Saint Suaire du Christ), les restes de saint Corneille et de saint Cyprien. D’abord déposés par Charlemagne dans le trésor d’Aix la chapelle, sont transportées à Compiègne à la demande de Charles le Chauve pour en doter la collégiale qu’il fait édifier et qui sera dénommé Saint Corneille. La rencontre entre le cortège, le clergé et les notables de Compiègne a lieu dans la forêt de Compiègne au lieu-dit La Croix du Saint-Signe. Chaque relique est transportée sous trois dais, le deuxième étant celle du Saint Suaire. Ce dernier disparaîtra durant les troubles révolutionnaires[16].

De Rome, les reliques de saint Corneille sont apportées en 877 par Charles le Chauve à l'abbaye Saint-Corneille de Compiègne. Le culte est également répandu dans le Maine (Saint-Corneille), en Normandie (Saint- Cornier), en Bretagne et en Rhénanie[17].

L'inauguration du monastère royal de Compiègne en 877, fait que soixante-douze évêques se réunissent à Compiègne et que le pape Jean VIII, avec l'empereur, préside cette assemblée, pour que soit consacrée l'église de Saint-Corneille[18]. Le Pape Jean Vlll l'exempte de la juridiction de l’Évêque diocésain.

Charles le Chauve est surnommé le chauve, non en raison d’une calvitie, mais parce que ce 5 mai 877, jour de la consécration de la collégiale Sainte-Marie, future abbaye Saint-Corneille, il s’est fait raser le crâne en signe de soumission à l’Église catholique romaine, et ce, malgré la coutume franque exigeant qu’un roi ait les cheveux longs.

Le roi met 100 chanoines dans cette abbaye[19]. Provenant d'Aix-la-Chapelle et donné par Charles le Chauve[20], le Saint-Suaire de Compiègne est conservé dans l'église Saint-Corneille de Compiègne jusqu'en 1840, date à laquelle la maladresse d’une servante qui voulut lui rendre sa première blancheur le fit tomber en bouillie dans une cuve d’eau chaude[21].

Les premiers abbés

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L'archevêque Hincmar.

Et Charles le Chauve estime que ces grâces purement temporelles ne suffisent pas pour décorer cette église naissante. Outre le transfert de précieuses reliques, il demande au pape Jean VIII d’accorder des privilèges qui vont devenir célèbres à l'Église de Compiègne[22].

L’abbé Merlette relève les noms de quelques personnages dont il a retrouvé la trace dans les actes. Le premier dignitaire est le prepositus (= prévôt) : c’est d’abord Hédénulfe, qui devient évêque de Laon (876 - 882) ; puis Canelon, qui donne son nom au Mont-Canelon (?) ; puis Rothard, qui devient évêque de Meaux (936-947). On connaît aussi le chantre de Chartres, Fulbert[23].

Le premier abbé de Saint-Corneille est Hincmar de Reims (806-882), futur archevêque de Reims[24]. La dernière partie des Annales de saint Bertin est rédigée par Hincmar[25].

Le chantre Jean est évêque de Cambrai et meurt en 878. On relève dans son épitaphe le thème de Pogdoade, que développe le poème de Jean Scot. Cela peut amener à penser que les deux personnages n’en font qu’un, mais cela reste problématique[26].

Les successeurs de Charles le Chauve, les Carolingiens de Francie occidentale vont continuer à considérer leurs palais de Compiègne et de Verberie et cette abbaye comme les successeurs du palais d'Aix-la-Chapelle et de la chapelle palatine.

Du temps des Carolingiens (877-987)

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Louis le Bègue

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Sacre de Louis le Bègue (877).

Louis le Bègue, fils de Charles le Chauve, dirigé par l’archevêque de Reims, Hincmar, abbé de Saint-Corneille, convoque les grands vassaux à Compiègne. On consent au couronnement de Louis. Il est sacré en 877 par Hincmar, qui veut que cette cérémonie se passe dans l’église de Saint-Corneille dont il est l’abbé. Comme son père, Louis-le-Bègue aime séjourner au Palais de Compiègne. Il veut y vivre et y mourir. Selon son dernier vœu, il est inhumé, en 879, dans l’église de Saint-Corneille, où il t fait placer, au haut du chœur, la statue de Charles-le-Chauve[27].

Les statues de Charles le Chauve, de Charles le Simple, de la reine Frédérine, sa femme, de l’empereur Louis II, de son arrière-petit-fils Louis V, et de quelques autres rois, vont décorer l’église de Saint-Corneille. Ces statues sont de bois doré. En 1793, après les avoir affublées d’une hotte, on en fait un feu de joie sur la place du Marché[28].

Nous avons le Cartulaire de l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne. 1. 877-1216 / publié par le chanoine Morel, pour mieux connaître l'abbaye à ses débuts.

L'abbaye à ses débuts

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Charles le Simple, denier, Compiègne

L'abbaye prend, du temps des successeurs de Louis le Bègue et Charles le Chauve, une grande importance, et acquiert d'immenses richesses. La ville se bâtit à l’ombre de l’abbaye. Elle est gouvernée par des prieurs et des doyens[29].

Les chanoines ont le droit de battre monnaie. Charles le Simple, roi de 898 à 922, confirme la donation que Frédérune, sa femme, avait faite à l'église de Compiègne de la moitié de la monnaie dans la ville de Cainsei, ou plutôt dans celle de Ponthion, ancien palais de nos rois[30]. Une tour de la Monnaie est visible sur des gravures de l’abbaye et citée dans de nombreux textes à l’angle du jardin potager de la collégiale Saint-Corneille, après l’alignement des maisons des chanoines[31]. Par ce droit à la moitié de la monnaie, il faut certainement entendre le partage des bénéfices que procure l'émission du numéraire, ou bien le droit de frapper un nombre de deniers et d'oboles égal à celui que le château met en circulation. Il n’existe pas de monnaie avec le nom de Saint-Corneille ou de quelque abbé.

Destructions et reconstructions

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Cartulaire de L'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne. 1. 877-1216 / publié par le chanoine Morel

C'est à Compiègne que se réunit, en 888, l'assemblée des seigneurs et des évêques, qui élit pour roi de la France occidentale le comte Eudes, célèbre par la défense de Paris contre les normands sous le règne de Charles le gros[32].

L’abbaye est toutefois détruite en partie par les Vikings, en 882, et incendiée en 912 et en 916[33]. Elle est relevée par Charles le Simple [34] (diplômes de 898 et 917). On ne connaît pas précisément les bâtiments qui accompagnent cette église. D’après les dégâts occasionnés par les invasions normandes, on sait qu’il y a au moins un cloître. Plusieurs éléments appartenant à la collégiale et au cloître comme la tour Saint-Michel, la tour César et la salle d’audience pourraient ne dater que du Moyen Âge classique. Lors des fouilles de la Place du Marché, des fragments de marbre, dont quelques uns en porphyre rouge et vert, sont trouvés à proximité de l’abbaye Saint-Corneille. D’autres sont signalés, en 1972, par J. Philippot, lors d’observations faites pour la remise en état du Cloître Saint-Corneille, travaux effectués sans doute entre 1939 et 1945. Ils peuvent provenir d’édifices richement décorés, peut-être le cloître et la Cour-le-Roi, détruits lors des incursions normandes. Les couches archéologiques détruites par le creusement des tombes contenaient de la céramique carolingienne. En outre, sous des maçonneries attribuées au XIVe siècle, on a découvert un mur en petit appareil recouvert d’un mortier imitant ceux de la période gallo-romaine. C’est peut-être ce mur que C. Heitz attribue aux fondations de l’église. D’autres sondages fait dans la cave sous la bibliothèque municipale, ce qui correspond à la galerie sud du cloître où se trouvent à cette époque la cuisine, une salle à manger, une autre salle et un bûcher[35].

À partir de 917, l’église prend progressivement la titulature de Saint-Corneille, après sa réédification. Elle reçoit de nombreuses donations, dont la Couture Charlemagne et d’autres situées dans les régions environnantes.

Par un diplôme du 5 novembre 918, Charles-le-Simple, après avoir richement doté l’église de Saint-Clément, y établit une communauté de chanoines, chargés d’y faire l’office nuit et jour, et de prier pour les personnes royales, principalement pour la défunte reine. C’est créer un chapitre rival du chapitre de Saint-Corneille, et les querelles religieuses qui suivent, ne prouvent que trop l’imprudence de cette nouvelle fondation[36].

L'abbaye Saint-Corneille doit choisir des avoués ou défenseurs. Elle se met d'abord sous la sauvegarde des comtes de Champagne, qui sont de la Maison de Vermandois à cette époque et ensuite sous celle des seigneurs de Roucy[37].

Du temps des derniers Carolingiens

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Sacre de Louis V à Compiègne (979).

L'ordre monastique des chanoines réguliers, dont la discipline s'est relâchée au milieu des guerres et des révolutions, appelle en 816 l'attention de Louis le Pieux (778-840). Au mois de septembre de cette année, ce monarque invite les évêques réunis à Aix-la-Chapelle à rédiger une règle pour les chanoines[38].

Gautier, archevêque de Sens, confère la royauté par l'onction à l'élu des grands, le 29 février 888, en l'abbatiale Saint-Corneille de Compiègne, à Eudes, un Robertien. Gautier s'empresse de faire cesser l'anarchie et contester officiellement le pouvoir acquis par Gui de Spolète[39]. L'abbaye est dite basilique en 932[40].

En 978, le roi Otton II du Saint-Empire pille le palais et l'abbaye de Compiègne en représailles de l'attaque de son palais à Aix-la-Chapelle[41].

Le dimanche de Pentecôte, 8 juin 979, Lothaire associe son fils, Louis V, au trône, et le fait couronner à l'abbaye Saint-Corneille de Compiègne par Adalbéron, archevêque de Reims. Louis V de France est inhumé en l'église de l’abbaye Saint-Corneille de Compiègne, en 987.

Les rois sont par la suite couronnés presque toujours dans des cathédrales. Compiègne n’est plus le centre de la Francie Occidentale, qui est désormais situé plus au sud. Néanmoins les premiers Capétiens vont faire de multiples dons et des concessions à l’abbaye royale.

Du temps des premiers Capétiens (987-1150)

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Du temps de Hugues Capet

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Sacramentarium ad usum Sancti Cornelii Compendiensis (1000-1050).

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Constance d'Arles, bienfaitrice de la collégiale.

C’est dans l’abbaye que des assemblés reconnaissent roi Hugues Capet. Le changement de dynastie se joue entre trois villes, où l’abbaye est très présente et puissante : Compiègne, Senlis et Noyon. Mais si Hugues porte la cappa, il n’est pas pour autant abbé laïc de l'abbaye de Compiègne et désormais le centre de gravité de la Francie occidentale se situe entre Paris, Orléans et Reims. Cette rivale va triompher de Compiègne.


Parchemin : Sacramentarium ad usum Sancti Cornelii Compendiensis (1000-1050)


Certes, Constance d’Arles, reine de France par son mariage avec Robert II donne à l’abbaye un très important domaine à Verberie pour le repos de l’un de ses fils, Hugues II (1007-1025), qui est sacré roi en 1017. Mais c'est un roi qui n'a pas régné qui est inhumé dans l’abbaye Saint-Corneille de Compiègne, huit ans plus tard[42]. Comme Saint-Denis est la nécropole des rois capétiens cela ne peut s'expliquer que par le fait qu'il est au château de Compiègne Le roi est mort[43]. Il est dit en son temps fleur de chevalerie, la beauté et ornement de jeunesse[44].

Le roi Robert séjourne souvent à Saint-Corneille. Il y donne l'exemple d'une grande humilité, se revêtant d'un cilice pour distribuer lui-même des vivres aux pauvres, et leur laver les pieds[45]. Le Roi Robert donne beaucoup de biens à ce monastère.

Compiègne et une grande partie des biens de l’abbaye sont situés dans le minuscule domaine royal et dépendent d’un prévôt.

En 1048, le roi Henri Ier de France, las des nombreuses plaintes contre les pillages des prévôts concède aux clercs de Sainte-Marie la prévôté royale de la ville de Compiègne[46]. Henri Ier est l'un des bienfaiteurs de l'abbaye Saint-Corneille[47].

L'abbaye jouit toujours de droits très honorables conférés aux Abbés de saint-Corneille, comme de porter la crosse, la mirre & l'anneau, d'officier pontificalement, de conférer la tonsure & les ordres mineurs. Charles le Simple, on l'a vu l'a fait rebâtir, et a soumis à sa juridiction l'église collégiale de Saint-Clément, que la Reine Frédérune, son épouse, avoit fondée pour y enterrer les pauvres & les pèlerins.

Du temps de Philippe Ier

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Vestiges de l'abbaye de Saint-Corneille.

Le roi Philippe Ier de France (1052-1108) convoque, en 1085, un concile pour examiner les plaintes de l'évêque de Soissons contre les immunités de cette abbaye. Renauld Ier du Bellay, archevêque de Reims (1083-1096) métropolitain[48] demande à dix évêques et dix-neuf abbés d’être présents[49]. Non seulement, le roi et le métropolitain de Reims leur confirment par une charte tous leurs privilèges, mais ils leur accordent aussi le pouvoir d’empêcher toute construction de tour ou de forteresse dans leur terroir de Compiègne en 1092[50]. Toujours en 1092, il place sous l’autorité de Saint-Corneille, les églises de Saint-Germain et de Saint-Clément. L'année suivante, Philippe Ier assiste avec tous les évêques du royaume à la translation du Saint Suaire, dans la magnifique châsse d’or, présent de Mathilde, reine d’Angleterre[51]. Indépendamment de cette châsse d’or, le trésor de Saint-Corneille renferme un grand nombre d'objets précieux : la croix d’or de Charlemagne, cinquante-deux reliquaires de toutes formes, des statues, des bras d’or ou de’argent, des boîtes, des vases, des vaisseaux garnis de pierreries, des plats d’argent, des cristaux, des médailles, des couronnes, une main de justice qui est portée, dans les grandes solennités, par deux appariteurs vêtus d’une casaque à l’antique de velours bleu aux armes de l’abbaye; un cor très-ancien, dont on prétend que saint Corneille se servait pour convoquer les fidèles, avant l’invention des cloches; une statue de la Vierge, et divers manuscrits, parmi lesquels on remarque un vieux missel des abbés de Saint-Corneille[52].

Désormais, les chanoines doivent lutter aussi contre les prétentions des grands seigneurs des environs. Philippe Ier de France, par exemple, doit exiger qu’on leur rende six métairies[53] et doit confirmer leurs droits de voierie à Longueil et Sacy-le-Grand.

Sous le règne de ce souverain Roscelin de Compiègne (1050-1120) est le chanoine de cette abbaye. C’est un philosophe scolastique français, considéré comme le fondateur du nominalisme et le maître d'Abélard. Depuis longtemps les communautés monastiques cherchent à réformer les mœurs. Deux chartes de 1110 et 1125 défendent aux clercs de l’abbaye Saint-Corneille, engagés dans les ordres sacrés d’avoir des femmes.

Du temps de Louis VI le Gros (1081-1137)

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Louis VI

Sceau de Louis VI.

Louis VI le Gros (1081-1137) décède au château de Béthisy-Saint-Pierre, situé dans la vallée de l'Automne, en forêt de Compiègne, entre Senlis et Compiègne, dans le comté de Valois[54], maintient de nouveau l’abbaye en possession de droit de battre monnaie, en 1120.

Une charte de Louis le Gros datant de 1118 déclare homme libre quiconque est chanoine de Compiègne pendant cinq ans[55]. Des membres de la familia royale entre dans l’état ecclésiastique dans cette abbaye sans consulter le roi. Et ce roi ne fait rien pour empêcher cela. Au contraire, il déclare que la ville de Compiègne est l’objet de la prédilection des rois de France, qui y séjournent, à cause de la dignité de son éminent sanctuaire et sa grande fréquentation[56].

Dans une Bulle pontificale, en 1118, le pape Calixte II expose d'abord que suivant la suite des titres de l'église de Compiègne, elle appartient singulièrement au siège de Rome, et se trouve soumise à son autorité seule. Le pape confirme tous ces privilèges, et en conséquence, il permet au chapitre de Compiègne d'excommunier ceux qui, par une entreprise téméraire, attenteraient à ses droits, et n'absoudre que ceux qui auraient réparé leurs injustices. Cette Bulle pontificale défend également aux chanoines de reconnaître d'autre juge que le pape ou son légat, et il veut qu'ils demeurent exempts de toute soumission envers tous évêques et autres personnes : Liberi maneatis[57].

Suger rapporte que Louis VI, dit le Gros, après avoir visité son royaume, fixe sa résidence à Compiègne. La charte célèbre de commune, donnée aux habitants de Laon, est datée de ce lieu en 1128. Deux années après, le pape Innocent II, forcé de s'exiler, est reçu avec de grands honneurs par le roi et les habitants de Compiègne[58].

Un missel du XIIe peut encore parler sans se tromper de la Major Ecclesia de Compiègne. Mais, les chanoines réguliers de Saint-Corneille oublient un peu trop l’enseignement du Christ. Mais, Louis VI rappelle à nouveau aux chanoines qu’ils ne doivent pas être mariés, ni avoir de concubines, même si leurs vices aux yeux de leurs contemporains ne s’arrêtent pas là. Les causes de leur grandeur, leurs richesses, deviennent celles de leur décadence. En effet, l'abbaye Saint-Corneille ne tarde pas à déchoir de son ancienne importance[59]. L'abbé Suger va devoir remettre de l’ordre dans ce puissant établissement religieux.

D’après les fouilles la disparition du palais royal de Compiègne peut dater du XIIe siècle. Cependant, il n’est pas possible d’attribuer formellement certains habitats à la résidence royale[60].

L'abbé Suger (1150) et bénédictins

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Sugerius de Saint-Denis (+ 1151).

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Eglise de Saint-Corneille.

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Plaque indiquant l'emplacement de l'abbaye.

L'abbé Suger va devoir remettre de l’ordre dans ce puissant établissement religieux.

Les chanoines sont les principaux responsables de la mise en place des infrastructures urbaines à Compiègne, de la léproserie et des grands défrichements. Leur présence enrichit la ville, car ils attirent les pèlerins venant toucher les reliques. Ils accueillent les princes et obtiennent de nombreux privilèges pour les foires, ce qui enrichit considérablement les habitants de la cité.

Comme ses prédécesseurs, Louis VII dote l’insatiable abbaye de Saint-Corneille de nouveaux privilèges. Il obtient du pape Alexandre III une bulle qui confère à cette abbaye tout pouvoir sur l’hôpital, sur les églises Saint-Clément, Saint-Germain, Saint-Pierre, enfin sur toutes les autres chapelles de la ville et sur les léproseries. Mais il ne tarde pas à se repentir de tant de prodigalités. Pendant un séjour qu’il fait à Compiègne, du mois d’août au mois de novembre 1179, le roi est obligé de sévir contre ces mêmes chanoines, que à l’exemple de ses prédécesseurs il venait de combler de biens et de puissance[61].

Suger de Saint-Denis (1080 - 1151), premier ministre du roi Louis le Jeune, dit qu’il faut remplacer le camp du diable par le camp de Dieu[62].

L'Eglise des chanoines est placée sous le vocable de Saint-Corneille est connue également sous le nom de Saint-Cyprien. Saint Corneille est connue également sous le nom de saint Cyprien[63]. Vers 1140 les travaux de reconstruction de l'église commencent. Ils ne se terminent qu'en 1180/1190 du fait de l'arrivée des moines bénédictins, venant de la rivale Saint-Denis, remplacer les chanoines réguliers. Les tombes sont placés à côté du maître-hôtel[64].

Philippe de France (1132-1161), un des frères du roi, qui est chanoine et Trésorier de cette abbaye, refuse de transmettre son trésor au premier abbé. Le pape Adrien IV et un autre frère du souverain, Henri de France (1121-1175), évêque de Beauvais doivent l’exhorter à obéir[65]. Un accord est obtenu. Il prévoit que les chanoines conservent leurs prébendes jusqu’à leur mort et l’abbaye ses biens et ses privilèges.

Le roi, qui a vu les abbés séquestrés par les chanoines et secourus par les bourgeois de Compiègne, érige en 1153 la Commune de Compiègne, pour redonner le pouvoir politique aux laïcs.

Une bulle d'Adrien IV porte confirmation des privilèges et possessions de Saint-Corneille de Compiègne, en 1159.

Pendant le règne de Louis VII le Jeune, l'abbé de cette abbaye est Eudes de Deuil. Il ne veut pas du pouvoir seigneurial usurpé par les chanoines, mais doit batailler ferme pour récupérer le trésor de l’abbaye, mais aussi des biens de l’abbaye dont s’étaient emparés des maires, comme celui de Mesvilliers ou de Doulaincourt. Eudes de Deuil doit faire face à une quasi-absence de dons et affronter les évêques de Soissons.

Ses successeurs sont pendant longtemps tirés de l'abbaye Saint-Denis. Ensuite, on les choisit entre les religieux de l'abbaye même. Certains d'entre eux sont des membres de la Maison d'Estrées, d'autres de celle de Châtillon[66].

Les Bénédictins font prospérer l'abbaye.Les abbés dépendent directement du pape. En 1160, une bulle pontificale d'Alexandre III institue l'abbé de Saint-Corneille de Compiègne juge des ecclésiastiques de la ville[67].

En même temps, par une autre bulle pontificale, ce pape impose certaines obligations aux anciens chanoines de Compiègne. Une troisième Bulle d'Alexandre III confirme aux religieux de Compiègne tout ce qu'avaient possédé les chanoines, en 1163, tandis qu'une quatrième décision papale en 1165 maintient aux religieux de Saint-Corneille de Compiègne leur juridiction sur l'hôpital. Le 29 mars 1170, Alexandre III écrit à l’archevêque de Reims, Henri Ier, frère du roi de France Louis VII, pour le prier de protéger les religieux de l’abbaye Saint-Corneille de Compiègne.

Les moines doivent lutter contre les empiétements de leurs ennemis, les bourgeois de Compiègne, l’abbé de l'abbaye Saint-Memmie de Chalons sur Marne ou de leur ami le seigneur de La Tournelle. Il menace les ennemis des moines d'excommunication. L’année suivante, ce Pierre de la Tournelle, seigneur de Rollot, est accusé d'extorsion, tandis que l'abbé de Saint-Corneille est accusé de détournement. En d'autres termes, Pierre vole ses concitoyens pour son profit personnel, et l'abbé n'est pas plus clair dans cette sombre histoire.

Sous le règne de Philippe Auguste

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Vestiges de l'abbaye.

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Cloître Saint-Corneille.

Philippe II Auguste est très généreux avec l’abbaye. Par un acte de 1185, il lui accorde le droit de faire durer la foire annuelle de cette ville pendant quinze jours. Nous avons trois autres chartes de Philippe Auguste en faveur de Saint-Corneille de Compiègne, datant de 1186, 1187, 1189 et des lettres de 1180, de Guillaume aux Blanches Mains, archevêque de Reims, adjugeant la possession de Cuise à l'abbaye de Compiègne[68]. Un diplôme du roi, datant de 1201, confirme les conventions faites entre l'abbaye Saint-Corneille de Compiègne et la commune de cette ville, au sujet de la place dite La Cour du Roi, située près de l'église. Les religieux s'y réservent la justice pendant les trois jours de foire de la mi-carême. La commune promet à l'abbé que les autres foires de l'année finies, elle enlèvera de la place les étaux et échoppes qui y auraient été construits, et payera à l'abbaye 100 sols parisis de prestation annuelle.

Dans une charte d’août 1201, Jean, maire de Compiègne, et toute la commune, confirment les conventions faites par-devant le roi Philippe Auguste, entre la commune et l'abbaye Saint-Corneille de Compiègne, au sujet de la place de cette ville [69]. Cette année-là un autre concile se tient dans l’abbaye. Mais les bourgeois de Compiègne ne sont pas prêts à tout accepter. Dans une charte du maire et des jurés de Compiègne, datant de 1206, il est question d'un traité fait entre eux et les religieux de Saint-Corneille de Compiègne, relativement au droit de rivage sur l'Oise. Les bourgeois contestent ce droit, ne voulant y être tenus que pour le vin.

Avec les évêque de Soissons, les luttes pour savoir qui exercent le pouvoir sur la ville et la vallée de l'Oise continuent. Une bulle de Célestin III, pape de 1191 à 1198, confirme l'indépendance de l'abbaye à l'égard de l’évêque de Soissons. Elle ordonne que même si celui-ci, ou l'un de ses successeurs, obtenait des lettres du Saint-Siège, les religieux de Compiègne ne seront point tenus de les reconnaître pour juges. Il en résulte que les évêques de Soissons ne pourront exercer sur le monastère, ni une juridiction propre, ni une juridiction même empruntée. Sur ce fondement, le pape déclare nulle une sentence d'excommunication, prononcée par l'évêque de Soissons, contre des prêtres et des clercs soumis à la juridiction de Saint-Corneille[70].

La riposte de l’évêque ne se fait pas attendre ; il crée trois nouvelles paroisses. Mais son pouvoir sur ces paroisses est limité par différents jugements. Des commissaires procèdent à une enquête en 1214. C'est là qu'on voit dans un grand détail quelle est la possession des abbés et religieux de Compiègne pour l'exercice de la juridiction. Tous les témoins y reconnaissent que l'abbaye a toute la juridiction sur les clercs et sur la ville de Compiègne. Ils attestent qu'elle en est en possession publique et immémoriale, jusqu'à prononcer des interdits auxquels tous les prêtres obéissent. Ils prennent l’huile des malades, des abbés et religieux. On ne reçoit point de prédicateurs dans les paroisses que sur ordre de l'abbé. Par ces traits, et par d'autres répandus dans l'enquête, il est donc facile de juger de l'étendue de la juridiction de l'abbaye Saint-Corneille[71].

LE DÉCLIN

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L'abbaye de saint Louis à la Renaissance (1226-1492)

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La chapelle Saint-Corneille (1264)

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La chapelle Saint-Corneille (1264).

Sur le versant droit de la montagne des Beaux-Monts, à la jonction de la route de Morpigny et du carrefour du Gouverneur et au pied du sentier pittoresquement appelé de Marie-Jeanne Deux-Liards, dans un des plus jolis sites que l'on puisse rêver, s'élève, au cœur de la forêt de Compiègne, un poste forestier, dépendance de l'abbaye de Saint-Corneille.

C'est, en effet, en 1264, dans une des dernières années du règne du roi saint Louis, qu'est fondé ce domaine. C'est un clerc du nom de Thibaud de Romigny qui, voulant de ses biens faire une bonne œuvre, dit la naïve chronique du temps y établit une chapellenie sous la juridiction de l'abbaye de Saint-Corneille, et sur le territoire qui en dépend y fait construire une chapelle qui est placée sous le patronage de l'abbé Jean de Mérincourt. Il consacre deux cent quarante livres parisis à l'acquisition des rentes nécessaires à cet établissement, et donne à cet effet, aux religieux les revenus qu'il perçoit tant sur la mairie que sur le territoire de Gury[72].

Les pèlerins et les voyageurs sont reçus comme dans un hospice. En 1515, au début du règne de François Ier, ce monarque, ami fervent du plaisir et protecteur des lettres, mais assez sceptique en matière de religion vient néanmoins bénir et consacrer la chapelle de Saint-Corneille. Ce même roi, vers 1539, convertit tout l'édifice en une vénerie. On y ajoute un pavillon, des écuries, une grange et une clôture de grosses murailles.

Ce souverain fait don plus tard, à l'abbé, de tous ces accroissements. On y célèbre la messe tous les dimanches pour les gardes de la forêt. Cet usage qui s'y perpétue jusqu'en 1779, est transféré, à cette époque, à la Faisanderie.

Du temps de saint Louis

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Vierge au pied d’argent, offerte par saint Louis à l'abbaye.

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Louis IX, l’Hôtel-Dieu Saint-Nicolas et les moines.

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Jeanne à Compiègne.

La situation à l’intérieur de l’abbaye ne s’améliore pas. Les différents papes excommunient certains moines qui ne pensent qu'à s'enrichir, mais doivent finalement fermer les yeux. Les papes doivent même faire libérer des moines emprisonnés par les autorités locales. Toutefois les éternelles rivalités de pouvoir dans le Comté de Valois sont certainement plus à l’origine de ce qui est à l'époque un abus de pouvoir que les débauches de certains moines. D'ailleurs, un bref du 18 octobre 1259 du pape Alexandre IV, donne commission à l'abbé de Saint-Médard de Soissons, sur les plaintes portées par l'abbé et les religieux de Saint-Corneille de Compiègne. Il s'agit de sanctionner les maire et jurés de cette ville, qui arrêtent les clercs et les incarcèrent, au mépris et au préjudice de la juridiction de l'abbé, malgré la défense faite aux laïcs de s'arroger aucun pouvoir sur les clercs. Il enjoint aux maire et jurés de Compiègne de renoncer à ce procédé et les contraint par les censures ecclésiastiques à se renfermer dans la limite de leurs pouvoirs avec précaution de ne point comprendre l'université de la ville dans l'interdit, sans un mandat spécial de sa sainteté.

Le nouveau roi, saint Louis (1214 - 1270), fait des dons importants à l’abbaye, mais le processus d'aliénation du domaine royal s'achève sous saint Louis.

Les temps changent. À Compiègne, seules la grande salle et la tour de l'ancien palais sont conservées comme siège et symbole de l'administration militaire et féodale. Les grandes assemblées doivent désormais se tenir à l'abbaye Saint-Corneille. C'est au XIIe siècle que commence les travaux de la chapelle d'axe, qui s'ouvre sur le déambulatoire et la chapelle du chœur. En 1267, on procède à la translation solennelle des cendres des rois[73].

Saint Louis meurt. Une châsse, contenant des reliques du roi, est apportée de Paris à l’abbaye Saint-Denis. Après l'office du matin, les religieux de l'abbaye, assistés du patriarche d'Antioche, transportent l'antique châsse, où se trouvent renfermés des os du saint roi. L'abbé de Saint-Corneille de Compiègne, Philippe de Châtillon est à leurs côtés.

La succession des abbés se fait la plupart du temps après leur décès. En 1277, une procuration est donnée par le sire de Ribécourt et par le couvent de Saint-Corneille de Compiègne, à deux moines de cette abbaye, pour obtenir du roi la permission d'élire un abbé en remplacement de défunt Pierre de Braine[74]. Cette année-là un nouveau concile se tient dans l’abbaye.

À nouveau, les relations entre les différents pouvoirs ecclésiastiques restent tendues. Une lettre circulaire du 5 juin 1283 de Pierre, abbé de Saint-Corneille et de la communauté, adressée aux prieurs, sous-prieurs, etc., de l'abbaye Saint-Médard, à Soissons, auxquels il est enjoint, en vertu de la soumission immédiate de l'église de Compiègne, d'avoir à sommer l'évêque de Soissons de retirer la défense qu'il a faite aux maire et jurés de Compiègne, de remettre à l'abbé, suivant l'ancien usage, les clercs qu'ils auront fait arrêter dans la ville. Faute de quoi ledit évêque de Soissons sera suspendu par l'abbé et même excommunié s'il persiste dans sa résolution[75].

Les moines ont de plus en plus des conflits avec les bourgeois de Compiègne. Des lettres du roi Philippe le Hardi, de janvier 1283, desquelles il résulte que le roi ayant accordé aux abbé et religieux de Saint-Corneille de Compiègne durant une année, la levée d'un droit qu'on appelle coutume. Cette coutume est perçue jusqu'ici par les maire et jurés de ladite ville, ceux-ci en obtiennent la continuation à la charge de rendre à l'abbaye Saint-Corneille une somme pour la reconstruction d'un pont, objet pour lequel cette coutume avait été accordée aux religieux. Le roi ne veut pas au surplus que cette concession faite aux maire et aux jurés porte aucun préjudice aux droits de l'abbaye et donne un nouveau titre aux maires et aux jurés[76].

En mars 1292, c’est un arrêt du Parlement de Paris, interprétatif d'un autre arrêt du mois de juin 1291, en faveur des abbé et religieux du monastère de Saint-Corneille de Compiègne, contre les maire et jurés de ladite ville. Cette interprétation roule sur les articles suivants :

  • sur le prix des valeurs et des objets volés ;
  • sur la taille que les religieux lèvent dans la ville, sur les droits qu'ils ont d'enlever portes et fenêtres pour taille non payée ;
  • sur les cours ou rues de la ville ;
  • sur les acquisitions dans le tréfonds de l'abbaye, etc.

En 1301 et en 1304, Robert de Courtenay-Champignelles, archevêque de Reims (1299-1324) célèbre deux conciles en cette abbaye. Guillaume de Trie, son successeur, assemble, en 1329, un autre concile à Compiègne, contre ceux qui s’opposent aux libertés des églises.

Charles V édifie, vers 1370, ce qui deviendra le château de Compiègne. Il achète le terrain en 1374 aux religieux de Saint-Corneille, à qui Charles le Chauve l'a vendu. Il fait abattre les maisons qui s'y trouvent et les travaux ne sont pas terminés lorsque Charles V meurt en 1380.

La Cour remet au Parlement de Paris le jugement sur les stalles et sur la division des prévôtés et le bailli de Senlis dans une autre affaire tranche lui-aussi en faveur des abbés. Il est vrai que l’abbaye est toujours l’objet de la prédilection des rois de France. D'ailleurs, quand Jean de France (1398-1417) meurt empoisonné en 1417, il est inhumé en l’église abbatiale.

Toutefois à Compiègne le choix du roi qu’il faut soutenir n’est pas évident pendant la Guerre de Cent Ans. La cité est dans le territoire qui est occupé par le roi Henri V d'Angleterre. Certains Compiègnois choisissent de soutenir ce souverain et ses successeurs. C'est le cas de Jean Dacier, abbé de Saint-Corneille de Compiègne en 1431, licencié en droit, ex-aumônier du pape Martin V. En effet, au procès officiel de Jeanne d'Arc, en 1431, il se retrouve seul étranger à la province au milieu des chefs d'abbayes normandes. Mais, il n'assiste qu'à la séance du 9 mai, et n'est pas consulté sur le jugement à porter[77]. Il est invité par Cauchon, et assiste, dans la grosse tour du château de Rouen, à l'émouvante séance de la présentation à la torture[78]. Cela lui vaut néanmoins, quelques années plus tard, en guise de représailles, d'être dépouillé de son temporel par Charles VII. Mais, quand il meurt le 4 mai 1437, c'est après avoir assisté au concile de Bâle, comme représentant des abbés de la province rémoise.

À la fin du Moyen Âge, l’on peut encore écrire : les institutions canoniales du nord, quelque importantes qu'elles soient, sont éclipsées par la fameuse abbaye Saint-Corneille[79]. La Renaissance va voir les moines conserver leurs privilèges et accueillir des rois vivants ou défunts, sans jamais retrouver leur rôle du temps des Carolingiens.

L’abbaye à la Renaissance

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L'abbé Jacques Amyot.

Des lettres par lesquelles François Ier, à la demande des religieux de Saint-Corneille et des habitants de Compiègne, rétablit dans cette ville la foire de la Mi-Carême, en décembre 1531 donnent l’illusion d’une réconciliation entre les bourgeois et les moines. Mais les problèmes demeurent.

Les religieux au XVIe siècle, perdent le droit d'élire leurs abbés. Ils ont d'abord des cardinaux pour commendataires, puis les ecclésiastiques compiègnois sont remplacés par de grands seigneurs avides de bénéfices. C’est le funeste règne du régime de la commende.

Louis de Bourbon-Vendôme, troisième fils de François de Bourbon-Vendôme et de Marie de Luxembourg (1462-1546), cardinal et seigneur de Condé en est le meilleur exemple. Et un Jacques Amyot (1513-1593), s'il n’est pas un membre de l’aristocratie, est l’ancien précepteur des fils d'Henri II. Cet évêque d'Auxerre, érudit spécialisé dans les études grecques devient abbé de Saint-Corneille, grâce à l’un de ses pupilles Charles IX. Son frère, Henri III, le fait nommer Grand aumônier, en 1561. Le roi présente pour l'abbaye Saint-Corneille de Compiègne Jacques Amyot, son grand aumônier, auquel et l'église catholique et le roi doivent tant. Il a travaillé à défendre l'autorité de la foi catholique en France, il a conservé chez le roi la piété et la religion[80].

Le roi Henri III doit renoncer à tenir à Compiègne les états généraux de 1576[81], mais c'est à Saint-Corneille que son corps est transporté pour y être inhumé après son assassinat en 1589[82].

Quand les ligueurs sont battus à Senlis par les Compiègnois, ceux-ci ramènent les drapeaux des vaincus à l’abbaye[83]. Au siècle suivant, les derniers Capétiens vont confier l’abbaye aux Bénédictins de la congrégation de Saint-Maur et réunir en 1658 sa mense à celle de l'abbaye royale du Val-de-Grâce, à Paris.

La congrégation de Saint-Maur et la renaissance catholique

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Bibliothèque Saint-Corneille.

Les bénédictins de la congrégation de Saint-Maur occupent l'abbaye Saint-Corneille depuis l'an 1626[84]. Parmi les membres de la congrégation de Saint-Maur, un Compiègnois, Dom Pierre Coustant (1654-1721), est l’auteur d'une étude complète des lettres des papes Clément Ier à Innocent III et meurt à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, le 18 octobre 1721, abbaye dont il devient le doyen.

En 1609, les minimes occupent l'ancien prieuré Saint-Pierre, tandis qu'en 1611 les capucins s'installent près de Saint-Germain. En 1634, les bénédictines de Saint-Jean-aux-Bois viennent occuper le monastère de Royallieu. Trois communautés féminines apparaissent ensuite au coeur de la ville: les carmélites en 1641, la congrégation Notre-Dame en 1645 (qui partira pour Versailles en 1771), puis la Visitation Sainte-Marie en 1649. Les jésuites prennent la direction du collège en 1653. Plus tard, à partir de 1767, les soeurs de Genlis, prenant le relais des "filles pieuses", se dévouent auprès des malades de l'hôpital général à partir de 1767. Les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul gèrent les charités de Saint-Jacques et de Saint-Antoine et partagent l'enseignement des filles avec la Sainte-Famille, arrivée en 1779. Les frères des Ecoles chrétiennes s'installent en 1772. Dans le sillage du savant abbé Marc Antoine Hersan (1649-1724), qui avait déjà fondé une école de garçons, modèle pour son temps. Rois et reines ne manquent jamais d'apporter leur soutien au clergé compiègnois. Ainsi Anne d'Autriche permet-elle l'installation des carmélites. A sa demande, celles-ci sont en effet abritées quelques années au château. Son aide reste décisive pour la congrégation Notre-Dame et les visitandines, mal accueillies par la population, inquiète de la multiplication des communautés religieuses en pleine ville[85].

La fin du titre abbatial (1658)

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Simon Legras, abbé de Saint-Corneille, évêque de Soissons.

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Derrière cette prison de l’abbaye, nous pouvons voir des bâtiments la Tour de la monnaie et de l’abbaye (à gauche).

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Arrêt du conseil d'Etat qui déboute les abbesse et religieuses de l'abbaye du Val-de-Grâce et les religieux de l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne, co-seigneurs hauts-justiciers de la prévôté de Saint-Corneille, de leur opposition à l'arrêt du 11 mai 1784.

En 1656, Simon Legras, évêque de Soissons, qui a eu l'honneur de sacrer Louis XIV en l'absence de l'archevêque de Reims, et qui vient d'être pourvu de cette abbaye, meurt. La reine Anne d'Autriche (1601-1666) fait éteindre le titre abbatial, et réunit en 1658 la mense à l'abbaye royale du Val-de-Grâce à Paris. Tout ne se passe pas très bien. Il existe un Mémoire en faveur des religieuses de l'abbaye royale du Val-de-Grâce de Paris pour réclamer leurs droits seigneuriaux dans l'abbaye Saint-Corneille de Compiègne[86]. Dom Galopin, religieux de Saint-Corneille de Compiègne, et curé du Crucifix, porte plainte contre les religieuses du Val-de-Grâce, desquelles il réclame une portion congrue[87].

La juridiction épiscopale, sur une grande partie de la ville, est cédée à l'évêque de Soissons, par transaction, à condition que le grand Prieur de Saint-Corneille soit son seul grand Vicaire dans toute la ville, dont la justice est partagée entre le Roi et l'abbaye.

Les tensions avec les évêques de Soissons ne cessent pas du temps des religieuses. En 1674, une transaction entre un de ces évêques et l'abbaye Saint-Corneille de Compiègne touche sur la juridiction de la ville. Les prérogatives séculaires de l’abbaye sont en partie supprimées. Elle résiste toutefois et elle prend en charge le collège de Compiègne à partir de 1772. Mais, elle doit défendre ses biens même contre les officiers des eaux et forêts de la maîtrise particulière, qui outrepassent leurs droits. Il existe un Factum où les abbesses et religieuses du Val du Grâce, et les religieux de l'abbaye Saint-Corneille de Compiègne, sont demandeurs devant les tribunaux contre eux.

Mais elles ne veulent pas payer de taxes : Sûr la Requête présentée au Roi en son Conseil, par les Abbesse, Prieure & Religieuses de l'Abbaye Royale de Notre-Dame du Val de Grace à Paris, à laquelle est unie la mense Abbatiale de Saint-Corneille de Compiègne, contenant qu'elles sont poursuivies pour le paiement de diverses sommes auxquelles elles sont taxées par les Diocèses de Paris & de Soissons; savoir, par celui de Paris pour une somme de 100 livres pour le don gratuit de quatre millions de livres accordé à Sa Majesté par l'Assemblée-Générale du Clergé de France, tenue à Saint Germain-en-Laye, au mois de Juillet 1695; & encore pour la somme de 50 livres de mérite annuelle imposée en ladite année 1695, dont commandement a été fait aux Suppliantes, le 2 Avril 1696, à la requête du sieur Vattebois, Receveur des décimes du Diocèse de Paris, de payer 150 livres savoir, 15 livres pour deux termes de ladite somme de 1oo livres, & 25 livres taisant moitié des dites 50 livres de rente annuelle, payable en deux termes égaux, à quoi elles sont taxées pour leur part de la rente de six millions faisant partie de dix millions de livres accordés à Sa Majesté par ladite Assemblée Générale: & au Diocèse de Soissons, les Suppliantes sont taxées pour ladite Abbaye de Saint-Corneille de Compiègne, à la somme de 600 livres de rente annuelle, qui est pour chacun des termes de Février & Octobre, 300 livres pour fa part des arrérages de 46289 livres dix sols empruntés par ledit Diocèse de Soissons, & k quoi il a été taxé pour fa part des deux millions de livres ordonnés être imposés ou empruntés par les Diocèses, aux quatre termes de 1696 & 1697, & qui font partie desdits dix millions de livres du don gratuit, dont le commandement a été fait aux Suppliantes, le 20 Mars 1696, à la requère du sieur Levêque, Receveur des décimes du Diocèse de Soissons, de payer; laquelle imposition annuelle de 600 livres est exorbitante, eu égard au revenu de ladite Abbaye, qui est toujours surchargée par ce Diocèse , parce qu'il sait que Sa Majesté a la bonté de décharger les Suppliantes de toutes les impositions ordinaires & extraordinaires qui sont faites fut ladite Abbaye de Saint-Corneille, laquelle en demeure déchargée envers ledit Diocèse, & lui envers Sa Majesté; & ainsi il profite de la grace qui est faite aux Suppliantes, qui ne e plaignent pas saris raison de la surtaxe qui leur est faite pat le Diocèse de Soissons : car; pour la connoitre il ne faut que réfléchir & jetter les yeux fur la taxe qui est faite par le Diocèse de Soissons fur Saint - Corneille , & fur celle faite pat le Diocèse de Paris , qui sont bien différentes l'une de l'autre , quoiqu'elles aient un même privilège, qui est le paiement desdits dix millions de livres...[88].

Néanmoins, l’oraison funèbre de monseigneur le duc d'Orléans, Philippe de France (1640-1701), frère unique de Louis XIV, est prononcée dans l'église de l'abbaye Saint-Corneille de Compiègne, en 1701[89]. L’abbaye royale Saint-Corneille est toujours célèbre et puissante au XVIIIe siècle. Au dire du connaisseur qu’est Dom Pierre Nicolas Grenier, à la veille de la Révolution, la bibliothèque de l’abbaye Saint-Corneille de Compiègne est encore l’une des plus riches de province en manuscrits. C’est de la Picardie dont il parle, non de l’ensemble des provinces françaises, bien entendu… [90]. On conserve entre autres dans la bibliothèque de Saint-Corneille de Compiègne des traductions de Jules César, de Salluste et de Lucain, par un anonyme du XIVe[91].

Lors des fêtes pour le rétablissement et la convalescence de Louis XV, en 1744, tout commence par un Te deum solennel à l’abbaye[92]. Une Oraison funèbre de Monseigneur le Dauphin est prononcée en l'église de l'abbaye royale de Saint-Corneille de Compiègne, le 25 janvier 1766[93].

Au XVIIIe siècle à Compiègne, la justice civile et criminelle appartient par moitié au lieutenant du bailli de Senlis ] pour le roi, et au prévôt de la juridiction des dames du Val-de-Grâce de Paris, pour les droits de l'abbé de Saint-Corneille[94]. L’un de ses prévôts est très longtemps un Compiégnois, Louis Mottet de La Motte, qui est aussi baron fieffé de Saint-Corneille et officier de la vénerie royale. Il loge au château de Compiègne, mais exerce ses pouvoirs aussi à Paris. Son beau-père, neveu de Dom Pierre Coustant est gouverneur attorney de Compiègne, mais il est également bailli général des douanes du Val de Grâce.

Arrêt du conseil d'Etat qui déboute les abbesse et religieuses de l'abbaye du Val-de-Grâce et les religieux de l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne, co-seigneurs hauts-justiciers de la prévôté de Saint-Corneille, de leur opposition à l'arrêt du 11 mai 1784].

Au moment de la révolution française, l’abbaye offre à la piété chrétienne les reliques du grand évêque de Carthage renfermées dans une splendide châsse d'argent; une tempête politique détruit l'antique abbaye et disperse les pieux trésors qu'elle possédait[95].

De la profanation à la destruction de l’abbaye (1793-1822)

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L'abbaye Saint-Corneille au XVIIIe siècle.

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L'abbaye en ruines.

L’abbaye Saint-Corneille est classée bien national en 1791 en même que celle du Val de Grâce[96]. De nombreux acquéreurs achètent les bâtiments pour en faire des entrepôts. Quelques moines quittent la ville. Les autres se cachent. Mais, les dénonciations sont très rares et l’offensive anti-catholique est le fait d’une poignée de Compiègnois, aidés par les militaires stationnés dans la ville. D'ailleurs, en mai 1793, la municipalité s’associe encore à la Fête-Dieu[97].

À Compiègne, le conventionnel en mission, André Dumont (1764 - 1838) est à l’origine de la fermeture des églises et de leur pillage, offensive à laquelle se rallie servilement les autorités locales[98]. Il est vrai que le passage de Collot d’Herbois et Isoré s’est traduit dans le district par 72 arrestations. Parmi eux, figurent onze ecclésiastiques, dont plusieurs anciens moines et des élus révolutionnaires modérés.

Le 10 août 1793, les sans-culottes de Compiègne envahissent l'abbaye Saint-Corneille et la pillent. Les corps des rois sont dispersés et leurs statues brûlées. Pendant cette profanation de tombes ils font connaître le même sort aux restes de seigneurs et ecclésiastiques reposant dans l’église de l’abbaye. C’est le cas aussi de ceux du prévôt et baron Louis Mottet de La Motte, grand-père d'Agathe de Rambaud qui a élevé le Dauphin de sa naissance à 1792[99] et père de Benoît Mottet de La Fontaine, gouverneur des Indes françaises.

Assez bizarrement, un autre de ses fils, François Mottet (1728 - 1808), est administrateur en l'an II, puis président du district de Compiègne en nivôse an III. Il tient alors un rôle de premier plan particulièrement pendant la crise frumentaire de l'automne hiver 1794-95[100].

Le Premier Consul signe le décret qui ordonne la destruction de l’abbaye Saint-Corneille, mais l’édifice n’est détruit qu’en 1822[101]. Sur leur emplacement on perce une rue et on élève un magasin militaire de fourrages. Les bâtiments encore debout de l’abbaye seront presque complètement brûlés en 1940 du fait d'un bombardement de la Luftwaffe[102].

Des vastes bâtiments rebâtis à l'époque gothique, il ne subsiste plus que le cloître, restauré dans son état du XIVe siècle et quelques éléments de clocher et d'avant-nef. Il est possible d'apercevoir un pan de mur de l'abbaye avec aux gargouilles à partir de la place du Marché aux herbes. Ces vestiges accueillent l'une des bibliothèques municipales, qui conserve dans sa réserve précieuse quelques ouvrages venant de l’abbaye.

LA VIE DE L'ABBAYE DE SAINT-CORNEILLE

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Richesse et puissance de l’abbaye

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Aas23

Diptyque.

Diptyque consulaire de Theodorus Philoxenus Sotericus, Consul en 525 à Constantinople, en ivoire d'éléphant, avec monture en métal doré, estampé, France, XIIIe siècle, réutilisé comme plat de reliure d'un manuscrit de l’abbaye Saint-Corneille de Compiègne[103].

Distinguée par l'étendue de ses possessions territoriales, l'abbaye Saint-Corneille se signale encore par la richesse des ornements et des châsses précieuses de son église Sa juridiction est reconnue comme épiscopale et s'étend sur un grand nombre d'églises. Outre le droit de seigneurie et de justice que l'abbaye Saint-Corneille a dans la ville de Compiègne[104] et dans la vallée de l'Oise, elle possède aussi de riches terres, des fiefs et des seigneuries. Les donations, tant en villages qu’en dîmes, se répartissent dans le Tardenois, dans le Beauvaisis, en Amiénois, en Boulonnais, en Soissonnais, en Laonnois et jusque dans les Ardennes et en Bourgogne[105]. Mais, au fil des siècles, la plupart des biens sont aliénés par suite des guerres, ou de l'incurie des abbés, ou de l'avarice des vassaux.

L’abbaye Saint-Corneille peut-elle constituer une seigneurie (le fait qu’elle détient de nombreux fiefs et des hommes liges est étranger à la question) ? À première vue, il peut sembler étrange que les nombreuses donations royales à partir de sa fondation en 877 aient eu pour effet de donner à l’abbé la qualité de vassal d’un roi de France, son suzerain. Pourtant dom Gillisson et Carolus Barré n’hésitent pas à parler de seigneurie pour Saint-Corneille, ensuite pour Saint-Clément. Le critère de la seigneurie est de bénéficier de prérogatives régaliennes. Or l’abbaye percevait un tonlieu, en 917, et exerce la prévôté et par conséquent la justice à l’intérieur de ses limites, en 1048, sans parler d’un four banal un moulin, des fourches patibulaires. La réponse peut donc être positive[106].

Les rois Carolingiens interviennent constamment pour défendre les biens de l’abbaye Saint-Corneille de Compiègne. C’est le cas avec Louis IV dit d'Outremer, à peine couronné. Malgré cela, Rothard, évêque de Meaux, dès 936, garde des biens contestés et devient sire de Coudun. Néanmoins, la protection faible, mais constante des souverains assure aux chanoines, puis aux abbés, une puissance durable dans la moyenne vallée de l’Oise et à Compiègne.

La juridiction de l'abbé et des religieux de Saint-Corneille est solennellement confirmée en 1199, non seulement par le suffrage des juges choisis, mais encore par l'évêque de Soissons lui-même. Cette juridiction ne s'étend pas seulement sur le monastère, mais encore sur tout le territoire de Compiègne, tant pour les églises qui sont déjà bâties, que pour celles qui le seront. On n'excepte uniquement que les églises paroissiales, pour ce qui a rapport au soin des âmes. Cette transaction passée en 1199, est d'autant plus solennelle, qu'elle est confirmée en particulier par une Bulle pontificale d'Innocent III (1160 - 1216)[107].

Son architecture

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La chapelle palatine d’Aix-la-Chapelle.

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Église de la Basse-oeuvre de Beauvais date de la même époque que le Ire abbaye de Saint-Corneille.

L’abbaye se trouve entre la future place de l’hôtel de ville, la rue des Bonnetiers et celle des Clochettes, la place du Change et la future rue de l’Étoile.

Le plan de l’église fondée par Charles le Chauve est-il octogonal, comme le décrit Jean Scot Erigène, à l’image de la Chapelle palatine d’Aix-la-Chapelle ? Pour Vieillard-Troïekouroff, Charles le Simple, lors de la restauration de l’église, fait adjoindre une nef basilicale à l’octogone avec des cryptes et un atrium.

Charles III le Simple ceint Saint-Corneille d’un mur et d’un fossé. Compiègne est très certainement pourvue d’un castellum dès 917.

L'abbaye est détruite ou incendiée plusieurs fois. L’abbaye Saint-Corneille brûle de nouveau en 1300, et est rebâtie cent ans après. L'architecte évolue en fonction de ces différentes reconstructions et agrandissements à des périodes différentes. Louis de Bourbon-Vendôme, abbé de Saint-Corneille, par exemple, restaure l’église et la dote d’un somptueux portail en 1516[108].

Du fait de ces remaniements à différentes époques, l’abbaye Saint-Corneille telle qu’elle apparaît sur les gravures n’a plus grand-chose à voir avec l’abbaye fondée par Charles le Chauve. L’art monumental carolingien, la forme typique des basiliques romaines, ne se retrouve plus dans l’Oise qu’au niveau de l’église paroissiale Notre-Dame-de-la-Basse-Œuvre de Beauvais. Pour nous faire une idée des premiers édifices, il convient d'imaginer cette église, au sein d'un ensemble de bâtiments datant de cette époque. Néanmoins on devine la magnificence de Saint-Corneille même en observant les images tardives de ses différents édifices.

Un ancien sarcophage sert de baptistère dans l'église de Saint-Corneille de Compiègne; on y fait depuis plusieurs bénédictions de l'eau aux veilles des fêtes de Pâques et de la Pentecôte. C'est certainement le tombeau d'un païen. Il a cinq pieds huit pouces de long dans la partie supérieure, cinq pieds quatre pouces dans la partie inférieure et trois pieds moins un pouce de large. L'intérieur a quatre pouces de moins; ces quatre pouces forment son épaisseur dans le haut. Sa hauteur a aussi deux pouces et quelque petite chose avec, moins que sa largeur. Il est orné de cannelures en spirales qu'on nomme Gaudron. On voit par-devant et par-derrière deux têtes qui paraissent être des têtes de Mercure à cause des deux ailes qui partent du front. On ignore d'où vient ce tombeau[109].

Les reliques

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Saint Corneille.

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Saint Cyprien.

Selon Le Martyrologe d'Adon, Charles le Chauve fait apporter les restes de saint Cyprien, qui sont en dépôt dans l'église de Lyon, et le corps de saint Corneille. Il fait venir aussi de la chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle toutes les reliques et les autres présents que Charlemagne, son aïeul, y a mis, et entre autres le Saint-Suaire de notre Seigneur[110].

Charles III le Simple, en 916 fait transporter à Attigny des reliques de sainte Walburge et y fonde une chapelle desservie par douze chanoines. Son intention est que cette chapelle soit soumise à l’abbaye Saint-Corneille de Compiègne.

Dans une charte de Philippe Ier de France (1052-1108), nous apprenons que ce prince fait mettre le Saint-Suaire et les autres reliques de Jésus-Christ, que Charles le Chauve a données à l'église de Saint-Corneille, dans une châsse d'or enrichie de pierres précieuses données par la reine Mathilde d'Angleterre ; au lieu qu'auparavant elles sont gardées dans un vase d'ivoire[111].

Parmi les reliques, se trouvent trois voiles de la Sainte Vierge, ou peut-être un seul voile, dont il est fait trois parties à peu près égales, l’une reste à Aix. Les deux autres sont données à la cathédrale de Chartres et à l’abbaye de Compiègne, où elles vont être l’objet de la vénération des habitants. Jusqu’à la Révolution, le « Voile de la Vierge » est vénéré dans le coffret du piédestal d’une statue d’argent représentant la Sainte Vierge tenant l’Enfant Jésus sur le bras gauche et un sceptre fleur de lysé à la main droite. Lors du pillage de Saint-Corneille, en 1792, tous les reliquaires sont violés et confisqués. Les reliques recueillies par de pieuses personnes sont portées au curé de l'église Saint-Jacques qui les met en lieu sûr[112].

Saint-Corneille attire les pèlerins par ses reliques, en particulier le Saint-Suaire et le voile de la Vierge.

Voltaire, dans son Dictionnaire Philosophique, pense que l'abbaye Saint-Corneille possède un saint Prépuce :

Les chrétiens ont, depuis longtemps, la circoncision en horreur; cependant les catholiques se vantent de posséder le prépuce de notre Sauveur; il est à Rome dans l’église de Saint Jean de Latran, la première qu’on ait bâtie dans cette capitale; il est aussi à Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne; dans Anvers; dans l’abbaye Saint-Corneille à Compiègne; à Notre-Dame-de-la-Colombe, dans le diocèse de Chartres; dans la cathédrale du Puy-en-Velai ; et dans plusieurs autres lieux[113].

Mais Voltaire se trompe, car la relique qui est conservée au monastère Saint-Corneille, de son temps, n'est que le couteau qui a parait-il servi lors de la circoncision de Jésus[114].

Les huit barons fieffés

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Compiègne.

Guillaume de Flogny, deuxième abbé de Saint-Corneille, obtient du roi Louis le Jeune, au Xe siècle,l’établissement de huit fiefs, qui sont dotés de revenus et donnés à des seigneurs chargés de défendre les intérêts de l’abbaye, de garder les abbés et de les accompagner dans les cérémonies officielles. Autorisés par les capitulaires de Charlemagne, désignés dans les chartes sous les noms de feodati, casati, etc., ces fieffés ont un costume spécial et prennent presque partout le titre de baron et quelquefois celui de pair[115]. Les huit fieffés de Saint-Corneille sont obligés de paraître effectivement à l'abbaye avec des dalmatiques ou habits bigarrés, qu'on peut regarder comme la livrée de l’abbaye[116].

En 1220, la sentence arbitrale de l'abbé d'Ourscamp conserve aux religieux le droit d'exercer toutes les fonctions curiales à l'égard de leurs domestiques, et même des huit fieffés, et autres sujets de l'abbaye, qui étant regardés comme dans une dépendance singulière du monastère, demeurent exempts de la juridiction de l'évêque de Soissons et des curés de Compiègne. C'est ce qui formera jusqu'à la Révolution une cure exempte dans l'intérieur de l'abbaye, appelée la cure du Crucifix[117].

Ces vassaux, ces huit barons ou grands fieffés existent encore en 1789 et sont toujours les jours de fêtes solennelles obligés de se tenir en costume au pied de l'autel[118]. Le comte Coustant d’Yanville, dans son étude sur Dom François Coustant et les fêtes célébrées à Compiègne en 1744, nous parle du beau-frère de ce prieur de l'abbaye, Nicolas Mottet de La Motte, prévôt et baron fieffé[119].

Le cimetière

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Les moines et leurs proches sont certainement enterrés dans ou autour de l’église Saint-Corneille à cette période, mais le cimetière n’est signalé que sur le plan de Chandellier.

SAINT-CLÉMENT ET SAINT-MAURICE

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Outre la paroisse du Crucifix, les collégiales Saint-Clément et Saint-Maurice dépendent de l’abbaye Saint-Corneille.

En 909, Frédérune fonde, à Compiègne, une collégiale placée sous l'invocation de Saint-Clément. Elle a sans doute ses droits seigneuriaux et par suite son tribunal[120]. En 1198, un accord est signé fait entre l'église de Saint-Corneille et celle de Saint-Clément de Compiègne[121]. Le chapitre de Saint-Clément est soumis à celui de Saint-Corneille par décisions royales, même si cela est parfois contesté par les évêques de Soissons.

ABBÉS DE SAINT CORNEILLE

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Blason de l’abbaye Saint-Corneille.

Pour terminer, l’abbé Merlette relève les noms de quelques personnages dont il a retrouvé la trace dans les actes. Le premier dignitaire est le prévôt (prepositus) : c’est d’abord Hédénulfe, qui deviendra évêque de Laon; puis Canelon, qui donnera son nom au Mont-Canelon ; puis Rothard, qui deviendra évêque de Meaux. On connaît aussi le chantre Fulbert.

Liste des abbés de Saint-Corneille de Compiègne au diocèse de Soissons (à compléter) :

Saint-Corneille est gouvernée par des prieurs et des doyens, jusqu'au XIIe siècle. Le pape Eugène III et Louis le Jeune leur substituent des moines; ceux-ci sont pris dans l'abbaye de Saint-Denys[122].

DESTINATION ACTUELLE

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Ancienne abbaye de Saint-Corneille.

L'ancienne abbaye Saint-Corneille abrite l'une des trois bibliothèques municipales depuis 1959.

Les bâtiments, qui incluent les vestiges classés de l'abbaye et des édifices modernes, sont fermés pour travaux, agrandissement et restauration en 2005. La nouvelle bibliothèque est inaugurée le 15 décembre 2007.

Le cloître du XIIIe siècle est classé monument historique le 26 octobre 1964 en même temps que les restes du clocher.

Les sous-sols du bâtiment, dit de l'ancien réfectoire, sont  inscrits monument historique le 28 septembre 1944[126].

NOTES ET RÉFÉRENCES

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  1. COMPIÈGNE DU VIe À LA FIN DU XIe SIÈCLE.
  2. COMPIÈGNE DU VIe À LA FIN DU XIe SIÈCLE.
  3. Revue de l'art chrétien, Volume 3, Société de Saint-Jean, St. Augustin, Desclée, De Brouwer et Cie, 1859.
  4. COMPIÈGNE DU VIe À LA FIN DU XIe SIÈCLE.
  5. COMPIÈGNE DU VIe À LA FIN DU XIe SIÈCLE.
  6. COMPIÈGNE DU VIe À LA FIN DU XIe SIÈCLE.
  7. Voir début de l'article
  8. Bernard MERLETTE Compiègne capitale carolingienne et la basilique Sainte-MarieMan4QJNqFQzzi_fkEQBWxQAgdSFAe44l0hHRBS&sig=AHIEtbTVLzdZS-CjswN7f_zuoI4ft0AqNQ Abbé Bernard MERLETTE Compiègne capitale carolingienne et la basilique Sainte-Marie
  9. Bernard MERLETTE Compiègne capitale carolingienne et la basilique Sainte-MarieMan4QJNqFQzzi_fkEQBWxQAgdSFAe44l0hHRBS&sig=AHIEtbTVLzdZS-CjswN7f_zuoI4ft0AqNQ Abbé Bernard MERLETTE Compiègne capitale carolingienne et la basilique Sainte-Marie
  10. Dictionnaire historique, critique, chronologique, géographique et littéral de la Bible, par ... Augustin Calmet ... p.225.
  11. Procès-verbaux, rapports et communications diverses, de Société historique de Compiègne, 1934-36, p.2.
  12. COMPIÈGNE DU VIe À LA FIN DU XIe SIÈCLE.
  13. L'abbaye Saint-Corneille, Sources et travaux, par Georges-Pierre Woimant
  14. Bernard MERLETTE Compiègne capitale carolingienne et la basilique Sainte-MarieMan4QJNqFQzzi_fkEQBWxQAgdSFAe44l0hHRBS&sig=AHIEtbTVLzdZS-CjswN7f_zuoI4ft0AqNQ Abbé Bernard MERLETTE Compiègne capitale carolingienne et la basilique Sainte-Marie
  15. COMPIÈGNE DU VIe À LA FIN DU XIe SIÈCLE.
  16. Arrivée des reliques du Saint Signe, de saint Corneille et de saint Cyprien (vers 875)
  17. Grand livre des saints: culte et iconographie en Occident, Jacques Baudoin, EDITIONS CREER, 2006.
  18. L'abbaye Saint-Corneille, Sources et travaux, par Georges-Pierre Woimant
  19. Revue de l'art chrétien, Volume 3, Société de Saint-Jean, St. Augustin, Desclée, De Brouwer et Cie, 1859.
  20. Jacques Langellé, Histoire du S. Suaire de Compiegne, Paris, Coignard, 1684
  21. Émile Morel, Le Saint suaire de Saint-Corneille de Compiègne, Compiègne, Progrès de l'Oise, 1904.
  22. Œuvres complètes de Cochin, avocat au Parlement de Paris, p.252.
  23. Bernard MERLETTE Compiègne capitale carolingienne et la basilique Sainte-MarieMan4QJNqFQzzi_fkEQBWxQAgdSFAe44l0hHRBS&sig=AHIEtbTVLzdZS-CjswN7f_zuoI4ft0AqNQ Abbé Bernard MERLETTE Compiègne capitale carolingienne et la basilique Sainte-Marie
  24. Volume 143 de Encyclopédie théologique: ou Série de dictionnaires sur toutes les parties de la science religieuse, Jacques-Paul Migne, Chez l'éditeur, 1859, p.420.
  25. Bernard MERLETTE Compiègne capitale carolingienne et la basilique Sainte-MarieMan4QJNqFQzzi_fkEQBWxQAgdSFAe44l0hHRBS&sig=AHIEtbTVLzdZS-CjswN7f_zuoI4ft0AqNQ Abbé Bernard MERLETTE Compiègne capitale carolingienne et la basilique Sainte-Marie
  26. Bernard MERLETTE Compiègne capitale carolingienne et la basilique Sainte-MarieMan4QJNqFQzzi_fkEQBWxQAgdSFAe44l0hHRBS&sig=AHIEtbTVLzdZS-CjswN7f_zuoI4ft0AqNQ Abbé Bernard MERLETTE Compiègne capitale carolingienne et la basilique Sainte-Marie
  27. Souvenirs historiques des résidences royal de France: Château de Compiègne, Volume 7 de Souvenirs historiques des résidences royal de France, J. Vatout, Saint-Esteben, Victor Arthur Rousseau de Beauplan, Vict Herbic, Firmin Didot frères et cie, 1837.
  28. Souvenirs historiques des résidences royal de France: Château de Compiègne, Volume 7 de Souvenirs historiques des résidences royales de France, J. Vatout, Saint-Esteben, Victor Arthur Rousseau de Beauplan, Vict Herbic, Firmin Didot frères et cie, 1837.
  29. Dictionnaire d'ascétisme…, par les abbés J.-C. G. et J.-C. P. T. 2, contenant en outre Le traité de la perfection du chrétien, par le cardinal de Richelieu. Les secrets de la vie spirituelle, qui en découvrent les illusions, par le R.P. François Guilloré, Paris : J.-P. Migne, 1854, p.1192.
  30. Duby, Monnaie des barons et des prélats, tome II, p.247.
  31. Plans modernes de 1509 et de 1567.
  32. Précis statistique sur le canton de Compiègne, arrondissement de Compiègne (Oise), Louis Graves 1850.
  33. L’Oise, De la préhistoire à nos jours, Bordesoules, p.119.
  34. Histoire de saint Augustin, par M. Poujoulat… Sixième édition, p.XXXI.
  35. COMPIÈGNE DU VIe À LA FIN DU XIe SIÈCLE.
  36. Souvenirs historiques des résidences royales de France: Château de Compiègne, Volume 7 de Souvenirs historiques des résidences royales de France, J. Vatout, Saint-Esteben, Victor Arthur Rousseau de Beauplan, Vict Herbic, Firmin Didot frères et cie, 1837.
  37. Encyclopédie théologique, ou Série de dictionnaires sur toutes les parties de la science religieuse, abbé Migne… p.420.
  38. Revue de l'art chrétien, Société de Saint-Jean, p.549.
  39. Eudes: Fondateur de la dynastie capétienne, Souverains et souveraines de France, Ivan Gobry, Pygmalion 2012.
  40. L'abbaye Saint-Corneille, Sources et travaux, par Georges-Pierre Woimant
  41. Histoire de France illustrée depuis les origines jusqu'à la révolution - Page 410, de Ernest Lavisse - 1911 et Collection de textes pour servir à l'étude et à l'enseignement de l'histoire - Page 26, 1925.
  42. Histoire de Compiègne, Édition des Beffrois, 1988, p.55.
  43. Alain Erlande-Brandenburg, Étude sur les funérailles, les sépultures des rois de France jusqu’à la fin du XIIIe siècle, Genève-Paris, Droz, 1975.
  44. Volume 3 de Cartulaire de l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne, Cartulaire de l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne, Volume 1192 de Harvard Western European local history preservation microfilm project, Abbaye de Saint-Corneille de Compiègne, Émile Morel, Louis Carolus-Barré, Société historique de Compiègne, Nouvelles Editions Latines, 1904.
  45. Précis statistique sur le canton de Compiègne, arrondissement de Compiègne (Oise), Louis Graves 1850.
  46. Histoire de Compiègne, Édition des Beffrois, 1988, p.55.
  47. Précis statistique sur le canton de Compiègne, arrondissement de Compiègne (Oise), Louis Graves 1850.
  48. C'est-à-dire un archevêque assurant un rôle de coordination entre les évêques des diocèses.
  49. Moreri, Grand dictionnaire historique, p.871.
  50. Le Cabinet historique, de Louis Paris, p.167.
  51. Précis statistique sur le canton de Compiègne, arrondissement de Compiègne (Oise), Louis Graves 1850.
  52. Souvenirs historiques des résidences royales de France: Château de Compiègne, Volume 7 de Souvenirs historiques des résidences royales de France, J. Vatout, Saint-Esteben, Victor Arthur Rousseau de Beauplan, Vict Herbic, Firmin Didot frères et cie, 1837.
  53. Histoire de Compiègne, Édition des Beffrois, 1988, p.54.
  54. Le comté de Valois, ou, si on aime mieux, de Crépy, ne contient guère que ce qui forme plus tard l'arrondissement des deux châtellenies de la Ferté-Milon et de Crépy, tandis que le pays de Valois, dans le sens général, comprend aussi les deux bailliages de Senlis et de Compiègne. Histoire physique, civile et morale des environs de Paris depuis les…, p.56.
  55. Le Cabinet historique, de Louis Paris, p.168.
  56. Histoire de Compiègne, Édition des Beffrois, 1988, p.54.
  57. Œuvres complètes de Cochin, avocat au Parlement de Paris, p.256.
  58. Précis statistique sur le canton de Compiègne, arrondissement de Compiègne (Oise), Louis Graves 1850.
  59. Les environs de Paris, Histoire, monuments, paysages. Versailles…, p.260.
  60. COMPIÈGNE DU VIe À LA FIN DU XIe SIÈCLE.
  61. Souvenirs historiques des résidences royales de France: Château de Compiègne, Volume 7 de Souvenirs historiques des résidences royales de France, J. Vatout, Saint-Esteben, Victor Arthur Rousseau de Beauplan, Vict Herbic, Firmin Didot frères et cie, 1837.
  62. Histoire de Compiègne, Édition des Beffrois, 1988, p.57.
  63. Histoire de saint Augustin, par M. Poujoulat… Sixième édition, p.XXXII.
  64. Alain Erlande-Brandenburg, Étude sur les funérailles, les sépultures des rois de France jusqu’à la fin du XIIIe siècle, Genève-Paris, Droz, 1975.
  65. Œuvres complètes de Cochin, avocat au Parlement de Paris, p.258.
  66. Encyclopédie théologique, ou Série de dictionnaires sur toutes les parties de la science religieuse, pub. par M. l'abbé Migne… , p.420.
  67. Histoire de Compiègne, Édition des Beffrois, 1988, p.57.
  68. Le Cabinet historique, de Louis Paris, p.169.
  69. Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, p.570 et les suivantes.
  70. Œuvres complètes de Cochin, avocat au Parlement de Paris, p.260.
  71. Œuvres complètes de Cochin, avocat au Parlement de Paris, p.262.
  72. Histoire du poste & du domaine forestier de Saint-Corneille (forêt de Compiègne), Lambin, Paul (Société historique de Compiègne), E. Levéziel impr. (Compiègne) 1902.
  73. Alain Erlande-Brandenburg, Étude sur les funérailles, les sépultures des rois de France jusqu’à la fin du XIIIe siècle, Genève-Paris, Droz, 1975.
  74. Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, p.574.
  75. Cab. de Ch., CC. 231 cité par Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, p.575.
  76. Cab. des Ch., CC. 231, cité par Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, p.575.
  77. La vraie Jeanne d'Arc… de Jean Baptiste Joseph Ayroles, p.13.
  78. Procès de condamnation, les abbés normands.
  79. Revue de l'art chrétien, de Société de Saint-Jean, p.549.
  80. Lettres du Cardinal Charles de Lorraire: 1525-1574, Volume 319 de Travaux d'humanisme et Renaissance, 319, Charles de Guise, Daniel Cuisiat, Librairie Droz, 1998.
  81. Ils ont lieu en définitive à Blois.
  82. Le corps d'Henri III est transféré à la basilique de Saint-Denis en 1610.
  83. Le Logis abbatial de Saint-Corneille, baron de Bonnault, Société Historique de Compiègne, B. XV 133.
  84. Dictionnaire historique, critique, chronologique, géographique et littéral de la Bible, par Augustin Calmet… p.225.
  85. LES GRANDES HEURES DE COMPIÈGNE (L'Express).
  86. Imprimé, Paris, P. Simon. Fol. 18, Le Cabinet historique moniteur des bibliothèques et des archives, de Louis Paris, p.53.
  87. Paris, Vincent. Fol. 198-239, Le Cabinet historique moniteur des bibliothèques et des archives, de Louis Paris, p.53.
  88. Collection des procès-verbaux des Assemblées-générales du Clergé de France depuis l'année 1560 jusqu'à présent: rédigés par ordre de matières, et réduits à ce qu'ils ont d'essentiel, Volume 6, Collection des procès-verbaux des Assemblées-générales du Clergé de France depuis l'année 1560 jusqu'à présent: rédigés par ordre de matières, et réduits à ce qu'ils ont d'essentiel, Desprez, 1774.
  89. Biographie universelle ou dictionnaire historique des hommes qui se sont fait un nom par leur génie, leurs talents, leurs vertus, leurs erreurs ou leurs crimes., 4, GAL-JUV, par F.X. de Feller, p.130.
  90. Les saisies révolutionnaires et les manuscrits provenant des abbayes compiégnoises, autres que Saint-Corneille, par l’abbé Bernard Merlette.
  91. Introduction à l'histoire générale de la province de Picardie, de Pierre Nicolas Grenier; Charles Dufour; Jacques Garnier, p.49.
  92. Bulletin de la Société historique de Compiègne, 1875, comte Coustant d’Yanville, Dom François Coustant et les fêtes célébrées à Compiègne en 1744, p. 375.
  93. Bulletin de la Société historique de Compiègne - page 199, 1875.
  94. État de la France en 1789, de Paul Boiteau d'Ambly, Dieudonné Alexandre Paul Boiteau, Paul Boiteau… p.302.
  95. Histoire de saint Augustin, par M. Poujoulat… sixième édition, p.XXXII.
  96. Répertoire numérique de la Série Q. Biens nationaux, de Archives, Oise (France). Archives départementales, p.39.
  97. Histoire de Compiègne, Édition des Beffrois, 1988, p.173.
  98. Histoire de Compiègne, Édition des Beffrois, 1988, p.173.
  99. Guy de Rambaud, Pour l’amour du Dauphin.
  100. J. Bernet, secrétaire de la Société d'histoire moderne et contemporaine de Compiègne, maître de conférences en histoire moderne à l'université de Valenciennes.
  101. Le Logis abbatial de Saint-Corneille, baron de Bonnault, Société Historique de Compiègne, B. XV 133.
  102. Les monuments détruits de l'art français, histoire du vandalisme, de Louis Réau, p.317.
  103. Bibliothèque Nationale de France, Département des Monnaies, Médailles et Antiques.
  104. Archives historiques et ecclésiastiques de la Picardie et de l'Artois, de Paul André p.209.
  105. Histoire de Compiègne, Édition des Beffrois, 1988, p.45.
  106. Les armes et les couleurs de Compiègne (nouvelle approche), Communication de Maître Jean-Claude Brault, le samedi 7 mai 2005.
  107. Œuvres complètes de Cochin, avocat au Parlement de Paris, p.261.
  108. Les étapes d'un touriste en France : promenades et excursions dans les environs de Paris. Région du Nord, par Alexis Martin, Martin, Alexis (1834-…), p.516.
  109. Introduction à l'histoire générale de la province de Picardie, de Pierre Nicolas Grenier; Charles Dufour; Jacques Garnier, p.240.
  110. Description historique de la ville de Paris et de ses environs, par feu M. Piganiol de la Force. Nouvelle édition, p.146 et Histoire de saint Augustin, par M. Poujoulat… Sixième édition, p.XXXI.
  111. Description historique de la ville de Paris et de ses environs, par feu M. Piganiol de la Force. - Nouvelle édition, p.147.
  112. le « Voile de la Vierge »
  113. Article "Prépuce" du Dictionnaire Philosophique
  114. Collin de Plancy, Dictionnaire critique, II, p.49.
  115. Bulletin de la Société historique de Compiègne, 1875, comte Coustant d’Yanville, Dom François Coustant et les fêtes célébrées à Compiègne en 1744, p. 378 et 380.
  116. Encyclopédie théologique, ou Série de dictionnaires sur toutes les parties de la science religieuse, pub. par M. l'abbé Migne… p.420.
  117. Oeuvres complètes de Cochin, avocat au Parlement de Paris, p.262.
  118. Revue de l'art chrétien, de Société de Saint-Jean, p.549.
  119. L'hôtel du Mess et également Les hommes illustres du département de l'Oise.
  120. Collection des poètes de Champagne antérieurs au XVIe.
  121. P. 633. Cb. CDXVIl., cité par Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, p.618.
  122. Traité des monnaies des barons ou représentation et explication de toutes les monnoies d'or, d'argent, de billon & de cuivre, qu'ont fait frapper les possesseurs de grands fiefs, pairs, évêques, abbés, chapitres, villes & autres seigneurs de France ; pour servir de complément aux monumens historiques de la France en général, & de chacune de ses provinces en particulier. Tome premier, Pierre-Ancher Tobiés en Duby, imprimerie royale, 1790.
  123. Un tableau, précieux par le nom du grand maître qui l'a composé (Léonard de Vinci), représente l'ouverture de la châsse où Philippe Ier En en 1092, il a fait déposer le Saint-Suaire. François Ierer préside à cette cérémonie, accompagné du cardinal de Bourbon, abbé de Saint-Corneille, des princes et d'une foule de grands seigneurs. Ce bel ouvrage est placé au-dessus des fonts baptismaux de l'église de Saint-Corneille. (Cambry, Description de l'Oise.)
  124. Lettres du Cardinal Charles de Lorraire: 1525-1574, Volume 319 de Travaux d'humanisme et Renaissance, 319, Charles de Guise, Daniel Cuisiat, Librairie Droz, 1998.
  125. Lettres du Cardinal Charles de Lorraire: 1525-1574, Volume 319 de Travaux d'humanisme et Renaissance, 319, Charles de Guise, Daniel Cuisiat, Librairie Droz, 1998.
  126. Base Mérimée.


Bibliographie

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  • Calmet Augustin, Dictionnaire historique, critique, chronologique, géographique et littéral de la Bible
  • Caplain Albert, L'abbaye Saint-Corneille de Compiègne, Sa restauration, Imprimerie de Compiègne (Oise). 1930
  • Collectif, Histoire de Compiègne, Édition des Beffrois, 1988
  • Graya, Louis de, escuyer, sieur de Treville, Les huit Barons Fïeffez de l'Abbaye royalle de Saint-Corneille de Compiègne, leur institution, leur noblesse et leur antiquité, Noyon, 1686. Contient des choses curieuses et intéressantes sur l'origine des fiefs et sur l'inféodation. À la fin on trouve un catalogue des abbés de Saint-Corneille.
  • Lavisse, Ernest Histoire de France illustrée depuis les origines jusqu'à la révolution, 1911
  • Abbé de Migne, Encyclopédie théologique, ou Série de dictionnaires sur toutes les parties de la science religieuse
  • Morel (Chanoine) et Louis Carolus-Barré, Cartulaire de l'abbaye Saint-Corneille de Compiegne T III
  • Émile Morel, Le Saint suaire de Saint-Corneille de Compiègne, 1904
  • Société historique de Compiègne, Procès-verbaux, rapports et communications diverses, 1934-1936
  • Société de Saint-Jean, Revue de l'art chrétien.


Liens externes

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